Bovins du Québec, août 1999, p. 30

Les déchets biomédicaux

On fait quoi avec l’aiguille?

Anne-Marie Christen*

À l’entrée des veaux d’embouche au parc d’engraissement, lors de problèmes de diarrhée ou encore, lors de l’administration d’un vaccin, les producteurs et leurs vétérinaires ont besoin de seringues, d’aiguilles, de bouteilles de médication et de vaccins pour répondre aux besoins des animaux en matière de santé. Mais une fois la piqûre donnée, on fait quoi avec l’aiguille?

Au Québec, depuis le 6 mai 1992, il existe un règlement provincial régissant la disposition des déchets biomédicaux. Visant d’abord les hôpitaux, les cliniques dentaires, les cliniques vétérinaires et les maisons thanalogiques, le Règlement sur les déchets biomédicaux s’adresse aussi à l’agriculture. Tout comme ces institutions, le producteur agricole est un générateur de déchets biomédicaux et doit les gérer et en disposer selon les règles de l’art.

D’abord, qu’est-ce qu’un déchet biomédical à l’échelle de la ferme? Il est décrit comme étant un déchet non anatomique constitué de l’un des éléments suivants : un objet piquant, tranchant ou cassable qui a été en contact avec du sang, un liquide ou un tissu biologique provenant de soins vétérinaires. Une bouteille contenant un vaccin de souche vivante entre également dans cette définition.

Selon le Règlement, tous les déchets biomédicaux générés hors d’une activité domestique (à la maison) ne peuvent être jeter avec vos ordures ménagères. Il existe quatre solutions pour leur élimination : le traitement, l’incinération, la désinfection et l’entreposage. Comme elles demandent des équipements spéciaux et onéreux, aucune d’elles ne répond aux besoins du producteur agricole. Mais alors? On fait quoi avec l’aiguille?

Deux solutions s’offrent à vous. D’abord, le médecin vétérinaire. Lorsque ce dernier vient soigner vos animaux, en plus de repartir avec ses propres déchets, pourquoi ne pas lui donner ceux que vous avez produits depuis sa dernière visite? À sa clinique, il possède les équipements requis pour une élimination sécuritaire de ces objets. Entre chaque visite, il suffit d’entreposer aiguilles, seringues, lames dans un contenant de plastique rigide (contenant d’eau de javel vide) bien fermé et à l’abri des petites mains. N’oubliez pas de lui donner vos bouteilles vides de vaccins et les médicaments périmés.

La deuxième solution s’adresse davantage aux gros élevages. Il existe au Québec quelques compagnies offrant un service de récupération et de gestion de ces déchets. Selon un contrat de service entre vous et la compagnie, cette dernière passe à la ferme selon une fréquence déterminée, ramasse vos déchets et en dispose conformément aux articles du Règlement. Ces compagnies sont surveillées par le ministère de l’Environnement et doivent produire des rapports annuels de leurs activités.

Finalement, en bons citoyens et lorsque les quantités de déchets générés sont importantes, vous devez produire un rapport annuel de production de déchets biomédicaux. Ce document doit être conservé pour fins de vérification. Et, comme dans tout bon Règlement, des sanctions sont prévues pour les contrevenants.

Maintenant que vous le savez, on met l’aiguille dans le contenant!

* agr., M. Sc.

Agente de développement et de recherche, FPBQ