APPLICATIONS DE FONGICIDES DANS LA CULTURE DU MAÏS GRAIN ET DU MAÏS ENSILAGE : LA PLUPART DU TEMPS NON RENTABLES
Groupe de travail sur les maladies des grandes cultures
Parmi les maladies du maïs grain et ensilage, ce sont les maladies des épis qui sont les plus préoccupantes, puisqu’elles peuvent produire des toxines dommageables pour la santé humaine et animale. C’est lors des premiers jours suivant la sortie des soies que le maïs est le plus sensible à ce type d’infection. Aussi, les blessures causées par des insectes (ex.: ver-gris occidental des haricots) plus tard en saison peuvent créer une porte d’entrée, provoquant une infection plus tardive.
Groupe de travail sur les ravageurs des papillons
Les captures de papillons de VGOH sont en augmentation, mais des hausses plus importantes sont attendues dans les prochaines semaines. Des premières masses d’oeufs ont été aperçues dans certains champs (sur les 28 champs dépistés par le RAP, des œufs sont présents dans 10 d’entre eux). Toutefois, les dépistages réalisés jusqu’à maintenant montrent que le nombre de masses d’oeufs est encore faible, sauf en Outaouais où les pourcentages de plants affectés dans 3 champs sont de 2 %, 3 % et 10 %. Seulement 1 % des plants sont affectés dans les 7 autres champs, situés en Montérégie Ouest pour la plupart.
Le seuil économique d’intervention utilisé au Québec est le même qu’en Ontario : 5 % de plants présentant des masses d'oeufs ou des jeunes larves, pour le maïs grain. Le seuil est cumulatif d’un dépistage à l’autre. Il convient aussi de tenir compte de la présence des ennemis naturels qui peuvent s’alimenter des œufs de VGOH.
Un traitement insecticide est justifié seulement si le seuil est atteint. Appliquer un traitement insecticide trop tôt dans la saison pourrait s’avérer inefficace pour protéger le maïs au cours de la période à risque. Certains produits, comme CORAGEN et DELEGATE, ont un effet résiduel dit systémique local, c’est-à-dire qu’ils agiront sur les larves lorsque ces dernières ingèrent du pollen ou des parties de soies qui ont été en contact avec le produit. Si l’insecticide est appliqué trop tôt, les larves issues de nouvelles masses d’œufs pourraient s’alimenter sur des grains de pollen et les soies sorties après le traitement. De plus, l’effet de protection de l’insecticide sur les parties touchées de la plante par le produit est efficace jusqu'à 2 semaines après le traitement, alors que des masses d’œufs peuvent être pondues sur une période de 3 à 4 semaines. Il est à noter que les champs présentant une croissance inégale du maïs sont plus à risque d’attirer les papillons sur une période prolongée.
Dans le cas où un traitement fongicide est envisagé, il pourrait être tentant d’appliquer un insecticide en même temps, mais si l’insecticide est utilisé alors qu’aucune masse d’œufs n’est présente dans le champ ou que le seuil n’est pas atteint, le traitement n’aura pas l’effet escompté. En contrôlant les larves au moment opportun, on limite les risques de dommages du VGOH sur les épis et l'on réduit, par la même occasion, le risque d’infection par des maladies comme la fusariose liée aux dommages causés par les larves.
Cliquez ici pour en savoir plus sur les produits homologués au Québec. Pour plus de détails sur la méthode de dépistage du VGOH, consultez l’avertissement Nº 12 du 16 juillet 2021.
POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA : SURVEILLEZ LES CHAMPS À RISQUE ET LE STADE DE LA CULTURE
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures
Le dépistage effectué en début de semaine a permis d’observer la germination des sclérotes sur plusieurs sites, dans certaines régions du Québec. Des sclérotes en germination et le développement d’apothécies ont été observés dans 13 des 32 sites suivis récemment.
Les conditions météorologiques des derniers jours et celles à venir (précipitations et températures modérées) ont été et seront favorables à la germination des sclérotes, au développement d’apothécies et à l’infection. Le sol demeure aussi plus humide. Des conditions météorologiques favorables à la maladie ne signifient pas que tous les champs de soya bénéficieraient d’un traitement fongicide. Par exemple, il serait surprenant qu’un champ n’ayant aucun historique de pourriture à sclérotes et ensemencé avec un cultivar tolérant soit affecté par la maladie. Une appréciation du risque doit être faite pour chaque champ afin de s’assurer qu’un traitement soit requis. Pour connaître les différents facteurs de risque, consultez l’avertissement Nº 11 du 9 juillet 2021.
Pour les champs qui étaient à faible risque il y a deux semaines et pour lesquels le risque est maintenant élevé, il n’y a pas de regret à avoir si aucun traitement n’a été effectué au stade R1. Rappelons que la protection apportée par un fongicide s’estompe une à deux semaines après l’application et que le fongicide n’a pas d’impact sur la viabilité ou la germination des sclérotes présents dans le sol. Ainsi, pendant le stade R1 à R3, lorsque la décision d’appliquer un fongicide est prise, le traitement devrait être réalisé le plus vite possible plutôt que de se coller sur un calendrier de deux applications, à R1 et à R3.
Attention, s’il y a un problème de pucerons dans le champ, un traitement fongicide pourrait empirer la situation en éliminant les champignons entomopathogènes qui s’attaquent à ces ravageurs.
Cliquez ici pour accéder aux traitements phytosanitaires homologués et leurs indices de risques pour la santé humaine et l’environnement.
POPULATIONS ÉLEVÉES DU PUCERON DU SOYA DANS PLUSIEURS RÉGIONS
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Julie Breault, agr. (MAPAQ) et Sébastien Boquel, entomologiste (CÉROM)
Les populations du puceron du soya dans les champs suivis par le RAP Grandes cultures sont en augmentation dans toutes les régions, notamment en Estrie et dans la Capitale-Nationale où les populations étaient plutôt faibles en début de semaine dernière. Le seuil d’alerte (moyenne de 250 pucerons/plant) a été atteint dans 22 des 67 champs dépistés par le RAP. La densité de pucerons par plant est variable d’un champ à l’autre, et la densité maximale observée jusqu’à présent est de 1391 pucerons/plant à Rivière-Beaudette. Le dépistage des champs de soya est recommandé dans la plupart des régions (Montérégie, Lanaudière, Laurentides, Capitale-Nationale, Estrie et Centre-du-Québec). La plupart des champs de soya sont encore à un stade de développement critique face à ce ravageur.
Certains cultivars tolèrent mieux la présence de pucerons que d’autres. C’est une des raisons pouvant expliquer la grande variabilité entre les champs d’une même région; d’où l’importance de dépister chaque champ. Rappelons que le seuil de 250 pucerons par plant en moyenne n’est pas un seuil d’intervention. Il indique qu’il faut suivre les champs de près et tenir compte de plusieurs facteurs avant d’intervenir. Outre la quantité de pucerons par plant, le stade de croissance du soya, le niveau de stress de la culture et la présence d’ennemis naturels sont des éléments importants à prendre en compte pour juger de la pertinence d’un traitement insecticide. Pour en savoir plus sur la stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya, consultez l’avertissement Nº 11 du 9 juillet 2021.
CÉRÉALES : NE RETARDEZ PAS LA RÉCOLTE AFIN DE PRÉSERVER LA QUALITÉ DES GRAINS
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures
La maturité complète est atteinte au stade « 89-90 » de l’échelle Zadoks. À ce stade, le grain est dur et difficile à enfoncer avec l’ongle. La récolte des céréales devrait être effectuée à des teneurs en eau du grain entre 14 et 18 %. À des humidités plus élevées, il est possible de récolter grâce à la technique d’andainage, et ce, jusqu’à 24 %.
Une récolte faite sans tarder permet d’éviter les problèmes suivants :
- Augmentation des risques de verse. La verse des céréales entraîne plusieurs inconvénients, dont la difficulté et le ralentissement de la récolte ainsi que la diminution de la qualité des grains.
- Risques de développement de mycotoxines dans les grains. Même si les conditions ont été défavorables à l’infection causant la fusariose ou la brûlure de l’épi, de faibles niveaux d’infection peuvent être des foyers de développement de champignons et ainsi augmenter les teneurs enmycotoxines dans les grains. C’est particulièrement le cas lorsqu'il y a de la verse.
- Diminution de la qualité des grains. Le contenu en protéines et en amidon ainsi que leur qualité peuvent diminuer considérablement si les grains sont laissés trop longtemps au champ. La qualité planifiable des blés est influencée par les conditions favorisant la germination sur les épis (lumière, humidité, oxygène et température). Certaines variétés de blé (blé d’automne) ou cultivars sont plus sensibles à la germination sur épi. Avant même que ce ne soit visible sur les grains, lorsque le processus de germination est commencé, la qualité boulangère est affectée. L’orge brassicole est aussi affectée lorsque ce processus est déclenché chez la plante.
- Perte de grains au champ par égrenage. Il y a des différences variétales, mais généralement, des épis trop matures sont sujets à l’égrenage; c’est-à-dire que les plants relâchent une partie de leurs graines au champ. Au stade « Zadocks 93 », le risque de perte de grains en milieu de journée est élevé
- Noir des céréales (ou fumagine). Maladie qui peut se former sur les épis et la paille lorsqu’une culture de céréales est laissée trop longtemps au champ. Ce phénomène est causé par les différentes espèces de champignons qui colonisent les tissus âgés.
D’autres conditions déterminantes pour préserver la récolte sont la ventilation ou le séchage des grains et les conditions d’entreposage. Pour de l’information sur ces aspects, consultez ce document.
CICADELLE DE LA POMME DE TERRE DANS LA LUZERNE : ÉTAT DE LA SITUATION
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
La vigilance demeure de mise dans en Montérégie-Ouest, en Estrie et dans Lanaudière, où les populations dans les deux champs suivis par le RAP n’ont pas atteint le seuil d’intervention, mais s’en approchent.
Pour en savoir plus sur le ravageur, veuillez vous référer à l'avertissement Nº10 du 2 juillet 2021.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |