Bovins du Québec, juin-juillet 2001

Les brise-vent peuvent vous faire économiser

Bruno Wiskel*

Les bovins et autres bestiaux exposés à la furie du vent glacial ont un taux de gain quotidien moins élevé et un indice de consommation plus élevé. Imaginez les effets sur vos recettes! Heureusement, cette dureté de l’hiver peut être en grande partie atténuée ou éliminée, à moindre coût et de façon efficace, grâce aux bons vieux brise-vent sur la ferme.

Le brise-vent consiste en une ou plusieurs rangées d’arbres plantés serrés en bordure des champs ou des enclos dans le but de ralentir le vent et la perte de chaleur qui en résulte pour les animaux à sang chaud et pour les bâtiments chauffés. Plus le vent souffle fort, plus il y a perte de chaleur. C’est ce qui explique qu’il semble faire plus froid quand il vente. L’effet refroidissant du vent en hiver, appelé " facteur de refroidissement ", se mesure en watts de perte de chaleur par mètre carré de surface.

Dans une exploitation bovine, le brise-vent vise d’abord à mettre les enclos et aires d’hivernage " à l’ombre du vent ". L’ombre du vent, c’est la zone relativement calme située dans la partie abritée derrière le brise-vent. Lorsque le brise-vent est efficace, le ratio entre l’ombre du vent et la hauteur des arbres est d’environ 10:1. En d’autres mots, un brise-vent haut de 20 mètres offre une bonne protection contre le vent sur environ 200 mètres. Les panneaux cloués sur le bord des enclos abritent aussi un peu, mais leur hauteur relativement limitée en réduit l’efficacité.

Les économies résultant des brise-vent pour les bovins sont tout simplement spectaculaires, comme le révèlent les deux graphiques conçus par Trevor Yurchuck, un spécialiste des bovins de l’Alberta, à l’aide du logiciel " Cowbytes " (version 2.34).

Des bouvillons de 750 livres ayant des rations identiques ont servi pour les deux graphiques. Dans le graphique 1, la température est constante, mais la vitesse du vent change. À l’inverse, dans le graphique 2, la vitesse du vent est constante, mais la température change.

À une température constante à – 20 °C, l’accroissement moyen par jour chute de façon draconienne, et le coût de la nourriture par livre gagnée augmente de façon considérable, lorsque le vent souffle à plus de 20 km/h. Notons toutefois que le vent qui souffle à 56 km/h ne dépasse jamais les 15 km/h une fois traversé un brise-vent efficace.

À une vitesse constante du vent de 5 km/h, on n’observe ni baisse significative du gain moyen par jour, ni augmentation significative du coût de la nourriture par livre gagnée, et ce même lorsque la température chute à un niveau vraiment glacial.

La comparaison des effets relatifs du vent et de la température sur ces deux graphiques permet de conclure que, pour les bovins, le vent est plus dommageable que le froid. Pour maximiser vos profits, il est donc préférable d’hiverner vos bestiaux dans un endroit à l’abri du vent tel qu’une vallée boisée ou un enclos entouré de brise-vent.

*Bruno Wiskel élève des bovins à Colinton, en Alberta. Il est l’auteur d’un livre intitulé " Woodlot Management " et il donne le cours " Gestion des terres à bois pour les éleveurs de bovins " dans les collèges et universités ainsi que dans les bureaux agricoles de l’Ouest du Canada. Son courriel est brunow@cs.athabasca.ca.