Essai d'efficacité et de tolérance de la chaux éteinte [CA(OH)2, Nekagard] et du kaolin (SURROUND WP) contre la drosophile à ailes tachetées dans la culture du bleuet en corymbe.
La drosophile à ailes tachetées (DAT), Drosophila suzukii, est un ravageur redoutable qui cause des dommages importants aux récoltes dans de nombreuses cultures fruitières (fraises, framboises, bleuets, mûres et cerises). Alors que les autres espèces de drosophiles s’attaquent habituellement aux fruits trop mûrs ou endommagés, la DAT pond ses œufs dans les fruits sains en mûrissement grâce à son ovipositeur dentelé. Des dommages importants aux récoltes ont été rapportés ces dernières années, occasionnant parfois la fermeture précoce de champs. Actuellement, la stratégie des producteurs de petits fruits pour contrôler cette drosophile est l’application d’insecticides durant sa période d’activité, soit durant la récolte des fruits. Bien que les délais avant la récolte soient respectés, cette approche est remise en cause en raison de la présence possible de résidus sur les fruits, mais aussi pour les risques sur la santé des ouvriers affectés aux récoltes. Sans compter que sur le plan environnemental, l’application répétée d’insecticides représentent un risque pour l’agroécosystème. Dernièrement, des centres de recherche en Suisse ont rapporté des résultats intéressant de la chaux éteinte [CA(OH)2, NEKAGARD] et du kaolin (SURROUND WP) contre la drosophile à ailes tachetées. Déjà utilisés par l’industrie alimentaire, ces produits présentent des risques faibles pour la santé et l’environnement. En effet, la chaux éteinte, au contact du gaz carbonique de l’air, se transforme en calcaire tandis que le kaolin est une argile blanche. Quand ils sont appliqués sur les fruits, ils agiraient comme répulsifs via des mécanismes encore peu connus, par exemple par la modification du pH ou par la perturbation du comportement de l’insecte. Ces deux produits ont été testés contre la drosophile à ailes tachetées (DAT) dans une bleuetière (bleuet en corymbe, variété Patriot) de Lanaudière, et comparés à un témoin non traité et à un témoin commercial durant deux ans. En 2019, à cause de la faible pression de l’insecte dans l’essai, il n’a pas été possible de conclure sur l’efficacité de la chaux éteinte et du kaolin contre la DAT. En 2020, nous avons pu observer que le kaolin et la chaux éteinte n’ont pas offert une protection contre la ponte des DAT dans les fruits. De plus, les traitements conventionnels ont eu une efficacité variable et n’étaient pas non plus différent du témoin non-traité. La chaux éteinte s’est révélée avoir l’efficacité la moins bonne comparativement à tous les autres traitements.