Bovins du Québec, août-septembre 2002
Anne-Marie
Christen*
Le dossier de la récupération des animaux morts occasionne de bien mauvaises surprises car en plus de la mortalité, les producteurs doivent maintenant en assumer la facture. Le ban des protéines animales issues des ruminants et les odeurs dégagées lors du recyclage des animaux morts en sont les principales causes. Depuis l’annonce de la tarification, les réunions se sont multipliées entre les intervenants concernés sans toutefois trouver de solutions concrètes à cette problématique.
Suite
aux cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), soit la maladie de la
« vache folle », survenus en Europe, l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) émettait en 1997 un avis selon lequel « tous les pays
devraient interdire l’utilisation de tissus de ruminants dans les aliments pour
ruminants ». Cet avis faisait suite aux études qui font un lien entre
l’ESB et celle de la maladie Creutzfeldt-Jakob, la variante humaine de l’ESB.
Depuis, de nombreux cas de cette terrible maladie sont apparus chez des gens de
plusieurs pays de la communauté européenne et plus récemment, au Japon à la fin
de 2001.
Dès
1997, suite à l’avis de l’OMS, les usines d’équarrissage réagissaient en
refusant dorénavant les cadavres d’animaux des espèces ovines et caprines et
les parties de ces animaux non destinées à la consommation. Les protéines
animales tirées de carcasses ovines semblaient avoir jouées un rôle important
dans l’apparition de l’ESB en Grande-Bretagne. Les gouvernements de plusieurs
pays réagissent alors fortement à cette annonce. Ainsi, au Canada, il est
désormais interdit depuis juillet 1997 d’utiliser des farines de viande et des
farines d’os provenant de ruminants dans la fabrication des moulées et des
suppléments alimentaires destinés aux ruminants.
En
plus de l’utilisation restreinte des protéines animales issues de ruminants,
s’ajoute la problématique des odeurs. L’usine d’équarrissage Alex Couture
située en banlieue de la ville de Québec, seule usine à traiter les carcasses
d’animaux morts au Québec, est aux prises avec des plaintes provenant de la
population vivant aux abords du site. Pour remédier à la situation, les
dirigeants exigent maintenant que les animaux morts livrés au fondoir soient
frais.
Actuellement,
au Québec, seulement quelques organisations offrent le service de récupération
des animaux morts dont les deux joueurs principaux sont le groupe Sanimal et la
Compagnie Canadienne de Récupération. Sanimal exige depuis le 1er
juin 2002 que les animaux récupérés soient réfrigérés – congélateur pour les
petits animaux ou entrepôt réfrigéré pour les plus gros (porcs). Les animaux
qui ne seront pas réfrigérés ne pourront être récupérés. Un service serait
toutefois offert moyennant des frais de transport et de disposition (pour mener
les animaux dans un site d’enfouissement ou dans un incinérateur).
La
Compagnie Canadienne de Récupération, compte tenu de l’obligation de fraîcheur
du produit et du resserrement du marché des farines animales, exige des frais
depuis mars dernier qui varient selon l’espèce animale. Les frais seraient de
30 $ par vache ou de 60 $/tonne pour les gros bovins et de 0,06 $/kg ou 30 $
minimum de l’arrêt pour les veaux. Encore ici, le matériel doit être frais et
en bonne condition mais sans obligation de réfrigérer. Toutes les autres
compagnies de récupération indépendantes de celles décrites ci-haut exigent
également des frais mais qui peuvent varier de ceux-ci.
La
Loi sur les produits alimentaire, le
MAPAQ reconnaît actuellement trois modes de disposition des carcasses d’animaux
morts et ce, de façon à n’entraîner aucun danger sanitaire pour les humains et
les animaux : la récupération, l’incinération et l’enfouissement soit à la
ferme, soit (pour certaines espèces) dans un site d’enfouissement sanitaire.
L’enfouissement
à la ferme est acceptable pour des quantités limitées de cadavres d’animaux
éliminés sporadiquement. Dans ce cas, des conditions s’appliquent pour protéger
la nappe phréatique :
-
l’enfouissement
doit se faire à l’extérieur de toute zone d’inondation d’une récurrence de 20
ans par un cours d’eau ou plan d’eau;
-
le
lieu d’enfouissement doit être situé à une distance minimale de 75 m de tout
cours d’eau ou plan d’eau et de 150 m de toute prise d’eau potable,
superficielle ou souterraine;
-
le
fond de l’excavation doit se situer au-dessus du niveau des eaux souterraines
et être couvert entièrement de chaux caustique ou d’un produit chimique
équivalent avant d’y déposer les viandes impropres;
-
les
viandes impropres déposées dans l’excavation ne doivent pas excéder le niveau
du sol à l’état naturel aux limites de cette excavation. Ces viandes doivent
être immédiatement couvertes de chaux caustique et d’une couche de sol d’une
épaisseur d’au moins 60 cm.
-
Le
terrain doit être nivelé.
Rappelons
que l’enfouissement ne constitue certes pas une solution viable à long terme.
Mais comme les solutions concrètes tardent à venir, il peut combler les besoins
de producteurs ayant des difficultés à se prévaloir d’un service adéquat de
récupération. Finalement, il est permis d’incinérer les animaux morts.
Cependant, l’installation doit satisfaire aux normes stipulées dans la Loi sur la qualité de l’environnement.
*agr,
agente de développement et de recherche, FPBQ.