Les coûts pour la récolte et l’entreposage des fourrages représentent, pour plusieurs entreprises bovines, une part importante de leur coût de production. Le choix et la façon d’utiliser ses équipements, la manière de coordonner ses actions par rapport au climat et aux plantes à récolter, sont autant d’éléments qui peuvent avoir un impact direct sur la compétitivité. Bref, pour ces entreprises, la gestion du chantier de récolte est peut-être après la gestion du troupeau la deuxième chose la plus importante. Trois facteurs influencent le choix d’un chantier : la valeur du fourrage, le facteur climatique et le coût des délais d’exécution.

La valeur du fourrage à récolter influencera sans contredit le type et la grosseur du chantier. Étant donné que la valeur marchande du foin n’est peut-être pas le meilleur indice, utilisons plutôt comme base de calcul la valeur nutritive des fourrages (tableau 1).

Le facteur climatique, qui est la probabilité de récolter les fourrages sans pluie, est un autre critère très important guidant le choix d’un chantier de récolte. Plus un système nécessite d’heures de séchage au champ pour une MS désirée, moins grande sera la probabilité de récolter une grande quantité de fourrage sans qu’elle ne soit altérée par les intempéries (tableau 2).

Le coût des délais d’exécution est un autre critère qui, même s’il est peu connu, n’en demeure pas moins important. C’est, en fait, la perte de valeur nutritive des fourrages due à un délai du chantier de récolte. Il existe également des critères pour évaluer les performances d’un chantier. Ce sont la capacité journalière et la consommation de carburant.

Le nombre de tonnes qu’un chantier peut récolter par jour est un des premiers critères pour évaluer la performance d’un chantier, c’est-à-dire l’efficacité générale des machines et des personnes qui y travaillent. Basé sur les données suivantes : distance champ – silo = 1 km; rendement = 3,5 t MS/ha; faucheuse de 2,75 m, le tableau 3 illustre quelques capacités journalières.

La consommation de carburant par tonne de MS récoltée et entreposée est souvent un autre bon indice de l'efficacité d'un chantier. Une consommation importante de carburant indique généralement des problèmes d’ajustement de la machinerie ou une mauvaise régie du chantier.

Comme une chaîne, pour améliorer l’efficacité de son chantier, il faut commencer par le maillon le plus faible. Voici quelques solutions pour les trois maillons suivants.

• Utilisation d’une faux " Schumaker "
• Utilisation d’une faucheuse à disque pour des fourrages denses et versés ( attention, cette faucheuse peut aspirer des résidus en terrain inégal )
• Utilisation d’un faneur ( graminées ) ou d’un retourneur d’andains ( légumineuses ) pour dominuer le temps de séchage

• Utilisation d’un ramasseur plus large
• Utilisation d’un doubleur d’andain sur la faucheuse lorsqu’on récolte de l’ensilage sur des champs à moyen et faible rendement
• Utilisation d’une fourragère avec roue d’inertie pour diminuer les pics de puissance lorsqu’on récolte des andains non uniformes
• Hachage à ½ pouce minimum, pour éviter de réduire la capacité de la fourragère et causer des problèmes de rumination
• Utilisation des rouleaux d’alimentation adaptés au fourrage ( avec pics )
• Pose d’une rampe de déchargement pour diminuer le temps de pressage des presses à balles rondes
• Utilisation d’une presse à balles rondes munie de deux bras attacheurs ou d’un système d’attaches avec filet
• Utilisation d’un système automatique d’avancement du pont pour améliorer le chargement avec une auto-chargeuse

• Amélioration de l’état général du chemin de ferme
• Utilisation des barrières du " Texas " ou des barrières " battantes " pour diminuer les temps d’arrêt
• Utilisation des attaches automatiques pour faciliter l’accrochage des wagons à la fourragère ou à la presse
• Utilisation d’un traîneau pour mettre les balles rondes en rangée
• Utilisation des freins d’urgence sur les remorques pour sécuriser le transport des charges lourdes
• Utilisation d’un convoyeur à courroies ou employer des boîtes basculantes pour la fabrication de silo-meule ou silo horizontal
• Uniformisation des déchargements des boîtes à ensilage pour maintenir une bonne afficacité des souffleurs à silo
• Utilisation, si le volume le justifie, des wagons auto-chargeurs pour les chantiers d’ensilage de balles rondes
• Entreposage pêle-mêle des balles de foin sur le séchoir pour diminuer le temps de déchargement. Avoir un nombre suffisant de séchoirs pour correspondance à la capacité de récolte (un séchoir sèche 9 t MS/jour)

Finalement, des calculs technico-économiques peuvent vous guider à déterminer s’il vaut mieux récolter soi-même ou faire récolter ses fourrages. Parlez-en à votre conseiller!

* ingénieur-agronome

MAPAQ, direction régionale Abitibi-Témiscamingue

* cette valeur est basée sur le coût de remplacement en équivalent maïs (160 $/t) et tourteau de soya (350 $/t)