Bovins du Québec, octobre-novembre 2002

 

La tuberculose bovine

Un problème toujours actuel

André Vallières*

 

Des efforts considérables ont été consentis depuis plus d’un siècle pour éradiquer la tuberculose bovine du cheptel bovin domestique canadien et prévenir sa transmission aux humains. Cette maladie représentait autrefois un important problème de santé publique mais la diminution de sa prévalence ainsi que des méthodes de traitement des aliments, telle que la pasteurisation du lait, ont contribué à réduire de façon drastique les risques de contamination humaine. Les producteurs québécois et canadiens ont largement contribué au succès de cette entreprise. En retour, ils ont pu profiter des résultats des programmes de contrôle puisque notre statut sanitaire en regard de la tuberculose facilite l’accès aux marchés nationaux et internationaux des animaux et produits animaux. Au Québec, aucun cas de tuberculose n’a été diagnostiqué chez des bovins domestiques depuis plus de 10 ans. Cependant, la maladie a été confirmée chez quelques bisons et cervidés d’élevage pendant cette période. Le cas le plus récent chez ces espèces date de 1999.

 

Doit-on cesser de se préoccuper de la tuberculose bovine?

Certainement pas. Car l’éradication n’est pas complète et ne le sera peut-être jamais. Nous avons en effet atteint un niveau d’infection qui est très bas au niveau des élevages domestiques. Mais la tuberculose persiste au sein de certaines populations animales sauvages et nous devons être très vigilants pour éviter sa réintroduction dans nos troupeaux. On sait par exemple que la tuberculose bovine affecte présentement un troupeau sauvage de bisons dans une région de l’Alberta et un troupeau sauvage de wapitis au Manitoba. Le danger de réintroduction accidentelle lors de contacts involontaires d’animaux de ces troupeaux sauvages avec des bovins domestiques est réel.

 

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), en collaboration avec les différents partenaires provinciaux et nationaux, a d’ailleurs entrepris de réviser sa réglementation, qui lui permet maintenant de définir des zones où des activités de surveillance et de contrôle plus intensives se déroulent. Ces actions sont essentielles à la reconnaissance par nos clients internationaux, dont les États-Unis, de notre statut de pays indemne de tuberculose chez les bovins domestiques.

 

Une maladie à déclaration obligatoire

La tuberculose bovine est une maladie à déclaration obligatoire au Canada en vertu de la Loi sur la santé des animaux. Ceci oblige tout vétérinaire ou propriétaire d’animaux à signaler tout soupçon de la maladie à un vétérinaire de l’ACIA. Les vétérinaires de l’ACIA mènent des enquêtes dans les troupeaux suspects et peuvent procéder aux épreuves diagnostiques nécessaires à la confirmation des cas. Les animaux suspects sont placés en quarantaine jusqu’à ce que leur statut sanitaire soit précisé. Cette mesure prévient la dissémination à d’autres troupeaux.

 

Lorsque des animaux domestiques sont infectés par la tuberculose, des mesures de contrôle rigoureuses sont appliquées. Les animaux infectés et ceux qui ont été exposés à l’infection sont détruits puisqu’il n’existe aucun moyen de traiter efficacement la maladie chez les animaux. Les propriétaires d’animaux détruits en vertu de la Loi sur la santé des animaux peuvent recevoir une indemnisation correspondant à la juste valeur marchande des animaux, jusqu’à un maximum prévu par la Loi. Les installations où des animaux infectés ont séjourné doivent être nettoyées et désinfectées à la satisfaction d’un vétérinaire de l’ACIA. Le propriétaire des installations doit ensuite attendre au moins 30 jours avant de reconstituer son troupeau aux même lieux, et les animaux nouvellement introduits seront soumis à des épreuves à des intervalles précis pendant une période de quelques années.

 

Qu’est-ce que la tuberculose bovine?

La tuberculose bovine est une maladie très contagieuse causée par une bactérie appelée Mycobacterium bovis. La maladie peut affecter presque tous les mammifères incluant l’homme. La bactérie responsable infecte les ganglions lymphatiques et se propage ensuite à d’autres organes comme les poumons. La tuberculose évolue lentement chez l’animal atteint. Les symptômes généraux sont la faiblesse, la perte d’appétit et de poids et une fièvre variable. Quand les poumons sont très affectés, on peut observer de façon intermittente des quintes de toux.

 

De nos jours, c’est souvent à l’abattoir que la tuberculose est détectée. La découverte de lésions granulomateuses caractéristiques dans les ganglions lymphatiques ou dans certains organes lors de l’inspection des carcasses animales est une indication de la présence de la maladie. L’inspection vétérinaire aux abattoirs est donc un élément essentiel au dépistage de la tuberculose. Dans certains cas, l’agent bactérien responsable de la maladie peut cependant rester à l’état dormant chez l’animal pendant toute sa vie, sans causer de problème. Parfois, possiblement suite à des épisodes de stress ou lors d’une baisse de l’immunité naturelle, la maladie peut se manifester cliniquement.

 

Comment la tuberculose se propage-t-elle?

Les bovins infectés par l’agent de la tuberculose et dont les poumons portent des lésions ouvertes, projettent dans l’air des micro-gouttelettes contenant l’agent pathogène, lorsqu’ils toussent. Les bovins adultes sont infectés lorsqu’ils inhalent des particules de poussière dans l’air auxquelles l’agent pathogène s’attache. Les bovins peuvent aussi s’infecter par consommation d’eau d’abreuvement et d’aliments contaminés. Les jeunes veaux peuvent s’infecter en buvant du lait non pasteurisé qui contient l’agent pathogène.

 

Certaines situations peuvent créer un risque de transmission de la tuberculose d’un troupeau infecté à un troupeau sain. Le déplacement d’animaux infectés et des contacts prolongés en milieu confiné augmente les risques.

 

Que peut faire l’éleveur de bovins pour se prémunir?

Il n’existe pas de traitement préventif contre la tuberculose. L’éleveur peut exiger une épreuve lors de l’achat de bovins mais cette mesure n’offre pas de garantie complète. Certains bovins infectés peuvent ne pas être détectés par les épreuves diagnostiques. Il faut privilégier les nouveaux achats à partir de troupeaux au statut sanitaire connu. Il est aussi très important d’être vigilant et de discuter avec son vétérinaire lorsqu’on observe des animaux présentant des symptômes compatibles avec la tuberculose dans son élevage. On peut ainsi intervenir plus rapidement et limiter la propagation de la tuberculose dans d’autres élevages.

 

*DMV, Lutte contre les maladies, Réseau de programme, Produits animaux, Santé des animaux et Élevage, Agence canadienne d’inspection des aliments.