Bovins du Québec, août 1999, p.

Le point sur le transport des bovins

Jacques Denis*

Au Québec seulement, on estime qu’il y aurait plus de 500 000 bovins transportés par année et environ 1 000 parcs d’engraissement. Que ce soit le bœuf ou le veau d’abattage, la vache de réforme ou le veau d’embouche, en direction d’un nouveau parc d’engraissement, vers un encan ou à l’abattoir, ils ont tous à subir le " mal du transport ".

Pour des raisons d’éthique, mais surtout pour assurer une meilleure qualité de la viande, les équipements de transport des bovins se sont beaucoup améliorés depuis quelques années. Plusieurs recherches ont démontré qu’un animal qui se blesse ou qui subit un stress intense avant ou au moment du transport, enregistre inévitablement une perte. Cette perte peut prendre la forme d’une baisse de la qualité de la viande (le goût, la tendreté ou la coloration), d’une diminution du volume de la carcasse ou simplement, d'une condamnation d’un morceau de viande localisé dans la carcasse. De toute évidence, ces pertes finissent par être absorbées par le consommateur, et tenant compte du volume, la facture globale est salée.

Les différents types de camion

Pour le transport des bovins, il existe plusieurs types de camions. Selon le volume d’animaux à transporter, on retrouve le camion porteur et le camion remorqueur. Du côté du camion porteur, les animaux sont placés dans une boîte fixée directement sur le châssis du camion. Pour le camion remorqueur, la semi-remorque peut être attelée à l’aide d’une boule placée à l’arrière du camion ou à l’aide d’une sellette d’attelage. Généralement, le camion peut être de type léger ou lourd.

Par leur puissance, les semi-remorques tirées par les camions lourds sont les plus impressionnantes. Tirées par un tracteur routier de 425 à 500 HP, ces semi-remorques ont une largeur d’environ 2,59 mètres (102 pouces), deux ou trois essieux selon leur capacité portante et deux ou trois étages amovibles selon le type d’animaux à transporter. Selon Patrick Forget, travaillant pour Transport G. Doyle, de St-Gabriel-de-Brandon, " il n’existe pas de normes à respecter entre la puissance du moteur et la capacité de chargement de la semi-remorque. Par contre, si le tracteur n’est pas assez puissant, le chauffeur sera obligé d’aller moins vite sur la route. " Toujours selon monsieur Forget, " une semi-remorque de 14,6 mètres de long (48 pieds), en partie à deux étages, peut contenir environ 42 à 44 têtes de 636 à 681 kilogrammes (1 400 à 1 500 livres) sans problème pour l’animal ".

Du côté des semi-remorques tirées par des camions légers, selon monsieur Laurier Brouillette, distributeur de semi-remorques de Ste-Anne-de-la-Rochelle: " les longueurs de plancher varient de 4,87 à 7,31 mètres (16 à 24 pieds). Pour assurer une bonne sécurité des animaux, ces semi-remorques sont d'une conception comparable à celles tirées par les camions lourds ".

Tout un art!

Peu importe le type de camion, plus le fabricant est professionnel, plus il sera sensible au confort ainsi qu’à la sécurité des animaux. Les planchers, étanches au liquide, sont antidérapants afin de minimiser les risques de chute des animaux. Les rampes de chargement sont, elles aussi, antidérapantes avec un angle le plus horizontal possible. Les mouvements des barrières coulissantes à guillotine sont contrôlés à l’aide d’un contrepoids afin de minimiser un impact accidentel sur le dos d’un animal. Les rails servant aux barrières coulissantes sont encastrées dans les murs pour ne pas que les animaux les accrochent. Les plafonds sont placés à une hauteur suffisamment élevée pour éviter les blessures au dos.

Gaston Bilodeau, de Transport Bilodeau de Honfleur, ajoute d’autres précautions. " Depuis quelques années, inspiré par une tendance américaine, je fais isoler le plafond de mes semi-remorques afin de minimiser la chaleur par radiation causée par un soleil brûlant d’été. De plus, tous les boulons et les bords coupants ou aigus sont réduits au minimum et arrondis afin d’éviter que les animaux s’y blessent. Certaines barrières (malheureusement, pas toutes) sont caoutchoutées dans le bas pour protéger les pieds des animaux en cas d’impact. Et le tout, fabriqué en aluminium pour assurer un entretien facile, un poids léger pour les balances routières et un bel esthétique. "

La ventilation des bovins

À cause de la forte densité animale à l’intérieur de la semi-remorque, la température tend à s’élever très rapidement. Pour empêcher que cette chaleur n’affecte le bien-être des animaux, une ventilation naturelle est assurée. Lorsque le camion est en mouvement, l’air peut entrer et sortir au travers la semi-remorque par les multiples trous sur le mur avant et sur les côtés. De toute évidence, immédiatement après le chargement du camion, ce dernier doit se mettre en mouvement afin d’assurer un apport d’air frais aux animaux. De plus, les arrêts du camion doivent être limités au strict minimum.

À cause de la chaleur durant l’été, les transporteurs sont invités à prendre la route la nuit. Pour les saisons plus froides, il est toujours possible de réduire la ventilation à l’intérieur de la semi-remorque, en fermant quelques orifices, à l’aide de portières coulissantes. La responsabilité d’assurer une bonne ventilation aux animaux revient toujours au chauffeur. Si la température change de façon significative au cours d’un voyage, le camionneur doit apporter des modifications à sa ventilation. Un bon camionneur se doit de bien comprendre l’effet de la température (le facteur de refroidissement du vent) sur le stress et sur le bien-être des animaux qu’il transporte.

*ingénieur, M. Sc.

Professeur en mécanisation à l’ITA de Saint-Hyacinthe