Apiculture - Chronique No 32 - 28 avril 2023

Image Agri-Réseau
AU RUCHER CETTE SEMAINE
28 avril 2023


Le nourrissage printanier (suite)

L’infolettre de la semaine dernière portait sur le nourrissage d’appoint avec du sirop de sucre. Cette semaine, voyons dans quelles situations l’apport de suppléments protéiques pourraient accélérer le développement des colonies au printemps. 


Les suppléments protéiques

Dans la plupart des cas, l’apport en suppléments protéiques est rarement une nécessité au printemps. À la suite de l’hivernage, la ruche contient une certaine quantité de réserves de pollen, entreposées dans les alvéoles sous forme de pain d’abeille (pollen fermenté pour être entreposé sous une forme stable), ce qui est suffisant pour nourrir les premières larves du printemps. Par la suite, le premier pollen provenant de l’environnement est disponible relativement rapidement. Il provient des arbres et arbustes, par exemple, le saule ou les érables, plutôt que de fleurs. Donc même si notre œil d’apiculteur ne voit que quelques tussilages, les abeilles sont capables de subvenir à leurs besoins en protéines à ce moment de l’année. L’élevage des larves sera aussi modulé en fonction des ressources disponibles. 

 
Une galette de pollen sur une hausse à couvain

Une galette de pollen sur une hausse à couvain

© Marilène Paillard


Si on veut accélérer le développement du couvain et stimuler la ponte, on peut fournir aux colonies un supplément protéique, sous forme de galettes ou de poudre. Les abeilles vont cependant rapidement le délaisser lorsque le pollen naturel sera disponible. Le coût d’achat des suppléments protéiques peut donc être plus élevé que le bénéfice réel en couvain supplémentaire. Les abeilles ont aussi cette capacité étonnante à « rattraper » rapidement le retard lorsque les ressources florales externes deviennent disponibles, ce qui a été démontré à plusieurs reprises dans des études entre autres réalisées au CRSAD. On se souvient aussi du printemps froid et pluvieux de l’année dernière, où bon nombre d’apiculteurs s’inquiétaient du retard de développement de leurs colonies, mais où ces colonies ont rapidement rattrapé ce retard une fois la chaleur présente. 

Pour les entreprises qui œuvrent en pollinisation commerciale, dans la fabrication et la vente de nucléi ou dans l’élevage de reines, il peut être avantageux de fournir un apport de suppléments protéiques tôt au printemps et d’accélérer quelque peu le développement des colonies. Les quelques cadres de couvain supplémentaires peuvent donc se traduire en ruches de plus pour le contrat de pollinisation, en nucléi de plus vendus ou en reines disponibles quelques jours plus tôt. 


Les suppléments de pollen et le petit coléoptère des ruches

Dans les cas où le petit coléoptère des ruches (PCR) a été observé dans l’entreprise, ou si des cas sont connus à proximité, il faut être très vigilants lorsqu’on donne des suppléments protéiques aux colonies sous forme de galettes de pollen. En effet, les galettes de pollen sont une nourriture de choix pour les larves de PCR. On peut y retrouver un grand nombre de larves qui deviendront matures rapidement. De plus, les larves se cachent à l’intérieur des galettes et les abeilles sont incapables de les retirer. 

L’idéal est de donner le pollen sous forme de poudre, dans un distributeur étanche à l’eau. La faible humidité du pollen en poudre empêche les larves de PCR de se développer. Si on doit donner des suppléments protéiques sous forme de galette, il vaut mieux limiter les quantités et donner le quart d’une galette à la fois (maximum ½ galette). Les galettes doivent être retirées dès que les abeilles cessent de les manger. Les restants de galettes doivent être placées dans un sac étanche et congelées pendant au moins 24 heures à une température de -20°C avant d’être jetées. Dans les cas où l’ajout de galettes est nécessaire au développement des colonies, il faut les inspecter régulièrement pour détecter la présence des larves de PCR : à chaque inspection de la ruche, on soulève la galette et on regarder en dessous pour voir si elle contient des larves. Une bonne pratique consiste également à placer des pièges dans les ruches afin de capturer les PCR adultes, par exemple, les feuillets Beetle Bee Gone ou les pièges réservoir (Beetle Blaster ou Beetle Jail). À noter qu’il est préférable d’installer les pièges feuillet dans les hausses à miel seulement, étant donné qu’ils peuvent causer des mortalités de reines, lorsque celles-ci restent prisonnières des fibres. Les pièges réservoir peuvent être installés dans n’importe quelle hausse, pendant toute l'année. 

Les vidéos de l’installation des différents pièges dans les ruches et de l’inspection d’une ruche pour détecter la présence du PCR se trouvent sur la chaîne Youtube du CRSAD. Consultez également les autres documents en lien avec le PCR sur la page web d’Agri-Réseau. 


Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD