Résultats du sondage sur la synchronisation de l'ovulation

Rien d’étonnant!

Pierre Desranleau* Desranleaup@ciaq.com

 

Après une année 1998 très favorable où la synchronisation de l’ovulation fut en bonne partie à l’origine de l’augmentation de 20 % du nombre de vaches de boucherie inséminées artificiellement, il devenait important pour nous de connaître le degré de satisfaction des éleveurs envers cette technologie. D’autant plus qu’il s’agit d’une première et que l’ampleur du phénomène le justifie : 5000 vaches inséminées à temps fixe chez 400 producteurs.

Un questionnaire fut donc remis à un groupe cible de 250 éleveurs ayant utilisé la méthode GnRH-PG-GnRH entre janvier et mai 1998. Grâce à la collaboration des inséminateurs, nous avons été en mesure de récupérer 65 % des copies du questionnaire dûment remplies et contenant des données sur 2000 vaches et taures de boucherie. L’information recueillie nous a ainsi permis de tracer un portrait des utilisateurs (tableau 1) et un bilan des résultats (tableau 2).

Pas question de " tourner les coins ronds "

Après compilation des données, nous obtenons un taux de vêlage global légèrement inférieur à 50 % avec une seule insémination. À première vue, ce résultat apparaît décevant. Après analyse, il aurait toutefois été surprenant qu’il fut supérieur considérant que trois recommandations de base ont été ignorées dans plusieurs cas. Ainsi, nous avons été en mesure de constater que 10 % des vaches avaient moins de 40 jours post-partum au début du protocole et que 25 % des taures n’avaient pas commencé leur cycle d'ovulation ou étaient âgées de moins de 14 mois. De plus, 46 % des éleveurs interrogés ont déclaré n’avoir fait aucune détection de chaleur entre les jours 4 et 7 du protocole, contrairement à ce qui était prescrit. Sans ces accrocs aux règles de base, il ne fait pas de doute que les résultats obtenus auraient été du même ordre que ceux qui ont prévalu lors d’essais expérimentaux dans des fermes commerciales en 1996, soit un taux de gestation de 60 à 65 % avec une seule insémination.

Réaliser l’impossible

De par sa nature extensive et du fait que l’éleveur doit souvent occuper un emploi extérieur, la production bovine a toujours représenté un défi de taille pour l’industrie de l’insémination artificielle. Toutefois, la forte augmentation du nombre de premières inséminations en 1998 est la preuve que la synchronisation de l’ovulation est actuellement le moyen tout désigné pour surmonter ces obstacles. Déjà, plusieurs entreprises y ont vu l’outil qui leur permettrait de faire une bonne place à l’IA dans leur programme d’élevage, ce qui leur avait toujours été impossible à réaliser ou, à tout le moins, leur était apparu comme une tâche contraignante. À cet effet, trois exemples me viennent à l’esprit. Il y a d’abord les gros troupeaux de l’Abitibi où l’on pratique l’élevage à l’extérieur toute l’année avec vêlages d’été au pâturage pour des raisons d’économie et de santé des veaux. Dans ces conditions, la synchronisation de l’ovulation vient grandement simplifier la pratique de l’IA. Elle permet de plus à certains éleveurs de cette région de limiter le nombre de taureaux nécessaires à un pour 150 femelles. Toute une économie lorsqu’on pense au nombre de reproducteurs dont on aurait besoin pour effectuer un tel nombre de saillies en deux ou trois jours!

Il y a aussi le cas des centres d’élevage de génisses de remplacement. Un tel centre existe notamment à Laterrière au Lac Saint-Jean. En mars et avril dernier, on y a soumis 25 taures d’élevage au traitement GnRH-PG-GnRH et 80 % ont été déclarées gestantes. Il y a finalement le cas des éleveurs à temps partiel, catégorie à laquelle appartient la majorité des producteurs québécois, dont mon collègue Michel Santerre qui, grâce à la synchronisation de l’ovulation, réussit à faire inséminer 50 à 60 % de son troupeau malgré sa disponibilité très limitée. En 1998, les 24 vaches inséminées à temps fixe lui ont procuré 18 veaux (75 % de réussite) dont plusieurs génisses au potentiel génétique élevé qui lui assureront une relève de qualité.

Une image à redorer, un marché à conquérir

L’expression " insémination à temps fixe " est encore très souvent associée à de faibles taux de réussite. Il est vrai que, dans le passé, cette mauvaise réputation s’est souvent avérée fondée. Cependant, depuis que l’on utilise la GnRH pour contrôler les vagues folliculaires et, conséquemment, le moment de l’ovulation, les données ont complètement changé. Suivie à la lettre, la méthode développée par Agriculture Canada permet d’atteindre un taux de conception similaire à celui de l’IA conventionnelle ou, même encore, à celui de la saillie naturelle. D’ailleurs, et contrairement à la croyance populaire, le taureau n’est pas infaillible à ce niveau. Loin de là. Car si tel était le cas, les saisons de vêlages ne dureraient que 21 jours et il n’y aurait pas de vaches non gestantes après une période d’accouplement de 60 jours. Grâce aux nouvelles possibilités offertes par la synchronisation de l’ovulation, qui sait si le 21e siècle ne verra pas les rôles se renverser et le taureau devenir le complément de l’IA?

* d.t.a. Activités de boucherie CIAQ

 

 

 

 

 

Tableau 1 Profil des répondants au sondage sur la synchronisation

de l’ovulation

 

69 % sont des éleveurs commerciaux

13 % sont des éleveurs de race pure

18 % possèdent les deux types

50 % des entreprises sont inscrites au PATBQ

33 % font analyser leurs fourrages et/ou suivent un programme alimentaire

36 % en étaient à leur première expérience avec l’I.A.

 

 

Tableau 2 Résultats obtenus par les répondants au sondage

sur la synchronisation de l’ovulation

 

Catégorie de femelles

 

Nombre de synchronisées

Nombre ayant vêlé de l’I.A.

 

Taux de réussite

Taures

431

211

49 %

Vaches

1567

727

46 %

Total

1998

938

47 %