Bovins du Québec, Avril 2000, page 50.

Reportage : race Salers

Une longue vie et beaucoup d’enfants

Isabelle Bérubé*

Gerald McGee est un homme convaincu : les Salers sont des vaches d’élevage à viande au potentiel exceptionnel. Elles ont un bon taux de croissance, sont très fécondes en plus de donner des veaux vigoureux. L’éleveur de Richmond se consacre à cette race depuis maintenant une vingtaine d’années. " J’étais convaincu du potentiel de la race dès la première année et je le suis encore aujourd’hui ", précise celui qui vante les qualités maternelles des Salers.

Des mères protectrices

Avant de consacrer son élevage à cette race, Gerald McGee a tenté sa chance avec plusieurs autres races. " Mais j’avais toujours des problèmes au vêlage, explique-t-il, depuis que j’élève des Salers, je n’ai plus aucun problème de ce côté. " Le producteur n’a donc plus à se lever en pleine nuit pour assister une vache. " Sauf, une seule fois en 20 ans, j’ai dû aider une jeune vache de 15 mois à vêler ", ajoute-t-il en précisant que les premières chaleurs des Salers sont généralement observées à 10 ou 11 mois.

C’est donc au matin, lors de ses visites à l’étable, que Gerald McGee constate l’arrivée de un... ou de deux petits veaux. La fréquence des jumeaux est en effet estimée à 7 % par l’Association Salers canadienne, un chiffre que Gerald McGee a pu confirmer puisqu’il accueille chaque année un ou deux couples de jumeaux avec une trentaine de femelles. La mortalité des nouveau-nés est faible. " Je n’en ai perdu qu’un seul depuis trois ans, il est assez rare qu’un veau meure ", évalue le producteur. D’après un recensement effectué en France, les Salers offriraient le taux de mortalité le plus bas et le taux de fécondité le plus élevé. Leur facilité à vêler s’explique par leur conformité particulière : de taille moyenne, les vaches ont un bassin très large qui n’offre pas d’obstacle à l’expulsion des veaux.

Les vaches Salers sont également reconnues pour leur longévité qui est de 17 à 18 ans. Gerald McGee gardent généralement ses vaches jusqu’à ce qu’elles aient 12 ou 15 ans bien qu’il se souvient en avoir gardé une jusqu’à l’âge de 21 ans. Sur les quinze vaches qui forment actuellement le troupeau de l’éleveur, trois sont âgées de 15 ans et elles ont donné chaque année un veau vigoureux.

Un troupeau en croissance

Au Canada, on compte plus de 1 600 animaux enregistrés auprès de l’Association Salers canadienne. La taille du cheptel québécois se situe entre 400 et 500 têtes. Récemment, le nombre d’animaux de cette race atteignait le sixième rang au Canada par rapport aux autres races pures incluant les animaux non enregistrés. Il y aurait une trentaine d’éleveurs de pur sang au Québec et une centaine d’éleveurs de croisés selon Gerald McGee qui a assuré le poste de président fondateur de l’Association Salers du Québec pendant près de 20 ans.

L’intérêt pour la race Salers est en croissance au Québec. Au dernier encan de la station Champlain, c’est la race qui a obtenu le prix le plus élevé avec une moyenne de 2 732 $ par tête. Les veaux Salers sont vendus entre 10 et 14 mois. À un an, les bêtes pèsent entre 1 200 et 1 250 livres, " sans soin particulier, à téter et à brouter de l’herbe ", précise Gerald McGee.

Le taux de croissance des veaux a également séduit l’éleveur dès le début de sa production. Les veaux, qui pèsent 75 livres à la naissance, en font 675 pour les mâles, six mois plus tard, et 600 pour les femelles. Les bouvillons sont prêts pour l’abattage vers 13 ou 14 mois, ils pèsent alors 1 300 livres et le taux de rendement de la carcasse varie entre 56 et 60 %.

De la viande et du lait

La ferme de Gerald McGee est située à Richmond dans une zone accidentée. Les champs de pâturage de la ferme Windbec Salers sont d’ailleurs en pente, ce qui représente un avantage aux yeux du producteur puisque les bêtes ont la liberté d’aller se sécher les pieds sur la butte lorsque le terrain plus bas devient boueux. Le producteur assure ses revenus en vendant des veaux pour l’engraissement, des taureaux reproducteurs ou des génisses de remplacement et de la semence à l’occasion.

La viande de Salers est très maigre, persillée et d’une texture fine, assure l’éleveur. Mais, bien qu’elles soient reconnues pour la qualité de leur viande, les vaches sont également d’excellentes laitières. Cet attribut n’est pas exploité ici, mais il l’est en France où le lait des Salers est utilisé pour la fabrication du fromage. La France est d’ailleurs le pays d’origine des Salers; on y compte 180 000 vaches de cette race. Les producteurs français gardent généralement un des trayons pour le veau alors que les trois autres fournissent le producteur en lait pour le fromage.

* journaliste