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Les origines du raisin de table au Québec (suite): L'Hybridation de la vigne

L’HYBRIDATION:

 

Nous poursuivons ici notre chapitre sur les origines du raisin de table au Québec. 

Intéressons-nous aujourd'hui, à une étape cruciale du développement de la viticulture qui débuta, aux États-Unis, vers la fin du 19ème siècle, et sans laquelle nous n’aurions jamais pu, au Québec en 2017, jouir du plaisir de faire pousser de nombreux cépages aux goûts divers et exquis, et  parfaitement rustiques, c’est à dire adaptés aux climats nord-américains.

 

Dans notre dernière publication, nous avions vu que l'extrême rudesse du climat Québécois avait rendu la culture de la vigne quasi-inexistante depuis l’arrivée des premiers colons, et jusqu’à très récemment, malgré moults tentatives, soit, “d’apprivoiser” la vigne sauvage locale (Vitis Riparia), présente sur le territoire Québécois, soit, de planter des plants venus d’Europe, Vitis Vinifera. La vigne sauvage existante ne donnait qu’un raisin de piètre qualité (petits grains très acides), et les cépages venus d’Europe, amenés par les colons, ne résistaient en aucun cas, ni aux rudes hivers Québécois, ni aux maladies. La viticulture québécoise fut donc mise de côté pendant de très longues années, et ce, jusqu’à très récemment, quand l’arrivée de nouveaux cépages en provenance des États-Unis (et quelques-uns du Canada)et développés par un processus biologique qui s'appelle “hybridation”, est venue révolutionner le monde de la viticulture dans les régions à climats froids.

 

Qu’est ce que l’hybridation?

 

On appelle «hybride» une variété de vigne obtenue par le croisement entre différentes variétés, effectué en fécondant les fleurs d’une variété A choisie pour ses caractéristiques intrinsèques, par le pollen des fleurs d’une variété B, également choisie pour certaines de ses caractéristiques propres.

Le but de l’hybridation est de développer une vigne unique améliorée, combinant les meilleurs traits des deux parents soigneusement choisis. Une nouvelle variété provient ainsi d'une seule graine. On multiplie par la suite indéfiniment cette nouvelle variété par bouturage, ce qui garantit la transmission du patrimoine génétique obtenu.
Comme toutes les vignes sont propagées à partir de boutures et non, cultivées à partir de graines, une seule vigne avec de bonnes caractéristiques peut facilement être transformée en beaucoup plus de vignes ayant toutes les mêmes gènes, et donc, les mêmes caractéristiques. 
Cependant, l
’hybridation est une science inexacte et expérimentale qui requiert beaucoup de patience ainsi qu'un engagement à long terme.
 

Hybr.jpg
© University of Minnesota/traduit de l’anglais par Vignes Chez Soi

 

En pratique, il s’agit de féconder les ovules contenus dans l’organe reproducteur féminin -le pistil- de la fleur de vigne d’un certain cépage A, par le pollen qui se trouve aux extrémités des organes reproducteurs masculins -les étamines- d’une autre espèce de vigne B. On prélève donc ce pollen et on l’applique manuellement sur les ovules de l’espèce A.

PollenBrush2.jpg


Hybrideur appliquant manuellement le pollen sur les ovule du parent désigné femelle

© Cornell University

 

Une fois fécondés, les ovules donnent naissance aux fruits. Par la suite, on en prélève les pépins, lesquels sont les graines qui contiennent les caractéristiques génétiques des deux parents. Ces graines seront mises en dormance pour, plus tard, en optimiser la germination. Les pépins seront alors plantés dans un terreau, duquel ils germeront et se développeront jusqu’à devenir des jeunes plants de vignes. Ces plants seront alors transplantés dans un vignoble. Il leur faudra ensuite plusieurs années avant que la vigne ne puisse produire des fleurs, essentielles à la reproduction, et donc à la naissance des fruits tant attendus.

 

Pour pouvoir effectuer une hybridation, il faut empêcher toute auto-fécondation de la fleur. On procède, pour cela, à la castration des étamines -organes reproducteurs mâle dans lesquels se forment le pollen- des fleurs du parent désigné comme femelle, en en retirant manuellement les anthères -partie supérieure fertile de l’étamine- afin d'éviter une auto-fécondation au sein même de la fleur.
 

Une fois les anthères retirées, on pourra procéder à l’hybridation en déposant du pollen mûr préalablement prélevé sur le parent mâle choisi, sur le pistil de la fleur du parent femelle. La graine hybride qui en résultera portera l'information génétique des caractères des deux parents.

 

GrapevineCastration.jpg

Exemple d’hybrideur «castrant» toutes les fleurs de la vigne designée comme étant la femelle

©wikipedia

 

Lorsqu’un nouveau cépage est créé par hybridation, la route sera encore longue avant que l’on puisse le multiplier puis le propager. 

Une fois les étapes de fécondation puis de germination réalisées, les premiers plants sont plantés dans le vignoble. Il faudra dès lors attendre plusieurs années de croissance de la vigne pour que celle-ci soit suffisamment mature pour pouvoir donner des fruits. C'est seulement à ce stade, qu'il sera possible d’en évaluer les caractéristiques -goût, avec ou sans pépins, grains juteux ou à chair ferme…- et finalement de pouvoir conclure si ce croisement est digne d'intérêt, et s'il est intéressant d'approfondir les recherches ou non. 
Si le cépage est jugé digne d'intérêt, il sera alors implanté dans différents environnements, afin d’en tester la rusticité, sa faculté à résister aux maladies, le type de palissage idéal pour l’optimisation de sa croissance et de sa production etc…

 

Les espèces de vignes sauvages que l'on trouve dans la nature, se sont propagées à partir de plants qui furent les produits de croisements hasardeux entre les vignes. Pour l'anecdote, s'il est extrêment rare qu'une hybridation spontanée donne une variété intéressante, le cépage Québécois Roland issue d'une telle hybridation spontanée, fut un de ces heureux succès!
Le processus d'hybridation controllée, va un peu plus loin, en contrôlant la pollinisation et en choisissant les variétés qui agissent en tant que parents pour la production de graines. Les parents doivent être soigneusement choisis en fonction des traits souhaités dans la descendance, et ce qui pourrait déjà être connu sur la capacité d'un parent à communiquer les traits souhaités à sa descendance.

 

Comme nous venons de le voir, le processus d’hybridation est long et incertain et requiert rigueur, passion et détermination pour qui se lance dans l’aventure.


Dans notre prochain chapitre, nous verrons quelles ont été les figures marquantes et déterminantes du monde de l’hybridation de la vigne en Amérique du Nord; les pionniers qui ont ouverts la voie et grâce auxquels nous bénéficions, aujourd’hui, de cépages de qualités exceptionnelles et résistants aux très grands froids.

Des cépages variés, surprenants et uniques dont nous vous parlerons avec enthousiasme
et entrain très prochainement!...

Lire le billet précédent                                                                                                                      Lire le billet suivant



 

Photo#1: tous droits réservés


Remerciements particuliers à Claude Gelineau (professeur en culture légumières et fruitières à l'Institut de Technologie Agroalimentaire de La Pocatière. Il travaille sur le raisin de table depuis 2006) pour sa relecture, ses précieuses suggestions et ses précisions apportées au texte.

Remerciements également pour sa relecture à Alain Breault président de Viticultrue A&M spécialiste de la production de plants de vignes adaptés au climat des terroirs québécois.

Sources consultées:

 

Site internet de l’Université de Cornell:

https://hort.cals.cornell.edu/ et http://www.hort.cornell.edu/reisch/grapegenetics/grapeinfo.html

http://www.hort.cornell.edu/reisch/grapegenetics/breeding/crossing1.html


 

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Date de publication : 21 février 2017

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