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22 août 2025
22 août 2025
Acide oxalique : solution miracle ou outil complémentaire?
Dans un contexte où l’apiculture est confrontée à de nombreux enjeux majeurs et où les pertes hivernales peuvent être significatives, il est naturel de chercher des alternatives aux pratiques déjà établies. C’est particulièrement le cas pour les traitements contre le varroa.
Les solutions actuellement utilisées présentent certaines limites, notamment liées aux conditions de température. Les changements climatiques que connaît le Québec compliquent l’application de certains traitements en pleine saison, comme l’acide formique en flash ou en libération lente. Face à cette réalité, il est légitime que les apiculteurs cherchent à adopter des méthodes alternatives. L’acide oxalique semble ainsi devenir l’une de ces options couramment utilisées pour traiter le varroa.
L’acide oxalique
L’acide oxalique dihydrate est apprécié des apiculteurs, notamment parce que son utilisation n’est pas restreinte par les conditions de température. Cependant, il est important de rappeler les limites de son usage et les obligations légales associées à son étiquette au Québec.
Cadre légal
Au Canada, les étiquettes des pesticides sont des documents juridiques approuvés par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA). Elles ne représentent pas de simples suggestions, mais des obligations légales. Il est donc essentiel de respecter l’étiquette des produits utilisés en apiculture. Les étiquettes de tous les produits homologués sont consultables ici: ARLA – Étiquettes de pesticides. Pour l’étiquette officielle de l’acide oxalique dihydrate, cliquez sur le numéro d’homologation «29575».
Limites d’usage
- Peut endommager le couvain d’abeilles
- N’agit pas sur le varroa dans le couvain operculé
- À utiliser seulement tard à l’automne ou tôt au printemps, lorsque le couvain operculé est en faible quantité ou absent
- Ne pas utiliser en présence de hausses à miel
Méthodes homologuées
Égouttement (en solution)
- Dissoudre 35 g d’acide oxalique dihydrate dans un litre de solution 1 : 1 (sucre : eau).
- Avec une seringue ou une application, faire couler goutte à goutte 5 ml de la solution entre les cadres, directement sur les abeilles
- Dose maximale : 50 ml par colonie, peu importe le nombre de hausse
Sublimation (Vaporisation)
- Ne jamais sublimer dans un caveau.
- Sceller le dessous de la ruche et les petites entrées pour éviter l’échappement des vapeurs
- Placer 2,0 g de poudre d’acide oxalique dans le vaporisateur.
- Insérer le vaporisateur dans l’entrée inférieur de la ruche et sublimer en suivant le mode d’emploi du fabricant.
Précautions
Plusieurs apiculteurs, au Québec comme ailleurs au Canada, tentent d’utiliser l’acide oxalique en milieu de saison, de façon répétée, à la manière d’un traitement flash. Cette pratique peut sembler intéressante en cas de chaleur importante, mais ses conséquences réelles sur les colonies à long terme sont encore inconnues.
De plus, ce type d’utilisation est non conforme au mode d’emploi et constitue donc une infraction à la Loi sur les produits antiparasitaires. Rappelons également que l’acide oxalique avec glycérine n’est toujours pas approuvé par Santé Canada. Sa fabrication, sa distribution et son utilisation demeurent donc non conformes.
Il est important de se rappeler que nous disposons déjà de traitements homologués, testés et éprouvés. Pour le moment, il est donc préférable de miser sur ces solutions reconnues afin d’assurer une lutte efficace et sécuritaire contre le varroa.
Bonnes pratiques
En somme, l’acide oxalique reste une excellente option de début et de fin de saison. Il doit être considéré comme un outil complémentaire aux autres traitements disponibles, et non comme une solution unique.
Si votre calendrier de dépistage et de traitements fonctionne bien, il n’est pas nécessaire de changer une formule gagnante. Cependant, maîtriser plusieurs techniques de lutte contre le varroa permet de réagir rapidement aux imprévus, comme des variations de température ou d’infestations plus importantes que la normale.
Enfin, la lutte intégrée repose sur une combinaison de méthodes de contrôle, à la fois chimiques et physiques. Cette approche permet d’éviter de dépendre d’une seule méthode et d’en faire des usages répétés, ce qui n’est jamais suggéré en apiculture.
Bulletin rédigé par Sara Bouaziz, services-conseils en apiculture | CRSAD et révisée par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD
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Sara Bouaziz
