Pomme de terre, Avertissement No 14, 8 août 2025


Météo : températures plutôt de saison, précipitations faibles ou absentes. Développement de la culture : croissance variable, situations de stress par endroits; irrigation dans la majorité des régions; poursuite des récoltes de primeurs. Maladies : aucun nouveau cas de mildiou au Québec, avec des risques à la baisse mais présents; progression plutôt généralisée de maladies de faiblesse (brûlure hâtive, verticilliose, dartrose). Insectes : pression généralement basse, en hausse pour les pucerons colonisateurs.

 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 1er au 7 août 2025, des températures moins chaudes avec des valeurs près des moyennes de saison ont eu lieu le jour, avant une hausse du mercure en fin de période. Des nuits ont été particulièrement fraîches, principalement les 1er et 2 août, mais également les 5 et 6 août atteignant, par exemple, 6 °C à Saint-André-Avellin (Outaouais) et 3 °C à Saint-Léonard-de-Portneuf (Capitale-Nationale) le 1er août (consulter le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, elles ont été nulles pour une autre semaine en plusieurs endroits. Ce sont à nouveau des secteurs du centre de la province qui ont reçu des quantités mesurables, allant jusqu’à 35 mm localement dans la Capitale-Nationale (les 2 et/ou 3 août). Certains orages ont produit de la grêle par endroits (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Les épisodes de fumée se sont poursuivis sur quelques jours à plusieurs endroits. Pour la nouvelle période qui débute (soit du 8 au 14 août), Environnement Canada prévoit du temps chaud et humide qui touchera l’ensemble de la province, avec des températures sur plusieurs jours à 30-34 °C dans les secteurs sud et centre en particulier, en plus de nuits chaudes. Peu de précipitations sont annoncées, avec plus de risques en fin de période, et plus pour des secteurs situés au nord.  
 
 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE 

La croissance demeure variable selon la région. Des conditions plus tempérées et surtout des nuits fraiches en cours de période ont donné un peu de répit à la culture qui a progressé par endroits, en conditions de sol humide. Cependant, le retour prévu à des températures très élevées affectera à nouveau le développement de la culture. On rapporte du flétrissement du feuillage du bas des plants, un palissement, de l’évasement et/ou du dépérissement selon le cas dans certains secteurs du sud (ex. : Lanaudière), mais aussi du centre. Plus au nord (ex. : Saguenay–Lac-Saint-Jean), on mentionne un bon développement de la culture. En général, à travers la province, les parcelles de variétés plus tardives présentent une bonne santé visuelle, avec un potentiel de rendement intéressant. Dans des secteurs du sud et de l’est, la pratique de l’irrigation se fait de manière soutenue. Le manque d'eau fait en sorte qu'il faut gérer le niveau des étangs d'irrigation. Des cas de boulage sont rapportés par endroits (Capitale-Nationale, Saguenay–Lac-Saint-Jean). De la grêle a affecté des parcelles dans le secteur ouest de la Capitale-Nationale le 2 août (voir photo 1). Les opérations de défanage se poursuivent ou débutent au sud et au centre, afin d’améliorer la qualité des tubercules pour la vente à plus grande échelle. Les récoltes de primeurs se poursuivent avec des rendements rapportés comme bons ou satisfaisants. Avec l’affaissement de plants dans des parcelles, la présence de mauvaises herbes est de plus en plus remarquée.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1 : Dommages par la grêle sur des plants de pomme de terre
2 août 2025, Capitale-Nationale

Photo : Maxime Brière, technol. prof.
 
 

GESTION DES MALADIES

Mildiou
Aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec en cours de période. Le seul cas connu sur le territoire ne touchait pas la pomme de terre mais la tomate (en serre). La souche US-23 a été identifiée, soit la même que lors des saisons 2022 à 2024.

Le temps sec et la chaleur en cours devraient diminuer les risques de développement ou de sporulation du champignon. Cependant, il faut vérifier constamment les mises à jour dans les prévisions météo, advenant la venue de précipitations sous forme orageuse. Également, la pratique de l’irrigation, surtout en fin de journée, pourrait créer un microclimat localement favorable au champignon. De plus, il ne faut pas oublier de possibles rosées plus abondantes en cours de nuit et le matin, créant ainsi des conditions d’hygrométrie élevée favorisant le développement du champignon.

Une protection régulière de la culture devrait être maintenue en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir. Il faut porter une attention particulière aux parcelles avec des plants plus verts. Avec la saison qui avance, il peut devenir de plus en plus difficile de différencier le mildiou d’autres maladies dites secondaires.

Si la présence du mildiou est suspectée dans votre région ou dans une de vos parcelles, il ne faut pas hésiter à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre. En cas de doute, les producteurs sont encouragés à soumettre un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour une identification.

Aucun nouveau cas n’a été rapporté en Ontario en cours de période (le premier et seul remontant au 17 juillet) et aucun ailleurs au Canada. Pour le suivi par capteurs de spores au Québec, Airspore a rapporté le captage de sporanges au Québec le 4 août dernier. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, un nouveau cas a été rajouté en cours de période, soit celui de l’Ontario mentionné précédemment.

Une liste des produits homologués pour le contrôle du mildiou est disponible sur le site Web de SAgE pesticides et/ou celui du Profil ontarien pour la protection des cultures.

Brûlure hâtive
La sénescence des plants et les présentes conditions de stress ont augmenté les risques de développement de la brûlure hâtive dans l’ensemble des secteurs. On rapporte généralement un bon contrôle de la maladie à la suite d’interventions. Des collaborateurs mentionnent des niveaux d’infestations moins élevés que prévu, compte tenu des conditions favorables à la maladie en cours, avec une présence de symptômes uniquement dans le bas des plants. De la variabilité selon le cultivar et entre des producteurs d’une même région est signalée. Les cultivars de primeurs demeurent présentement plus touchés. Avec le temps sec de la semaine dernière, des taches nécrotiques (d’origine le plus souvent abiotique) sont apparues sur le feuillage de plants, ce qu’il ne faut pas confondre avec la tache alternarienne. Souvent, seule une analyse en laboratoire peut confirmer la présence de la maladie.

Voici des observations concernant d’autres maladies suivies par le RAP Pomme de terre :
 
  • Flétrissure verticillienne : augmentation du nombre de sites avec des symptômes de la maladie et ce dans plusieurs régions. Plusieurs cultivars sont touchés dont 'Russet Burbank', 'Goldrush', 'AC Chaleur', 'Chieftain', 'Norland', 'Colomba', etc.
  • Dartrose : progression du champignon responsable, pour des plants souffrant de la sécheresse, dans différents secteurs de la province. Souvent, des symptômes sont plus visibles sur le bas des tiges qui ont fané et où la base des plants est devenue exposée au soleil. Une analyse en laboratoire est souvent nécessaire pour confirmer la présence du champignon, parfois en mélange avec la flétrissure verticillienne.
  • Jambe noire : présence toujours rapportée dans des parcelles de plusieurs régions et pour différents cultivars, mais avec généralement peu de progression en cours de période, sauf sous régie d’irrigation.
  • Gale commune : un peu plus de cas rapportés en cours de période, mais encore de manière plutôt localisée et dans des secteurs ayant reçu moins de précipitations (sud de la province).
  • Plants virosés : pas de changement sur la semaine dernière, les symptômes se confondant avec d’autres associés au dépérissement de plants.
  • Moisissure blanche (pourriture sclérotique) et moisissure grise (Botrytis) : peu ou pas de nouvelle activité mentionnée en cours de période, sauf localement sous irrigation, avec des symptômes le plus souvent situés sur le feuillage du bas de plants.
 
 
GESTION DES RAVAGEURS

Le doryphore de la pomme de terre demeure sous contrôle à la suite d’interventions localisées ou avec des populations sous le seuil de nuisibilité. Des adultes d’été sont présents dans plusieurs parcelles, moins que prévu par endroits, peut-être en lien avec un bon contrôle de la 1re génération de larves. Il faut cependant poursuivre le dépistage avec le temps chaud à venir et des plants en conditions de stress. Cela est vrai particulièrement pour les cultivars plus tardifs. Le suivi permettra de déterminer ou non la nécessité d’une intervention, en fonction de la biomasse foliaire et de la date prévue de la récolte ou du défanage, entre autres.

Les populations de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeurent variables selon la parcelle et la région. Les captures sur pièges ont été généralement stables en cours de période (sous 10 individus/piège/semaine), mais localement plus élevées (jusqu’à 50) pour des parcelles en lien avec une fauche « de foin » à proximité. Cela démontre l’importance du dépistage à la ferme, champ par champ. Avec le temps ensoleillé et chaud dans les prévisions, le maintien du dépistage demeure, en particulier pour les parcelles de cultivars plus tardifs. On rappelle que le suivi par piège de la CPT devrait inclure celui de leur présence dans la parcelle, en inspectant le dessous du feuillage pour y déceler des nymphes.

Voici des observations concernant d’autres ravageurs potentiels et suivis par le RAP Pomme de terre, en cours de période :
 
  • Pucerons : le temps sec a favorisé les envolées et leur développement par endroits. On mentionne une hausse d’activité dans différents secteurs dont la Capitale-Nationale, la Chaudière-Appalaches, la Montérégie et le Bas-Saint-Laurent. La présence de miellat sur les feuilles du haut des plants indique habituellement une population plus élevée. Leur présence demeure très variable d’un champ à l’autre, d’où l’importance d’un dépistage. Au besoin, une intervention visant un autre ravageur présent (ex. : CPT) peut être jumelée. La présence identifiée d’auxiliaires comme des prédateurs (ex. : coccinelles, chrysopes) et des parasitoïdes (ex. : guêpe Aphidius) peut être suffisante par endroits pour exercer un contrôle biologique. Un défanage prochain d’un champ porteur ne justifie habituellement pas une intervention.
  • Punaise terne : faible activité rapportée en province, dans des têtes de plants.
  • Altises : moins d’activité que prévu de l’altise à tête rouge (la grosse), sauf localement avec quelques contrôles nécessaires. À noter la présence notable de l’altise de la pomme de terre (la petite) localement, comme en régie biologique dans la région de Québec.
  • Tétranyque à deux points : les quelques cas mentionnés la semaine dernière en Capitale-Nationale ont légèrement progressé, mais toujours seulement en bordures de champs, avec une surveillance qui se poursuit. Aucune activité n'est mentionnée ailleurs en province. Avec le temps chaud et sec à venir, ces acariens pourraient se développer ailleurs. Il y a des produits homologués contre ces bioagresseurs, au besoin.
  • Pyrale du maïs (Saguenay–Lac-Saint-Jean) : les adultes ont terminé la ponte et les larves sont maintenant dans des tiges, sans conséquence rapportée compte tenu de la quantité de feuillage en présence dans les parcelles touchées. 
  • Psylle de la pomme de terre : aucune capture n’a eu lieu dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

 

Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, M. Sc. agronome et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.