Bovins du Québec,

L’ABC d’une bonne clôture électrique

Éric Boyer* et Mario Quévillon**

L’herbe des pâturages est sans aucun doute l’aliment le plus économique de la ration des bovins. Malheureusement, encore trop de producteurs contrôlent mal la surpaissance et la sous-paissance et se retrouvent avec des pénuries d’herbe en plein milieu de l’été. Un bon système de clôtures est donc nécessaire si l’on veut gérer convenablement nos pâturages et s’assurer d’un approvisionnement régulier d’herbe de qualité.

Qu’est-ce qu’une bonne clôture?

Une bonne clôture électrique est celle qui contrôle les animaux en leur donnant un choc court et vif mais non dangereux. Elle est alimentée par un puissant électrificateur qui distribue le courant uniformément sur de longues distances indépendamment du nombre de fils. De bons isolateurs permettent une impulsion maximum sur toute la longueur de la clôture et la puissance du système est assurée par une bonne mise à la terre.

Les composantes de la clôture

Les générateurs d’impulsion

Les générateurs d’impulsions (boîte électrique), ou électrificateurs, doivent être installés à l’abri, hors de la portée des enfants et dans un endroit sans risques d’endommagement mécanique ou incendiaire. Ils sont disponibles en plusieurs modèles et sont classés selon deux critères : l’importance du choc (mesuré en volts) et la capacité de maintenir un bon voltage sur une longue distance même lorsque l’herbe touche au fil (puissance de la boîte - mesurée en joules). On les différencie également par la provenance de la source du courant (110 ou 220 volts A.C.; pile 12 volts avec chargeur ou énergie solaire), par le réglage du voltage (sans réglage, fort, moyen, faible) et par le nombre de sorties : conventionnel ou bi-polaire. Un voltage minimal de 5 000 volts est recommandé si on veut que la clôture soit efficace lorsque le terrain est sec ou gelé.

La mise à la terre (ground)

Sans une bonne mise à la terre, il ne peut y avoir de choc électrique efficace même si la boîte électrique est très puissante. La mise à la terre doit être parfaite pour que l’impulsion complète le circuit et donne un choc efficace à l’animal. Un sol humide, qui conduit mieux le courant qu’un sol sec, est un meilleur endroit pour installer la mise à la terre. Habituellement, trois tiges métalliques d’une longueur de 2 m (6 pieds), plantées à 2 m de profondeur, espacées de 3 m (10 pieds) et reliées entre elles et la borne de la boîte sont recommandées (figure 1). Le système de mise à la terre de la clôture devrait être à au moins 15 m (50 pieds) des mises à la terre du réseau électrique ou téléphonique.

Le fil

Le fil qui transporte le courant peut être comparé à un boyau d’arrosage. Plus celui-ci est gros, plus il transporte d’eau (figure 2). Ainsi, un fil de 2,5 mm (jauge 12 ½) transportera trois fois plus de courant, trois fois plus loin qu’un fil de 1,6 mm (jauge 16). De plus, un fil plus gros casse moins facilement. Pour les clôtures permanentes, il est recommandé d’avoir un fil d’une grosseur minimale équivalente à 2,5 mm que l’on tendra à 150 lb avec un tendeur spécial placé au milieu de la clôture. Cette tension supplémentaire permet à la clôture de résister aux chutes de branches et autres avaries. L’hiver, si on ne garde pas d’animaux dans l’enclos, il est conseillé d’enlever la tension du fil.

Pour les clôtures temporaires ou les clôtures de rationnement, on utilisera un fil de 1,6 mm.

Le nombre de fils pour les clôtures permanentes peut varier selon les besoins : un fil électrifié est très efficace pour protéger les clôtures existantes en barbelés ou en broches carrelées, et deux à trois fils placés à 45 cm (18 pouces) et 90 cm (36 pouces) sont très efficaces pour garder les vaches et leurs veaux.

Les piquets

Les piquets pourront être en cèdre, en " Insultimber ", en plastique, en fibre de verre ou en métal (attention à la pose de l’isolateur pour ne pas créer de mise à la terre). Selon le relief, on pourra espacer les piquets de support (125 à 150 mm de diamètre (5 à 6 pouces)) jusqu’à 30 m (100 pieds) de distance. Des espaceurs ou des isolateurs sur piquets plantés peu profondément, placés à tous les 10 m (30 pieds), serviront à maintenir la distance entre les fils. À chaque extrémité, il est important, étant donné la tension dans les fils, de bien installer les poteaux de coin.

Les isolateurs

Les isolateurs sont nécessaires si on n'utilise pas de piquets isolants (" Insultimber ", plastique ou fibre de verre). Ils peuvent être en nylon, en polyéthylène, en fibre de verre, résistants aux rayons ultra-violets ou encore, en porcelaine. La porcelaine dure plus longtemps mais est par contre plus facile à casser. Les isolateurs fixés avec un clou central sont déconseillés à cause des risques de mise à la terre. Lors de la pose, il est souhaitable de laisser un peu de jeu pour que le fil puisse bouger dans l’encavure de l’isolateur lorsqu’il y a une force exercée par un animal ou par la chute d’une branche.

Les barrières

Si possible, installer les barrières dans un endroit plat et ferme et loin des pentes escarpées où il peut y avoir de l’érosion. Les barrières, composées le plus souvent d’un simple ressort ou d’un " polytape " fixé au bout d’une poignée, doivent être visibles. Pour mieux transmettre le courant et pour une question d’entretien, il est recommandé de passer le ou les fils sous tension et de retour sous terre et de les protéger dans un boyau isolant.

*directeur régional, Gallagher

**agr. et ing., MAPAQ Abitibi-Témiscamingue

Sources : Une bonne clôture, à la bonne place, au bon moment!, MAPAQ et Manuel sur la clôture électrique, Gallagher, 38 pages.