Bovins
du Québec, juin-juillet 2002
Le classement
du bœuf
Un dossier
vieux de 75 ans!
Anne-Marie
Christen* et Herbert Monaghan**
En
1927-1928, un comité mixte du boeuf d’envergure nationale, constitué de
producteurs, de membres de l’industrie et de représentants des gouvernements
fédéral et provinciaux, a réalisé une étude approfondie de la question du
classement du boeuf. On croyait alors que si le boeuf de bonne qualité était
identifié par une marque, les consommateurs aussi bien que les producteurs en
tireraient davantage.
Au
cours d’une conférence nationale sur le boeuf tenue à Winnipeg les 28 et 29
juin 1928, on a étudié le rapport de comité et recommandé que le ministère
fédéral de l’Agriculture établisse un système officiel de classement et de
marquage du boeuf. La nouvelle politique de classement du boeuf a été mise en
application le 23 septembre 1929.
1938 – Politique de classement de la
Colombie-Britannique. Le gouvernement de la Colombie-Britannique adopte une
Loi sur le classement du boeuf, suivie d’un règlement d’application.
1943 – Politiques de classement du boeuf en temps
de guerre. En mai, la Commission des prix et du commerce en temps de guerre
a désigné comme boeuf « spécial », aux fins du contrôle des prix,
toutes les carcasses de marque rouge ayant un poids d’au moins 375 lb après
refroidissement.
1947 – Catégories nationales de boeuf.
Confusion nationale! Il y avait au pays trois, voire même quatre systèmes de
classement : les catégories de la Colombie-Britannique, les qualités de la
Commission des prix et du commerce en temps de guerre et les catégories
d’exportation de l’Office des viandes, de même qu’une série de catégories
officielles pour les États-Unis mais aucune de ces classifications ne convient
pour l’établissement de catégories nationales. Le 2 août 1949, une ordonnance
ministérielle définit alors les marques nationales.
1947 – Classement à des fins statistiques.
Depuis le 1er janvier 1947, tout le boeuf abattu dans les centres de
classement du Canada est classé pour des fins statistiques.
1955 – Entrée
en vigueur de la Loi sur les normes des produits agricoles du Canada.
Cette loi remplace la Loi sur les animaux
de ferme et leurs produits de 1939 en ce qui concerne le classement des
carcasses d’animaux. La catégorie « C » est subdivisée en
« Canada régulier » et « Canada commercial 1, 2 et 3 ».
1972 – Nouveau système de classement du bœuf. À
la suite de nombreuses recherches, les transformateurs et les producteurs
mettent au point un projet intermédiaire qui comporte une incision partielle
entre les onzième et douzième côtes et la mesure de l’épaisseur de gras, de
même qu’une appréciation visuelle de la surface et de la qualité du faux-filet.
Les principaux critères de classement étaient alors l’âge de l’animal à
l’abattage, la couleur du muscle, l’épaisseur de la couche de gras, la couleur
et la texture du gras ainsi que le degré de musculature. La plupart des
bouvillons entraient dans les catégories A1 à A4, B1 à B3 ou C1 et C2, les
vaches dans les catégories D1 à D4 et les taureaux dans la catégorie E.
1978 – Révision de la réglementation. Cette
révision élimine le poids minimum et introduit une nouvelle catégorie D5 pour
les carcasses très déficientes en musculature et en qualité.
1984 – Révision de la réglementation. Le 1er
janvier entrait en vigueur le changement majeur de la révision de la
réglementation soit la relocalisation de l’incision transversale. Celle-ci sera
dorénavant pratiquée entre les douzième et treizième côtes. Les autres
changements incluent la réintroduction d’un poids minimum et l’élimination des
catégories de poids pour la détermination des niveaux de gras dans les
catégories A et B.
1985 – Recouvrement du coût pour le classement.
En août, débute le recouvrement des coûts pour le classement des carcasses à la
suite d’une entente avec l’industrie. Pour la première année, le taux de
recouvrement s’élève à 9 cents par carcasse pour le porc, l’agneau et le veau,
tandis que le prélevé pour une carcasse de bœuf était de 20 cents. Ce taux initial
devait augmenter dans une proportion telle que l’on obtienne 100 % des coûts
proportionnels en 1989.
1988 – Nouvelle loi. La Loi sur les produits agricoles du Canada reçoit la sanction royale
le 7 juillet et remplace la loi précédente. Cette nouvelle Loi donne l’autorité de réglementer la mise en marché des produits
agricoles. Tous les règlements fédéraux sur le classement des animaux sont
établies d’après cette nouvelle Loi.
1990 – Révision de la réglementation. Les
niveaux de gras de couverture pour les quatre catégories Canada A sont
augmentés de 1 mm afin de s’assurer que les catégories Canada A2, Canada A3 et
Canada A4 satisfont aux normes internationales.
1992 – Révision majeure de la réglementation –
persillage et rendement en viande maigre. Le degré de persillage fait
dorénavant partie de la réglementation. Le nom des catégories supérieures pour
les carcasses jeunes est changé pour Canada A, Canada AA et Canada AAA selon le
degré de persillage, soit le niveau trace (A), très peu abondant (AA) et peu
abondant (AAA). Ces niveaux de persillage sont établis pour correspondre à ceux
en vigueur aux Etats-Unis. À la demande de l’industrie, le gouvernement
introduit également un critère de rendement en viande maigre. Une nouvelle
réglette permet d’estimer le rendement en viande maigre des carcasses en
prenant en compte l’épaisseur du gras et la superficie de l’oeil de longe.
Trois classes de rendement sont établis soit A1 (de 59 à 64 % de viande
maigre), A2 (de 54 à 58 %) et A3 (de 49 à 53 %). Enfin, les catégories C1 et C2
sont éliminées.
1995 – Fusion de la réglementation sur le bœuf et
la volaille. En mai, le Règlement sur
la classification des carcasses de bétail et le Règlement sur la volaille transformée sont fusionnés en un seul
règlement appelé le Règlement sur la
classification des carcasses de bétail et de volaille.
1996 – Révision mineure et privatisation. Le 2
janvier, les normes américaines relatives aux niveaux très faible et faible de
persillage sont intégrés au programme de classement du bœuf canadien Depuis le
1er avril, l’Agence canadienne de classement du bœuf est responsable
de la mise en œuvre d’un système privatisé de classement du bœuf, du veau et du
bison. Toutefois, les responsabilités légales et réglementaires relèvent
toujours du gouvernement canadien.
1997 – Introduction de la catégorie Canada Primé.
En septembre, la catégorie Canada Primé est introduite afin d’améliorer la
position concurrentielle du bœuf canadien de qualité supérieure par rapport au
bœuf américain de qualité supérieure sur les marchés étrangers. Cette catégorie
équivaut à la catégorie américaine « USDA Prime Grade », laquelle
correspondant à un degré de persillage « légèrement abondant ».
2001 – Révision de la réglementation. En
novembre, des amendements prévoient une diminution du niveau minimal de gras
pour les catégories A et Canada primé à 2 mm. Les exigences minimales pour la
musculature sont également révisées pour les carcasses Canada A et les
carcasses des catégories supérieures.
En
matière de classement, les besoins de l’industrie ont évolué avec le temps. Il
était important que la réglementation canadienne suive et s’adapte aux
tendances du marché. D’autres changements seront certes nécessaires dans
l’avenir.
La
Fédération siège sur le Conseil d’administration de l’Agence canadienne de
classement du boeuf. Parallèlement, il existe un comité québécois de classement
sur lequel siègent des représentants de la Fédération et des abattoirs de boeuf
et de veau.
*
agr., agente de développement et de recherche
**
* superviseur pour le Québec, Agence canadienne de classement du bœuf
Texte
adapté du Manuel du classificateur, Agriculture et agroalimentaire Canada,
révisé en mars 1999.