Bovins du Québec, octobre-novembre 2002

 

La fertilité des taureaux varie selon la saison

Une étude sur l’évaluation des qualités de reproducteur (ÉQR), portant sur 2 110 taureaux, pourrait avoir d’importantes implications pour les éleveurs de bovins de boucherie. L’un des résultats les plus marquants de l’étude concerne l’effet des saisons sur la qualité de la semence.

 

« Le pourcentage des taureaux ayant une semence de qualité satisfaisante varie de 49 % en janvier, à 73,3 % en mai. Le pourcentage des taureaux normalement constitués ayant une semence de qualité satisfaisante varie de 65,7 % en janvier à 87,5 % en juin » explique le Dr Albert Barth, professeur au département de sciences cliniques pour gros animaux du Collège de médecine vétérinaire de l’université de la Saskatchewan.

 

« Ainsi, même les taureaux en bonne condition subissent l’influence des saisons. Cela va marquer vraiment les tests que l’on fait subir aux taureaux en fin d’hiver et en début de printemps. Et cela pourrait même influencer l’éleveur dont le programme de sélection vise le vêlage à l’automne. »

 

D’après le Dr Barth, les chances d’avoir une semence satisfaisante sont les mêmes de mai à juillet. Mais il y a beaucoup moins de chances en fin d’automne et en hiver qu’un taureau en condition physique normale ait une semence de qualité satisfaisante, comparé au printemps et à l’été. On ne comprend pas très bien les raisons de ce déclin saisonnier dans la qualité de la semence. Mais, selon le Dr Barth, la lumière moins longue du jour, l’agression par le froid et la faible qualité de l’alimentation pourrait nuire à la production ainsi qu’au développement d’un sperme mature.

 

« La déficience alimentaire affecte sans doute moins la qualité de la semence que ne le font la durée du jour ou l’agression par le froid, car il y avait beaucoup plus de taureaux avec une semence de qualité satisfaisante en mars et avril, qu’en janvier et février, même si on les avait nourris avec le même approvisionnement de fourrage. »

 

Le principal message que l’éleveur doit retenir de l’étude, selon le Dr Barth, c’est de prendre bien soin de ses taureaux durant l’hiver. On ne peut pas changer la durée du jour – laquelle règle la période de reproduction du chevreuil, du cheval et du mouton, entre autres. Mais tous les autres facteurs influençant la reproduction peuvent être modifiés.

 

L’âge et la reproduction

Le Dr Barth a étudié l’effet de l’âge sur les qualités de reproducteur. Il a découvert que les taureaux de deux ans avaient beaucoup moins de chances que ceux âgés de un, trois ou quatre ans d’obtenir une cote ÉQR satisfaisante. « Ça ne s’explique pas par l’âge, ajoute-t-il, mais par ce qui arrive au taureau à l’âge de deux ans. C’est à cet âge, en effet, que le taureau est vendu pour la première fois, après avoir été engraissé dans ce but. Les taureaux de deux ans sont donc plus nombreux à être trop gras et cela affecte leurs qualités de reproducteurs. »

 

L’étude, qui portait également sur les anomalies physiques, n’a révélé aucune association entre la qualité de la semence et une anomalie légère (au pied ou à la patte) lorsque l’anomalie n’entraîne pas de boiterie. Par contre, la boiterie est un important facteur affectant la qualité de la semence, puisque seulement quatre des 16 taureaux qui boitaient avaient une semence de qualité satisfaisante.

 

Gelure scrotale

L’étude s’est de plus intéressée à la gelure scrotale. Il n’y a pas d’écart significatif (en %) dans la qualité de la semence testée au printemps et à l’été des taureaux atteints de gelure légère à la base du scrotum, en comparaison avec les taureaux non atteints. Les gelures plus graves, par contre, qui entraînent la formation d’une ou plusieurs gales de plus de deux cm de diamètre, ont un effet néfaste marqué sur la qualité de la semence. Cependant, un peu plus de la moitié des taureaux présentant de grosses gales causées par la gelure scrotale avaient récupéré avant mai ou juin.

 

Le Dr Barth ne peut expliquer pourquoi aucun des taureaux d’un an visés par l’étude n’était atteint de gelure. Plus les taureaux sont âgés, plus la fréquence des gelures augmente de façon significative.

 

Équipé pour veiller tard?

La circonférence scrotale a un effet sur la qualité de la semence, c’est connu; mais le Dr Barth trouve important de le répéter. D’après l’étude, les taureaux dont le scrotum a une circonférence inférieure à la moyenne ou inférieure au minimum recommandé sont nettement moins nombreux à avoir une semence de qualité satisfaisante que les taureaux dont le scrotum a une circonférence moyenne ou supérieure à la moyenne. Bien que la principale raison justifiant le choix de taureaux avec de gros testicules, soit la puberté précoce des descendants mâles et femelles, cela ne fait que confirmer la validité du choix des taureaux en fonction de leur circonférence scrotale, tel que recommandé.

 

Les points importants

« En résumé, conclut le Dr Barth, les principaux facteurs affectant les qualités de reproducteur des taureaux que j’ai examinés sont la piètre condition physique, l’embonpoint excessif, la boiterie, les gelures graves et la circonférence scrotale. L’agression par le froid, l’engraissement trop faible ou trop élevé de même qu’une alimentation de qualité inférieure peuvent interagir avec la durée du jour et réduire la qualité de la semence durant les mois d’hiver. »

 

« L’éleveur devrait donc porter davantage attention à la sélection de taureaux en bonne condition physique, avec une circonférence scrotale moyenne ou supérieure à la moyenne, ainsi qu’à leur état d’engraissement et veiller à leur donner une bonne alimentation durant l’hiver. Il importe aussi de procurer aux taureaux un abri et une litière qui soient adéquats. Durant les mois d’hiver, la courte durée du jour peut elle aussi nuire à la spermatogenèse, en raison de son effet sur la sécrétion de la gonadotrophine. »

 

Source : Farm Focus, octobre 2001