Bovins du Québec, octobre-novembre 2002

 

L’hôpital dans un parc d’engraissement

Georges Paradis*

Depuis les cinq dernières années, j’ai assisté à l’expansion rapide du nombre et de la grosseur des parcs d’engraissement au Québec. Malheureusement, un aspect souvent négligé est l’aménagement d’un parc-hôpital. Les rares enclos qui existent à cette fin sont souvent dans un « racoin » et si mal adaptés aux besoins d’un bouvillon malade qu’ils constituent l’endroit le plus sûr pour y mourir!

 

Le parc-hôpital doit être planifié avant toute nouvelle construction ou rénovation. De nombreux parcs ont été construits d’abord et ensuite, on se demandait où mettre le corral et l’hôpital pour se rendre compte qu’il n’y a plus de place!

 

L’ABC de l’enclos

L’enclos pour les malades devrait avoir les caractéristiques suivantes :

- Spacieux (minimum 50 pieds carrés par tête, peu profond mais large pour avoir plus d’espace de mangeoire);

- 10 têtes maximum. Exemple : 16’ de profond X 32’ de large (évite la compétition, les problèmes de hiérarchie et les déplacements trop importants. Si le nombre de malades est trop important, prévoir plus d’un enclos);

- Sol en terre battue ou en sable, avec au moins 12 pouces de litière (pour les cas de boiterie et comme isolant contre le froid. En été, un petit enclos extérieur avec de l’ombre près du parc fera l’affaire);

- Bien éclairé, ventilé et ensoleillé (ils souffrent souvent de problèmes respiratoires et sont déprimés!);

- Situé près du corral (pour limiter les déplacements);

- Isolé des autres enclos d’au moins un mètre (les malades sont souvent contagieux);

- La mangeoire et l’abreuvoir doivent être très propres. (On servira souvent une ration totale mélangée (RTM) de démarrage médicamentée haute en énergie et en fibre. Ne pas servir de foin à part. Attention toutefois de retourner un animal guéri dans un enclos dont la ration est trop différente car on peut provoquer de l’acidose).

 

Critères d’admission à l’hôpital

1 - Boiterie importante;

2 - Problèmes respiratoires importants (détresse respiratoire);

3 - Animal trop faible;

4 - Cas chroniques (c’est-à-dire traités trois fois sans réponse satisfaisante);

5 - Consultez votre médecin-vétérinaire pour établir des protocoles de traitements appropriés.

 

Il faut examiner les animaux malades au moins deux fois par jour, les faire lever ainsi que les encourager à aller manger et boire. Nettoyer la crèche tous les jours et désinfecter l’abreuvoir au moins une fois par semaine.

 

Certains cas sont parfois sans espoir, malgré les meilleurs traitements. Il est important de reconnaître ces cas et de soulager des souffrances inutiles en procédant à leur euthanasie de la façon la plus humanitaire possible. Le public en général et les consommateurs de bœuf en particulier (qui sont vos clients) s’attendent à votre compassion et votre attitude éthique et professionnelle. Il est important de pouvoir disposer rapidement de ces carcasses afin d’éviter toute pollution visuelle et odorante.

 

L’euthanasie

Un seul des critères suivants est suffisant pour justifier l’euthanasie :

1 - Veau avec perte de poids continuelle depuis plus de 10 jours;

2 - Veau incapable de se coucher en position sternale (droit sur le thorax avec les pattes pliées sous lui);

3 - Veau incapable de se lever seul;

4 - Veau incapable de se déplacer sans aide;

En général, le pronostic pour un veau chronique est le suivant :

- 33 % vont guérir et se rendre au poids d’abattage visé;

- 33 % seront des « rejets » (vendus avant d’avoir atteint le poids d’abattage);

- 33 % mourront.

 

*DMV, consultant en médecine de production bovine, Clinique Vétérinaire Régionale, Saint-Hyacinthe.