Introduction des chevaux au pâturage

Ce texte est une traduction libre de « Transitioning Horses To Spring Pastures » paru dans la section question-réponse du site Web The Horse. Il a été écrit par Clair Thunes, PhD, et traduit par Marie-Ange Therrien, agronome. 

L’introduction trop brutale d’un cheval au pâturage peut entraîner des coliques ou une fourbure. Voici quelques conseils pour éviter des problèmes de santé. 

Question 
Ce printemps, j’ai transféré mon cheval dans une nouvelle écurie qui donne accès à un pâturage. Mon cheval n’a jamais été au pâturage et je ne sais pas comment faire cette transition. Elle doit être progressive, mais à quel point et comment m’assurer qu’elle soit réussie? 

Réponse 
Je suis certaine que votre cheval appréciera de pouvoir sortir et d’avoir accès à un pâturage. Mais vous avez raison : les changements alimentaires soudains, qu’il s’agisse de l’introduction de céréales, d’un changement de foin ou d’un passage au pâturage, peuvent entraîner des coliques et des fourbures s’ils sont effectués brusquement. Une transition progressive permet au système digestif de s’adapter. Les types et les quantités d’enzymes sécrétés par le système digestif du cheval dépendent de son régime alimentaire. Il en va de même pour les bactéries qui composent le microbiome de l’intestin postérieur du cheval. 

Lorsque l’alimentation des équidés change soudainement, l’intestin grêle peut ne pas digérer et absorber les composants alimentaires. Ils peuvent dans ce cas atteindre l’intestin postérieur et ainsi perturber la population microbienne du microbiome. Il peut en résulter une production de gaz, une réduction du pH de l’intestin postérieur, qui devient plus acide, et la disparition de certaines populations bactériennes, entraînant la libération de toxines. Tout cela peut contribuer à provoquer des coliques et une fourbure. 

Les pâturages de début de printemps contiennent habituellement beaucoup d’humidité, de protéines et d’hydrates de carbone non structuraux (HCNS). Les HCNS comprennent le sucre, l’amidon et des fructanes plus complexes. Les régimes à forte teneur en HCNS peuvent poser deux problèmes :
 
  1. Une transition soudaine vers un régime riche en HCNS peut provoquer la perturbation de l’intestin postérieur déjà mentionnée, car le sucre et l’amidon qui devraient être éliminés dans l’intestin grêle ne le sont pas ; 
  2. Pour les chevaux souffrant de problèmes métaboliques tels que la résistance à l’insuline et le syndrome métabolique équin, les HCNS peuvent induire une fourbure. 
Pour minimiser les perturbations de l’intestin postérieur, il faut introduire lentement les chevaux au pâturage, en particulier ceux souffrant de troubles du métabolisme, qui sont plus sensibles. Comprendre que ces chevaux peuvent être de mauvais candidats pour le pâturage est important. Avant de vous lancer dans ce projet, assurez-vous que votre cheval est un bon candidat pour le pâturage. 

Si le responsable de l’écurie croit que le pâturage apportera de réels avantages nutritionnels, il doit attendre que les champs soient bien établis avant d’y introduire les chevaux. Il peut être tentant de mettre les chevaux au pâturage trop tôt, avant que les plantes aient assez poussé. Attendez que l’herbe ait au moins six pouces de hauteur. Une règle du pouce dit que les quatre pouces inférieurs de la plante lui appartiennent toujours. Si les pâturages sont broutés en dessous de cette hauteur, vous commencez à priver la plante de sa capacité à se maintenir. Au final vos pâturages deviendront surpâturés et les plantes fourragères mourront, laissant des zones dénudées et l’occasion aux mauvaises herbes de s’installer. 

Lorsque les plantes du pâturage auront au moins six pouces de hauteur, amenez votre cheval au pâturage pour une durée initiale de 15 minutes. Vous devrez probablement garder votre animal en laisse, car les chevaux n’ont pas tous envie de rentrer après seulement 15 minutes d’un mets aussi appétant que l’herbe du printemps! Augmentez ensuite le temps au pâturage d’environ 15 minutes chaque jour jusqu’à ce que votre cheval y broute pendant environ quatre heures au total. Restez à quatre heures par jour pendant au moins une semaine avant de lui accorder un accès illimité. 

Il est clair que ce processus demande beaucoup de travail et qu’il peut donc être utile de faire preuve de créativité pour le mener à bien. Les périodes initiales de 15 à 30 minutes peuvent se dérouler assez facilement avant ou après une promenade. Accorder 15 minutes avant une promenade est un bon moyen d’apporter un peu de fourrage à l’estomac. Si vous manquez de temps, panser votre cheval pendant qu’il broute ou profitez simplement de sa compagnie. Ajoutez ensuite un peu de temps au pâturage après la promenade en guise de récompense. Programmez les périodes plus longues au pâturage pour qu’elles se déroulent le week-end ou lorsque vous avez plus de temps. Demandez à un ami de vous aider. Un peu de travail d’équipe et de créativité permettra d’habituer votre cheval au pâturage en toute sécurité. 


Source : https://thehorse.com/199596/transitioning-horses-to-spring-pastures/

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