Retour sur la saison 2020 dans le secteur des grandes cultures



On espère toujours que les années difficiles sont derrière nous. Hélas, on ne sait vraiment pas ce que nous réserve l’avenir. L’année 2019 avait été particulièrement difficile pour de nombreux producteurs agricoles québécois. Tous espéraient des conditions climatiques plus favorables pour l’année 2020.

En utilisant les données des essais menés dans le cadre des Réseaux des grandes cultures du Québec (RGCQ) en 2020 comparativement à celles de 2019, on peut conclure que les rendements relatifs moyens des céréales auraient baissé de 32 %, tandis que les rendements moyens du soya et du maïs-grain auraient augmenté respectivement de 10 et de 19 %. En simplifiant les choses, on peut écrire que ce que l’on a perdu en rendements relatifs du côté des céréales, on l’a regagné du côté du soya et du maïs-grain. Il faut toutefois conserver à l’esprit que les sols utilisés dans le cadre des RGCQ ne représentent pas nécessairement le comportement de tous les sols du Québec.

Début de saison 2020
Cela s’était bien amorcé à la fin du mois d’avril 2020. Les conditions de semis au printemps 2020 ont, en effet, été bien meilleures que celles de 2019. Puis, des conditions très sèches ont suivi au cours des mois de mai et de juin. Ces conditions très sèches ont été accompagnées par des températures beaucoup plus élevées que les normales. Ces conditions climatiques ont exercé d’énormes stress sur toutes les cultures. Les rendements des céréales ont été particulièrement touchés par ces conditions extrêmes. Le soya et le maïs-grain semblent s’en être tirés beaucoup mieux que les céréales. Puisque les données statistiques sur les rendements en grandes cultures du Québec ne seront disponibles qu’au début de l’année 2021, j’utiliserai les données des essais menés par les RGCQ en 2020 pour brosser un portrait sommaire des rendements potentiels des grandes cultures au Québec.

Les céréalesLe soyaLe maïs-grain

Les céréales

Le réseau RGCQ céréales comporte dix sites distribués sur le territoire québécois. Les sites de Saint-Hugues, de Saint-Hyacinthe et de Saint-Mathieu-de-Beloeil sont localisés dans la zone 1. Dans la zone 2, il y a trois sites : Saint-Lambert-de-Lauzon, Princeville et Saint-Augustin. Enfin, dans la zone 3, le réseau des RGCQ est constitué de quatre sites : Hébertville, Normandin, La Pocatière et Causapscal.

Les rendements moyens des céréales dans l’ensemble des essais des RGCQ ont été de 20 à 45 % plus faibles en 2020 comparativement à 2019. En 2020, nous avons donc perdu, en moyenne, le tiers des rendements obtenus en 2019. Les baisses de rendements ont été beaucoup plus importantes pour les sites situés en zone 1 et en zone 2 comparativement au seul site réalisé en zone 3 en 2020, soit le site de Causapscal. Les sites de Hébertville, de Normandin et de La Pocatière n’ont pas été ensemencés en 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19. Les rendements moyens des sites situés en zones 1 et 2 en 2020 ont été inférieurs par plus de 40 % aux rendements observés sur ces mêmes sites en 2019. Certaines espèces ont été plus affectées que d’autres. En effet, l’orge à 2 rangs a vu ses rendements fondre de 75 % en zone 2 en 2020 tandis qu’une baisse de près de 80 % a été enregistrée pour l’avoine nue en zone 1. Les poids spécifiques moyens des grains en 2020 ont été, toutes espèces confondues, inférieurs de 8 % comparativement aux valeurs observées en 2019. La baisse des poids spécifiques a varié de 1 à 20 % selon la zone et selon l’espèce.

Le soya

Dans le réseau soya des plantes oléprotéagineuses, il y a quatre sites dans chacune des trois zones (2500, 2600 et 2800 UTM) et deux essais sont réalisés sur chacun des sites regroupant les cultivars conventionnels d’un côté et les cultivars résistants au glyphosate (RR) de l’autre. Il y a donc un total potentiel de 24 essais par année, sans compter les essais réalisés dans la zone de 2300 UTM. Les résultats de 20 essais ont été considérés valides pour les zones de 2500 à 2800 UTM.

En 2020, les rendements moyens des 20 essais réalisés dans le cadre des RGCQ ont été de 4400 kg/ha, variant de 3225 à 5876 kg/ha. En 2019, les rendements moyens avaient été de 4006 kg/ha. Les rendements moyens en 2020 ont donc été supérieurs de 10 % aux rendements observés en 2019. Les variations des rendements pour un même site entre les deux années ont toutefois affiché des écarts de -13 % à +98 %. Des rendements moindres ont été observés pour 7 des 20 essais en 2020 comparativement à 2019. Les baisses de rendements ont varié de 1 à 13 % pour des baisses moyennes de 8 %. Ces baisses de rendements ont été enregistrées pour 5 des 6 essais réalisés dans le cadre des essais les plus tardifs, soit les essais 2800.

Des augmentations de rendements ont été observées pour 13 des 20 essais en 2020 comparativement aux rendements observés pour ces mêmes sites en 2019. L’augmentation moyenne a été de 23 %, variant de 3 à 98 %.

Le maïs-grain

En 2019, les semis de maïs-grain avaient été retardés de 10 à 20  jours en début de saison par rapport à 2020. L’année 2019 n’avait pas été propice, dans son ensemble, au bon développement de la culture du maïs-grain au Québec. Les rendements moyens enregistrés au Québec en 2019 (8880 kg/ha) ont d’ailleurs été moindres qu’au cours des quatre années précédentes. Il faut remonter à 2014 pour observer des rendements moindres que ceux de 2019. En général, le maïs-grain récolté en 2019 était plus humide qu’en temps normal et les poids spécifiques des grains étaient inférieurs de plusieurs kilogrammes par hectolitre. Que s’est-il passé en 2020?

Étant donné la pandémie de la COVID-19, le réseau maïs-grain a été amputé du site de Saint-Alexis-de-Montcalm, situé dans la zone de 2500 à 2700 UTM. Les sept autres sites ont été ensemencés : Saint-Mathieu-de-Beloeil, Saint-Hyacinthe et Iberville dans la zone de 2700 à 2900 UTM; Saint-Bonaventure et Saint-Samuel dans la zone de 2500 à 2700 UTM; Princeville et Saint-Augustin dans la zone de 2300 à 2500 UTM.

Le maïs a progressé plus lentement vers sa maturité qu’en temps normal au cours du mois de septembre 2020. Le maïs est parvenu à maturité, en moyenne, du 20 au 28 septembre 2020. Des gels mortels ont été observés dans la majorité des régions du Québec autour du 20 septembre. Les données recueillies dans les essais maïs-grain des RGCQ (Réseau des Grandes Cultures du Québec) permettent toutefois de constater que près de 50 % des hybrides évalués étaient parvenus à maturité avant le 20 septembre 2020. Bien que près de 50 % des hybrides n’avaient pas atteint le seuil de 35 % de teneur en eau, soit la maturité physiologique, peu d’hybrides affichaient des teneurs en eau supérieures à 40 %. Les gels observés autour du 20 septembre auraient pu causer beaucoup plus de dommages aux cultures de maïs-grain. Somme toute, les producteurs s’en sont sortis en général assez bien. En effet, le maïs avait profité d’une saison relativement chaude pour sa croissance malgré des déficits en eau en début de saison.

Les rendements moyens du maïs-grain dans l’ensemble des essais des RGCQ ont été de 19 % plus élevés en 2020 (12,9 t/ha) comparativement à 2019 (10,8 t/ha). Les hausses de rendements ont été beaucoup plus importantes pour les sites situés dans la zone 2500 à 2700 UTM avec une augmentation de 31 %. La zone de 2300 à 2500 UTM suit avec des augmentations de 15 %, tandis que celles enregistrées dans la zone de 2700 à 2900 UTM ont été de 12 %. À la récolte, les teneurs en eau des grains ont été de 5 à 6 points plus secs en 2020 qu’en 2019. En 2020, les poids spécifiques moyens des grains ont été de 66,6 kg/hl comparativement à 59,8 kg/hl en 2019, ce qui représente une différence de près de 7 kg/hl entre les deux années. Les plus grandes différences ont été observées dans la zone de 2500 à 2700 UTM avec des écarts de 10 à 12 kg/hl.

Il existe un lien très fort entre les variations annuelles des rendements obtenus dans les essais de maïs-grain des RGCQ et les variations annuelles des rendements provinciaux établis par l’ISQ (Institut de la statistique du Québec). En vertu de ce lien, les rendements provinciaux moyens seraient estimés à plus ou moins 10 tonnes par hectare en 2020. Les rendements moyens provinciaux seraient donc comparables à ceux obtenus en 2017.
 




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