Grandes cultures, Avertissement No 18, 12 août 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Grandes cultures
Ver-gris occidental du haricot : augmentation des captures, dépistage des masses d'oeufs recommandé. Puceron du soya : diminution des populations, dépistage recommandé dans les champs n'ayant pas atteint le stade R5. Verse du maïs : causes possibles. Chrysomèle des racines du maïs : cols d'oie observés. Syndrome de la mort subite : deux cas en Montérégie. Carence en potassium dans le soya : jusqu'à quand peut-on intervenir? Taches mauves ou brunes à la base des feuilles de maïs : pas d'inquiétude à avoir.


 
VER-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT : LES CAPTURES DE PAPILLONS CONTINUENT D’AUGMENTER
DÉPISTAGE DES MASSES D’OEUFS RECOMMANDÉ DANS LES CHAMPS À RISQUE

M. Neau 1, J. Saguez 2, J. Breault 3 et B. Duval 3
1. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)  2. Chercheur (CÉROM)  3. Agronomes (MAPAQ)
 
Les captures de papillons du ver-gris occidental du haricot (VGOH) ont continué d’augmenter dans la quasi-totalité des régions au Québec. C’est la première année, depuis le début du suivi de cet insecte en 2010, que la moyenne provinciale dépasse 200 papillons par piège. Rappelons toutefois que ce n’est pas le nombre de papillons qui justifie ou non une intervention phytosanitaire, mais bien le pourcentage de plants infestés par des masses d’œufs ou de jeunes larves.
 
Image Agri-Réseau

Dans le cadre du RAP Grandes cultures, sur 33 champs dépistés cette semaine, sept masses d’œufs ont été observées dans cinq champs : une en Chaudière-Appalaches (1 champ), deux en Montérégie-Ouest (2 champs) et quatre en Outaouais (2 champs). De nouvelles masses d’œufs ont été observées dans les deux champs de Sainte-Victoire-de-Sorel, semés avec des hybrides Bt Viptera et dépassant le seuil d’intervention. La plupart de ces masses d’œufs étaient écloses et quelques-unes étaient sur le point d’éclore. D’autre part, un champ présentant un nombre important de masses d’œufs dans le secteur de Mirabel a été rapporté au RAP Grandes cultures.

Lors du dépistage, il est important de tenir compte de la couleur des œufs et de la présence d’ennemis naturels, car cela pourrait influencer la prise de décision quant à une intervention phytosanitaire.

Consultez la fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs pour en savoir davantage ainsi que la vidéo Le ver-gris occidental des haricots : biologie, dépistage et stratégies d’intervention. Vous pouvez également consulter les avertissements du 22 juillet, du 29 juillet et du 5 août 2022 sur le sujet.



PUCERON DU SOYA : DIMINUTION DES POPULATIONS DANS LA PLUPART DES CHAMPS,
MAIS DÉPISTAGE RECOMMANDÉ DANS LES CHAMPS N’AYANT PAS ENCORE ATTEINT LE STADE R5

M. Neau 1, B. Duval 2, J. Saguez 3 et J. Breault 2
1. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)  2. Agronomes (MAPAQ)  3. Chercheur (CÉROM)
 
Depuis la semaine dernière, les populations de pucerons ont naturellement diminué dans 78 % des champs suivis par le RAP et n’ayant pas été traités avec un insecticide foliaire. De plus, environ 80 % des champs ont atteint le stade R5 (voir les données ici). Passé ce stade, un traitement insecticide a peu de chance d’être rentable. Toutefois, le dépistage est toujours recommandé pour les champs n’ayant pas encore atteint le stade R5.
 
Image Agri-Réseau

Parmi les champs n’ayant pas encore atteint le stade R5, certains ont dépassé le seuil d’alerte de 250 pucerons/plant (Capitale-Nationale [2], Centre-du-Québec [1], Chaudière-Appalaches [1] et Lanaudière [1]). Pour rappel, ce seuil indique qu’il faut suivre les champs de près en effectuant des dépistages rapprochés pour suivre l’évolution des populations de pucerons. La décision d’intervenir ou non avec un traitement insecticide doit tenir compte de l’évolution des populations de pucerons et d’ennemis naturels, de la santé des plants et des facteurs agronomiques et climatiques.

Dans les prochains jours, les populations de pucerons du soya devraient continuer de diminuer, notamment en raison de l’abondance élevée des ennemis naturels et des températures plus fraîches durant la nuit.



PLANTS DE MAÏS VERSÉS : CAUSES POSSIBLES
B. Duval 1, J. Breault 1 et M. Neau 2
1. Agronomes (MAPAQ)  2. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)
 
À cette période de la saison, il est possible d’observer des plants de maïs cassés à la base de la tige, tombés au sol ou en forme de cols d’oie. Ces phénomènes peuvent avoir plusieurs causes, telles que le phénomène appelé « green snap », des dommages causés par les larves des chrysomèles des racines du maïs, des dommages causés par certains herbicides, un mauvais enracinement et l’alimentation de certains animaux (ratons laveurs, etc.). Les deux premières causes sont présentées brièvement ci-dessous.
 
« Green snap » ou « brittle snap »
Plusieurs facteurs sont impliqués dans ce phénomène : hybride, vent, stade du maïs, conditions de croissance, certains herbicides, etc. En bref, le plant de maïs peut casser à des périodes spécifiques au cours de son développement, dont celle comprise entre deux semaines avant la sortie des croix jusqu’aux soies. Durant cette période, la tige est en croissance rapide. Les parois cellulaires sont donc plus fragiles. Si un fort vent souffle sur le champ à ce stade, il est possible que des plants cassent à un nœud près de l’épi. Certains plants ne cassent pas complètement et repoussent en forme de cols d’oie.
 
Image Agri-Réseau

Plants de maïs presque complètement cassés dû au phénomène appelé « green snap »
Remarquez la reprise de croissance des tiges vers le haut (cols d’oie encerclés en rouge) et des racines d’ancrage.

Source : C. Leblanc (MAPAQ)


Chrysomèles des racines du maïs du nord et de l’ouest
Les larves de ces chrysomèles, en se nourrissant des racines du maïs, rendent le plant moins bien ancré dans le sol. Le vent peut alors faire pencher le plant, mais celui-ci demeure partiellement enraciné. Il repousse ensuite à la verticale, prenant ainsi la forme d’un « col d’oie ». Contrairement aux plants de maïs affectés par le « green snap », les plants affectés par les larves de chrysomèles ne présentent pas de tiges cassées. Les dommages racinaires que peuvent causer les chrysomèles sont illustrés dans la section suivante.
 
Image Agri-Réseau

Plants de maïs en forme de « cols d’oie » dû à des dommages aux racines par des larves de chrysomèles des racines du maïs

Source : B. Duval, agr. (MAPAQ)


Un diagnostic précis est important afin de prévoir des méthodes de prévention et de lutte adéquates. Pour plus d’information sur les causes possibles de la verse dans le maïs, consultez le bulletin d’information Plants de maïs en forme de « cols d’oie » : causes possibles et l’avertissement N° 9 du 25 juin 2021.



CHRYSOMÈLES DES RACINES DU MAÏS : COLS D’OIE OBSERVÉS ET ÉMERGENCE DES ADULTES; C’EST LE MOMENT DE DÉPISTER VOS CHAMPS À RISQUE
J. Saguez 1, J. Breault 2, B. Duval 2 et M. Neau 3
1. Chercheur (CÉROM)  2. Agronomes (MAPAQ)  3. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)
 
À cette période de la saison, il est possible d’observer des cols d’oies et des adultes de chrysomèles des racines du maïs dans certains champs. Les adultes peuvent s’alimenter de feuillage, de panicules, de soies ou de grains dans les épis.
 
À titre d’exemple, une infestation importante de chrysomèles des racines du maïs a été constatée en Montérégie-Est dans le secteur de Saint-Hyacinthe, dans un champ en deuxième année de maïs non Bt-chrysomèle. Les fortes populations de chrysomèles adultes étaient localisées en foyers dans le champ.
 
Image Agri-Réseau

Chrysomèles des racines du maïs s’attaquant aux soies et pénétrant à l’intérieur des épis en développement

Source : J. Saguez (CÉROM)


Plusieurs plants présentant des cols d’oie ont été déterrés pour examiner les racines, qui étaient fortement endommagées par l’alimentation des larves. D’autres plants paraissant sains et collectés à proximité des zones fortement infestées ont également été déterrés et présentaient aussi des dommages aux racines. Enfin, peu de dommages racinaires ont été observés sur les plants plus éloignés des zones fortement infestées. La procédure pour évaluer les dommages racinaires est détaillée dans l’avertissement N° 14 du 15 juillet 2022.
 
Image Agri-Réseau

Photo de gauche : systèmes racinaires de trois plants de maïs d’un même hybride (à gauche : plant prélevé dans la zone fortement infestée;
au centre : en périphérie de la zone infestée; à droite : dans une zone non infestée)
Photo de droite : après le lavage des racines, les dommages causés par les chrysomèles (trous et galeries) sont bien visibles

Source : J. Saguez (CÉROM)


Dans les zones fortement infestées, les chrysomèles adultes s’étaient aussi attaquées aux soies et l’épanouillage des épis a révélé que plusieurs présentaient une pollinisation incomplète (voir l’avertissement N° 17 du 5 août 2022).

Il est fortement recommandé de dépister les champs en maïs continu pour estimer les populations de chrysomèles (par l’installation de pièges collants ou par un dépistage visuel; voir l’avertissement N° 16 du 29 juillet 2022) et évaluer les dommages aux racines et aux épis. Cela aidera à déterminer si une méthode de lutte devrait être mise en place (voir l’avertissement N° 1 du 10 février 2020). Rappelons que la rotation des cultures est la méthode la plus efficace pour lutter contre ce ravageur. Les champs de maïs semés avec des hybrides Bt-chrysomèle devraient aussi être surveillés, puisque depuis quelques années, des cas de résistance sont rapportés aux États-Unis et en Ontario. Au Québec, dans quelques cas, les données indiquent qu’une résistance est en cours de développement. En cas d’infestation majeure de vos champs, vous êtes invités à contacter votre responsable régional en grandes cultures du MAPAQ et le RAP Grandes cultures qui pourront se déplacer pour aller investiguer les champs (collecte d’adultes pour une évaluation de la résistance et évaluation des dommages racinaires).

Pour plus d’information :
  • Fiche technique : Stratégie de prévention contre la résistance de la chrysomèle des racines du maïs au maïs Bt
  • Vidéo : Comment gérer les chrysomèles des racines du maïs dans le maïs grain et ensilage



SYNDROME DE LA MORT SUBITE DANS LE SOYA : DEUX CAS EN MONTÉRÉGIE
M. Neau 1, B. Duval 2 et J. Breault 2
1. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)  2. Agronomes (MAPAQ)
 
La maladie appelée « syndrome de la mort subite » (SMS) a été détectée dans deux champs de soya en Montérégie cette année, jusqu’à maintenant. Depuis 2020, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ a confirmé sept cas de SMS (un en 2020 et six en 2021).

Si l’infection est sévère, le SMS peut causer des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 30 %. La maladie peut être associée à la présence du nématode à kyste du soya (NKS). Si des symptômes sont observés, il est recommandé de faire analyser les plants pour identifier la maladie. Si la présence du SMS est confirmée, il serait pertinent de prendre un échantillon de sol pour l’analyse du NKS (consultez la section Dépistage de la fiche technique Le nématode à kyste du soya pour la méthode à utiliser).
 
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Symptômes de SMS du soya : chlorose internervaire et nécrose des feuilles supérieures

Source : LEDP (MAPAQ)


Attention de ne pas confondre le SMS avec d’autres maladies ou désordres tels que la fusariose vasculaire, la pourriture phytophthoréenne et des carences. Vous pouvez consulter le document Maladies du maïs et du soya : des symptômes apparaissent dans les champs pour plus de détails sur ces maladies.

Pour en connaître davantage sur les symptômes de la maladie, le dépistage et les stratégies de lutte, consultez l’avertissement N° 15 du 6 août 2021.



LES CARENCES EN POTASSIUM DANS LE SOYA : JUSQU’À QUAND PEUT-ON INTERVENIR?
Y. Faucher 1, B. Duval 1, J. Breault 1, Y. Dion 1 et M. Neau 2
1. Agronomes (MAPAQ)  2. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)
 
Des carences en potassium ont récemment été observées dans le soya. Une telle carence peut diminuer substantiellement le potentiel de rendement dans cette culture. Plusieurs facteurs influencent la disponibilité du potassium. Pour en savoir plus, consultez le bulletin d’information La carence en potassium dans le soya : diagnostic et correction.

Si une intervention est justifiée, il est important d’agir dès que les symptômes sont observés. Par contre, à des stades avancés de maturité, l’application d’engrais potassique n’aura pas d’effet sur le rendement.

Un essai a été mené au Centre-du Québec en 2006 dans un champ fortement carencé en potassium (K). L’engrais granulaire a été appliqué au sol le 1er août 2006 au stade R4 et une augmentation du rendement en grains de la culture du soya a été observée.

Il est peu probable qu’une application au sol d’engrais potassique, une fois le stade R5 atteint, ait un effet sur le rendement. Le stade R5 est atteint dans plusieurs régions et une application risque d’être inefficace à cette période de l’année.

Il peut être tentant d’appliquer un engrais potassique foliaire. Les engrais foliaires contiennent une très faible quantité de potassium et n’auront donc aucun effet sur le rendement. Le soya prélève une grande quantité de potassium, par exemple, pour 3,5 t/ha de rendement, le soya prélève environ 150 kg/ha. La correction d’une carence en potassium nécessite donc un apport important de cet élément. La source de potassium la mieux adaptée pour la correction des carences en potassium dans le soya est le chlorure de potassium ou KCl (0-0-60) en application granulaire au sol.

Finalement, à ce moment de la saison, il est conseillé de noter les champs où des carences sont observées afin de planifier en conséquence la fertilisation des années subséquentes.
 


TACHES MAUVES OU BRUNES À LA BASE DES FEUILLES DU MAÏS : PAS D’INQUIÉTUDE
M. Murray-Vallières et B. Duval (MAPAQ)
 
À cette période de l’été, des taches mauves ou brun foncé sont observées à la base des feuilles de maïs dans la plupart des champs. Le phénomène est aussi appelé « purple leaf sheath ». Les taches sont situées près de la jonction des feuilles et des tiges, mais également sur la surface externe des feuilles. Elles se développent lorsque le pollen et les anthères tombent et restent coincés à la base des feuilles et que les conditions environnementales humides sont favorables au développement de microorganismes secondaires, tels que des levures. Ces taches sont sans conséquence sur le rendement et la qualité des grains de maïs et ne nécessitent donc pas l’application d’un fongicide.
 
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« Purple leaf sheath » à la base d’une feuille de maïs
 Photo de  gauche : vue de l’extérieur de la feuille
Photo de droite : vue entre la feuille et la tige, avec présence de débris végétaux à l’origine des taches

Source : M. Vallières-Murray (MAPAQ)

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseur du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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