Bovins du Québec, décembre 2001-janvier 2002

La régie des veaux et la reproduction

Michael Howie

Dans une étude menée en 1997 pour son Système national de contrôle de la santé animale (SNCSA), le ministère de l’Agriculture des États-Unis a recueilli des données sur la régie, la morbidité et la mortalité des veaux, sur les techniques de reproduction et sur une foule d’autres facteurs de production, pour les besoins de son étude Beef 1997. L’étude a porté sur 85,7 % des vaches de boucherie des États-Unis (au 1er janvier 1997), et sur 77,6 % des exploitations déclarant des vaches de boucherie.

Naissance difficile

D’après l’étude, les veaux morts-nés ou morts à la naissance ont compté pour 4,3 % des veaux produits pour l’année 1996. De plus, la même année, près de 14 % des décès chez les veaux non sevrés résultaient des problèmes au moment du vêlage .

D’après le SNCSA, le veau qui connaît une naissance difficile, même s’il survit, prendra plus de temps pour se tenir debout et se nourrir. L’étude a aussi montré que le veau qui n’absorbe pas de colostrum immédiatement après la naissance est plus exposé aux problèmes tels que la diarrhée et la pneumonie, et qu’il risque de traîner derrière les autres durant toute la période passée en parc d’engraissement. Cela est dû à l’incidence plus grande des maladies et au taux de gain moins élevé chez ces veaux-là.

Température et saison de vêlage

La principale cause de décès chez les veaux est la température. L’éleveur pourrait donc choisir pour la saison du vêlage un moment de l’année où le risque de température extrême est moins élevé, ou encore mieux profiter des fourrages en modifiant la saison de vêlage de façon à la faire correspondre à la saison de végétation. Un tel changement permettrait en outre de mieux disperser les couples vache-veau au pâturage et ainsi réduire le risque de transmission des maladies dans le troupeau. Cette dispersion rapide réduirait la transmission des maladies digestives responsables de 14,5 % des décès chez les veaux.

Malheureusement, expliquent les gens du SNCSA, 53,6 % des éleveurs ne sont pas en mesure de changer leur saison de vêlage puisqu’ils n’ont pas de période de reproduction définie, laquelle permet de contrôler la durée du vêlage. Chez plus de 45 % des éleveurs, les naissances s’étalent sur plus de quatre mois. Si l’on pouvait écourter cette période, on pourrait du coup réduire le temps requis pour observer et assister le vêlage. " Le temps ainsi épargné permet à l’éleveur de donner aux femelles qui vêlent toute l’attention requise sans avoir à négliger les autres activités. "

LES TECHNIQUES DE REPRODUCTION

L’un des points les plus importants des entreprises vache-veau est la reproduction. Au dire du SNCSA, si les vaches ne deviennent pas gestantes et ne vêlent pas, alors le temps qu’elles passent dans la chaîne de production est gaspillé.

De nombreuses techniques ont été mises au point pour améliorer la reproduction dans le troupeau et rendre l’éleveur plus efficace. Toutefois, selon l’étude effectuée pour Beef 1997, beaucoup de ces techniques n’ont pas été adoptées par les éleveurs. Les exploitations plus grosses ont eu tendance à utiliser davantage les techniques de reproduction intensives qui étaient disponibles au moment de l’étude. De l’avis du SNCSA, cela peut être attribué en partie aux coûts indirects occasionnés par l’introduction d’une nouvelle technique dans les exploitations.

Utilisation des techniques

Seulement 34,5 % des éleveurs ont dit faire le test de gestation, et ce même si l’identification des vaches gestantes ou non saillies éclairerait leurs décisions pour la mise à la réforme. D’après le SNCSA, on pourrait vendre les vaches non gestantes au sevrage ou les nourrir de manière à conserver leur poids vif jusqu’à ce qu’un prix plus élevé en justifie la vente. On pourrait amener les vaches en gestation à leur condition physique optimale pour le vêlage et regrouper les vaches selon la durée de la gestation pour faciliter la surveillance au vêlage et la vaccination pré-vêlage.

Chez les éleveurs, la technique de reproduction la plus courante est l’évaluation de la semence. L’identification des taureaux fertiles peut aider à améliorer le rendement reproductif de même que la profitabilité. Il ne faut pas garder de taureaux peu fertiles qui rapportent moins que leur coût d’entretien, ajoute le SNCSA. En outre, le recours à des taureaux plus performants au plan de la reproduction permet d’accroître le rapport vaches/taureau, et ainsi de réduire le nombre de taureaux nécessaires pour les besoins de l’exploitation.

Insémination artificielle

Bien que l’insémination artificielle se soit révélée un bon moyen pour l’amélioration génétique du troupeau, seulement 13,3 % des exploitants ayant répondu à l’étude ont dit l’utiliser. Certes, précise le SNCSA, l’insémination entraîne des frais indirects, mais on peut très souvent recouvrer ces frais en réduisant ses coûts d’entretien des taureaux; c’est un avantage pour le petit exploitant dont le nombre de vaches ne justifie pas toujours la possession d’un taureau.

De l’avis du SNCSA, beaucoup d’éleveurs n’utilisent pas l’insémination artificielle à cause du temps qu’il faut consacrer pour détecter les chaleurs. La technique de la synchronisation de l’œstrus permet à l’éleveur d’accoupler les femelles en une période de temps plus courte sans avoir à constamment observer les chaleurs. Bien qu’il existe divers programmes de synchronisation de l’œstrus, seulement 11,9 % des exploitations se servent de l’un ou l’autre. Les raisons données pour ne pas utiliser l’insémination artificielle, ou toutes autres techniques.

Manque de temps

Le manque de temps ou de main-d’œuvre est l’une des principales raisons données pour ne pas utiliser une technique de reproduction. Selon le SNCSA, pour certains exploitants, l’intégration de quelques techniques reconnues dans leur régie procure des avantages qui dépassent les coûts. " Car ces techniques peuvent non seulement augmenter la profitabilité en améliorant la production, mais certaines peuvent aussi réduire les coûts. "

Parmi les plus petits producteurs, beaucoup n’ont pas adopté ces techniques de reproduction même s’ils en profiteraient plus que tout autre. L’insémination artificielle, par exemple, permet au petit producteur " d’être performant en produisant des veaux de grande qualité avec un minimum de dépenses additionnelles, conclut le SNCSA. "

Dans l’ensemble, estime le SNCSA, pour demeurer viable dans l’industrie bovine, l’exploitant doit examiner avec soin tous les choix offerts, notamment les techniques de reproduction.

Source : Feedstuffs, août 1998