Bovins du Québec, août 1999, p. 28

Encore des parasites!

Alain Villeneuve*

On connaît l'existence des parasites depuis notre tout jeune âge et on aimerait bien les voir disparaître. Quoi de plus désagréable que de se rendre compte que nos animaux ont des poux! Et la vue des varrons sous la peau de leur dos nous donne des frissons. Avec le temps, le bouche-à-oreille a probablement exagéré le tort causé par ces insectes à nos animaux, ou à l'inverse, à force d'en entendre parler, nous finissons par considérer leur présence comme anodine. Essayons donc de résumer nos connaissances sur le sujet.

Les poux

Tous les animaux ne sont pas égaux devant les poux. Certains vont réagir fortement, d'autres se laissent faire sans en être vraiment incommodés. Ce sont surtout les jeunes qui en sont affectés. Ils se frottent contre toutes sortes d'objets, se lèchent de façon excessive, deviennent nerveux, mangent mal, dorment mal, et peuvent maigrir. Il est possible de vérifier leur présence en écartant le poil au niveau du front et du cou ainsi qu'à la base de la queue, bien qu'on puisse en retrouver sur tout le corps s'ils sont en grands nombres. Ce sont de petits insectes plats sans ailes, de 2 à 4 mm de longueur, qui se déplacent habituellement peu dans le poil. Ils ont une couleur brun roux ou très foncée, selon le type de poux. Il peut être utile d'en détacher un de la peau et de le placer dans le creux de la main pour vérifier s'il bouge; ils ressemblent à s'y méprendre aux saletés de toutes sortes souvent présentes dans la fourrure des animaux.

En plus des poux, on peut également voir les œufs fixés aux poils. Ils atteignent 2 mm de longueur, se retrouvent parfois en grand nombre, ont une coloration blanchâtre et demeurent fixés jusqu'à la chute du poil. Chaque pou femelle pond une trentaine d'œufs et ne vit qu'un mois environ. Les jeunes poux éclosent en moins de deux semaines et ressemblent aux adultes, hormis leur taille plus petite. Ces parasites sont habituellement très nombreux à la fin de l'hiver tandis qu'à l'été, surtout chez les animaux qui vont dehors, leur faible nombre fait qu'ils passent inaperçus.

Il existe quatre espèces de poux chez les bovins. Selon l'espèce, ils se nourrissent de sang ou de débris de peau et se transmettent par contact d'un animal à l'autre. La propreté n'est jamais une garantie contre l'infestation de poux.

Les compagnies pharmaceutiques nous offrent toute une gamme de produits plus ou moins efficaces contre ces insectes : des poudres ou des liquides à verser sur le dos, à vaporiser, ou à injecter. Tous ces produits ne présentent pas la même efficacité. La plupart ne font que diminuer le nombre de poux sans détruire toute la population. Il serait même faux de prétendre qu'un produit disponible actuellement puisse détruire tous les poux chez tous les animaux, à chaque fois qu'on l'utilise. Pour obtenir un maximum d'efficacité du produit choisi, il faudra suivre à la lettre les indications de l'étiquette, entre autres, répéter le traitement après deux semaines, surtout pour les poudres et les liquides à vaporiser, calculer la dose le plus précisément possible en fonction du poids de chaque animal et traiter la même journée tous les animaux infectés en contact dans une étable. Votre vétérinaire saura vous donner les conseils appropriés selon votre situation.

Les varrons

Concernant les varrons, il demeure une grande part d'inconnu à leur sujet en dépit de leur côté spectaculaire. La majorité des gens ont déjà vu des bosses sur le dos des taures, des bosses bien évidentes mesurant jusqu'à 3 cm de diamètre et pourvues d'un trou bien visible en plein centre. À leur grande surprise, s'ils pèsent sur cette bosse, ils verront sortir une sorte de chenille mesurant jusqu'à 2 cm de longueur. Il s'agit en fait de la forme jeune d'un parasite portant le nom d'Hypoderma (qui signifie " sous la peau "). L'adulte est une grosse mouche ressemblant à un bourdon. Elle s'approche avec un bruit d'ailes parfaitement audible qui effraie l'animal. Elle accroche ses œufs aux poils des pattes et après une semaine d'incubation, une larve minuscule éclôt et pénètre la peau. Elle chemine ensuite sous la peau pendant des mois pour se rendre au niveau du dos tard à l'hiver. En début d'hiver, elle connaîtra une période de repos dans la paroi de l'œsophage ou dans le canal rachidien entourant la moelle épinière. Au printemps suivant, la larve agrandit le trou dans la peau et sort sur le dos de l'animal. Elle tombe sur le sol, forme un genre de cocon et se transforme rapidement en mouche adulte.

Ces parasites ne sont pas tout à fait inoffensifs. Au moment de la ponte, les animaux effrayés par le bourdonnement de la mouche s'enfuient et peuvent se blesser. Les bosses sur le dos peuvent s'infecter et former un abcès. À l'abattoir, le cuir est endommagé de façon permanente et l'incrustation des larves dans les muscles du dos oblige à un certain parage de la viande, ce qui représente un travail supplémentaire. Il est fortement recommandé de ne pas tenter de tuer ces larves en les écrasant sous la peau de l'animal. Même si c'est très rare, il est possible que l’animal soit allergique et fasse un choc allergique fatal.

Cette infection semble moins fréquente depuis quelques années. Néanmoins, son traitement se fait généralement à l'automne après les premières gelées, lorsque toutes les mouches sont mortes et qu'il ne reste que des larves chez l'animal. Le traitement du troupeau entier assurera un contrôle plus complet de l'infection. Plusieurs médicaments très efficaces peuvent être utilisés pour lutter contre ce parasite. Ceux-ci sont disponibles auprès de votre vétérinaire.

* D.M.V., Ph.D., Faculté de médecine vétérinaire

Conférence (adaptée) présentée au Congrès du bœuf 1998 organisé par le CPAQ inc., les 20 et 21 août 1998 à Laval.