Crucifères, Avertissement No 16, 14 août 2025

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Crucifères
La sécheresse qui sévit actuellement entraîne plusieurs désordres physiologiques et ralentit la croissance des cultures. Il y a très peu de symptômes de maladies, sauf lorsque les champs sont irrigués par aspersion. La chaleur favorise la croissance des populations de pucerons et d'altises. La ponte de la mouche du chou dans les légumes-racines, les chenilles défoliatrices, la cécidomyie du chou-fleur et les thrips sont à surveiller.

 
ÉTAT DES CULTURES ET MALADIES

La sécheresse qui sévit actuellement affecte particulièrement les champs non irrigués, où le stress hydrique entraîne un ralentissement, voire un arrêt de croissance des cultures. On observe aussi, à l’échelle du Québec, divers désordres physiologiques, notamment des carences minérales et de la montaison prématurée. En période aride, la fertilisation n’est pas la solution à privilégier pour répondre aux besoins de la plante : seul un apport d'eau peut favoriser l’assimilation des éléments minéraux.
 

L'irrigation par aspersion présente toutefois un inconvénient, puisque cette méthode favorise la propagation de certaines maladies. En ce sens, on observe dans les champs irrigués par aspersion une légère progression des symptômes causés par la pourriture sclérotique, la pourriture molle bactérienne et la nervation noire. L'accumulation d'eau au niveau des inflorescences pourrait également augmenter l'incidence de la tache noire alternarienne (Alternaria brassicicola), à surveiller de près. En effet, en début d'infection, de petites lésions peuvent apparaître au niveau des pédicelles des crucifères-fleurs, sans provoquer de dépression apparente sur l'inflorescence ni de tache sur les feuilles. Dans ce contexte, les dommages à la récolte pourraient être sous-estimés.
 

Image Agri-Réseau

Lésions causées par Alternaria brassicicola sur du brocoli à la récolte

CIEL

Du mildiou est observé sur des vieilles feuilles de rutabaga et de navet (rabiole), mais son développement reste stable, puisque freiné par la chaleur et la sécheresse. Toutefois, une baisse des températures sous les 24 °C pourrait favoriser sa reprise. Enfin, de la rouille blanche (Albugo candida) est observée sur des mauvaises herbes dans Lanaudière, ainsi que dans quelques champs de navets de la région.
 
Image Agri-Réseau

Symptôme de rouille blanche sur une mauvaise herbe (amarante)

CIEL

Image Agri-Réseau

Symptôme de rouille blanche sur un plant de navet

CIEL

   

ACTIVITÉ DE RECHERCHE SUR LA RÉSISTANCE DES TACHES ALTERNARIENNES AUX FONGICIDES

Au cours de la saison 2025, un exercice d’échantillonnage de crucifères affectées par la tache noire alternarienne (Alternaria brassicicola) sera mené dans le cadre d’un projet sur la résistance aux fongicides. Nous vous invitons à signaler à l’équipe du CIEL tout foyer d’infection observé. Celle-ci coordonnera avec vous la collecte des échantillons. Les sites participants recevront un sommaire personnalisé à la fin de la saison. Les informations associées aux échantillons demeureront confidentielles.

Informations utiles : 

  • Titre du projet : « Protocoles par SHD pour détecter des mutations causant la résistance aux fongicides chez Alternaria spp. (et Phytophthora infestans) »

  • Cultures : Toutes les crucifères-légumes

  • Pathogènes : Alternaria brassicicola

Contact : Annie Archambault du CIEL a.archambault@ciel-cvp.ca (438) 347-1416.

 

Si vous avez des doutes sur les symptômes que vous observez, n'hésitez pas à communiquer avec l'équipe du RAP Crucifères ou les experts du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. D'ailleurs, afin d'encourager le secteur de l'agriculture biologique et la relève agricole à faire appel à ses services, le LEDP offre gratuitement des analyses à ces clientèles.
 


INSECTES RAVAGEURS


Les températures actuelles accélèrent le développement des populations de pucerons qui sont en augmentation dans plusieurs régions. Bien qu'il s'agisse d'un ravageur secondaire, la présence de miellat sur le feuillage peut affecter la croissance et la qualité des légumes. Aussi, lorsqu'une infestation n'est pas contrôlée à temps, l'efficacité des traitements phytosanitaires n'est pas optimale.

Voici le sommaire des observations pour les autres insectes ravageurs : 
  • Les altises (des crucifères, des navets) sont très actives, surtout dans le sud de la province.
  • On remarque une augmentation de l'activité de la piéride du chou et de la fausse-teigne des crucifères, occasionnant davantage de dommages foliaires.
  • La fausse-arpenteuse du chou est active par endroits dans le sud-ouest de la province.
  • Les thrips sont présents dans plusieurs champs de chou pommé. Il est important d'intervenir rapidement, avant qu'ils ne se cachent sous les feuilles de chou et qu'on ne puisse plus les atteindre avec les insecticides.
  • Les oeufs de la mouche du chou (et de la mouche des semis) sont à surveiller dans les crucifères-racines et dans le feuillage des choux chinois.
  • Le niveau d'infestation de la cécidomyie du chou-fleur varie selon les champs. On suspecte la présence de dommages par endroits, bien qu'ils soient souvent dissimulés par le développement de la pourriture molle bactérienne qui profite des portes d'entrée laissées par ce ravageur pour infecter la culture.
 
Pour toute information concernant les produits phytosanitaires homologués dans les crucifères, consultez les bulletins d'information N° 1 (herbicides) 2025, N° 2 (insecticides) 2025 et N° 3 (fongicides) 2025.

Avant d’utiliser un pesticide, il est important de lire attentivement l’étiquette du produit et de suivre les recommandations qui y sont indiquées. En tout temps, si l’information de ce communiqué diffère de celle de l'étiquette, cette dernière prime.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.




Cet avertissement a été rédigé par Marilou Ratté, agr. et Isabel Lefebvre, M. Sc. (CIEL). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du sous-réseau Crucifères ou le secrétariat du RAP. Édition : Laurianne Pichette, agr.-phytopathologiste et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.