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La hausse du salaire minimum à 12$, existe-t-il des solutions?





Au mois de mai, les champs de fraises sont parsemés de petites fleurs blanches, ce qui signifie que le début de la saison de production approche à grands pas. Avec l’hiver que nous avons traversé, les plants de fraises ont bien été protégés par l’accumulation de neige et la saison s’annonce bonne. Toutefois, cette année, un autre défi auquel les producteurs de fraises et de framboises québécois auront à faire fasse est la hausse du salaire minimum à 12$/heure, soit une augmentation de 0,75$.

Même si cette augmentation peut sembler minime pour plusieurs, pour les producteurs de petits fruits, la situation est tout autre. Ce secteur est marqué par une faible possibilité de mécanisation des travaux au champ et une quantité de tâches pré-récolte importante comparativement à d’autres productions, ce qui fait en sorte que le pourcentage du coût de production qui équivaut à la main-d’œuvre avoisine les 55% (Rapport Forest Lavoie Conseil, 2017). Ça, ça veut dire que pour une boîte de fraises de 4,6 kg qui coûte 17$ à produire en moyenne, son coût de production passe à 17,65$, sans compter l’augmentation du prix des autres intrants qui est causée non seulement par l’inflation, mais aussi par l’augmentation du coût de main-d’œuvre.

Cette augmentation du coût de revient est très difficilement transposable sur le consommateur, qui a l’embarra du choix en ce qui a trait à l’achat des petits fruits. Les produits québécois, souvent placés, en épicerie, à côté de ceux des géants comme la Californie et la Floride, doivent demeurer à des prix compétitifs pour ne pas perdre de parts de marché. Les producteurs devront donc trouver d’autres moyens pour minimiser l’impact de la hausse du salaire. Une des solutions est d’augmenter le rendement et l’efficacité des travailleurs en stimulant leur motivation.

Comme les tâches effectuées par les travailleurs au champ sont répétitives et demandent peu de réflexion, les travailleurs n’ont pas ou très peu de motivation intrinsèque reliée à leur travail. C’est d’ailleurs pourquoi on dit qu’il s’agit d’un travail de « manœuvre » agricole. La motivation du travail doit donc être extrinsèque à tâche pour avoir une influence sur l’efficacité de la main-d’œuvre. À la ferme horticole Gagnon, producteur de fraises et de framboises situé en Mauricie, plusieurs techniques ont été mises en place pour augmenter la motivation des travailleurs.

D’abord, l’utilisation d’une application qui « scan » chaque boîte récoltée au champ par chaque cueilleur permet de connaître le rendement de tous les travailleurs en temps réel. Ces résultats, compilés à chaque jour, sont affichés dans un endroit où tous les travailleurs y ont accès. Les travailleurs, qui démontrent un réel intérêt envers ces résultats, laissent croire que cela a un réel impact sur leur motivation. Il en est de même pour la cote de qualité des fruits, qui, évalulée à tous les jours, est affichée à la fin de chaque journée (Voir image). 
Un exemple des résultats affichés


Sinon, un système de bonus, basé sur plusieurs critères, a été mis en place sur l’entreprise. Ce système, plus détaillé dans un prochain article, cause réellement une augmentation du rendement des cueilleurs. Même si cela engendre des frais pour l’entreprise, l’augmentation du rendement des travailleurs, qui diminue les charges salariales, compense l’arrivée de cette nouvelle dépense.

Enfin, une notion qui est importante et souvent sous-estimée sur les entreprises saisonnières, est le sentiment d’appartenance envers l’entreprise. Les travailleurs, souvent étrangers, ont tendance à se sentir loin de la réalité et des enjeux des entreprises pour lesquelles ils travaillent. En mettant en place des activités qui renforcent ce sentiment d’appartenance, comme par exemple des tournois sportifs ou des soirées avec le personnel, on augmente la motivation qu’ont les travailleurs à bien faire leur travail. Non seulement ces derniers prendront plus à cœur les tâches qu’ils effectuent, mais ils accorderont une importance à l’efficience de leur travail, ce qui, pour un propriétaire, est non négligeable. Après tout, ce sont les travailleurs qui sont au premier plan du travail à faire et, donc, les idées qu’ils ont pour améliorer le travail au champ sont précieuses.

Bref, pour les producteurs de fraises et framboises au Québec, il est temps d’accorder l’importance qu’ils méritent aux ouvriers et manœuvres agricoles. Les solutions existent, il suffit seulement de les adapter à chaque entreprise pour les mettre en place et l’approche de la nouvelle saison est un moment idéal pour le faire. Si les producteurs mettaient autant d’énergie à motiver leur main-d’œuvre qu’à négocier le prix de certains intrants qui ont un impact sur environ 5% de leur coût de production total, c’est l’industrie au grand complet qui en ressortirait gagnante.


Jasmine Sauvé
Gérante de ferme
Ferme horticole Gagnon
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Organisation : Ferme horticole Gagnon
Collaborateur(s) : Jasmine Sauvé
Date de publication : 28 mai 2018

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