Grandes cultures, Alerte No 1, 4 septembre 2019

Réseau d'avertissements phytosanitaires Alerte - Grandes cultures

AMARANTE TUBERCULÉE : UN SECOND SITE AU QUÉBEC

Un deuxième foyer d’amarante tuberculée a été trouvé dans un champ de soya de la Montérégie-Est*. Cette mauvaise herbe est considérée comme l’une des plus menaçantes, car elle est très difficile à contrôler et tend à acquérir facilement des gènes de résistance aux herbicides. Aux États-Unis, des populations résistantes à sept groupes d’herbicides différents, incluant les groupes 2, 4, 5, 9, 14, 15 et 27, ont été trouvées. Or, au Québec, la propagation de cette mauvaise herbe entraînerait une hausse du coût de production associé au désherbage ainsi qu’une hausse des risques pour la santé humaine et pour l’environnement, du fait de l’utilisation de traitements herbicides additionnels. La collaboration de tous est alors nécessaire pour faire face à un tel danger.

Le premier foyer d’amarante tuberculée avait été découvert à l’automne 2017, dans un champ de soya également, en Montérégie-Ouest. Cette population est résistante aux herbicides des groupes 2, 5 et 9, tandis que des tests de détection moléculaires sont en cours, au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, afin de vérifier la résistance aux herbicides de la population découverte récemment. 
 
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Figure 1 : Amarante tuberculée
À gauche : un plant d’amarante tuberculée. À droite : un foyer d’amarante tuberculée dans lequel certains plants mesurent plus de deux mètres.

LEDP (MAPAQ)


Tout comme pour le premier foyer, la source d'infestation du deuxième foyer semble être liée à l’utilisation d’une batteuse usagée en provenance des États-Unis.

Afin de limiter la dispersion de cette mauvaise herbe et aussi pour éviter toute situation similaire, il est fortement conseillé d’effectuer un dépistage de vos champs, en particulier si vous avez acheté de l’équipement agricole usagé. Soyez d’autant plus vigilant si cet équipement provient de l’extérieur du Québec.

La présence de ce nouveau foyer renforce l’importance de mettre en place des mesures de biosécurité. À cet effet, vous pouvez visionner la vidéo Nettoyage d'une moissonneuse-batteuse - Biosécurité dans le secteur des grains et consulter les fiches 2, 2A, 2B et 2C faisant partie de la trousse d’information La biosécurité dans le secteur des grains. En effet, le nettoyage de l’équipement de récolte permet de diminuer les risques de propagation des mauvaises herbes d’un champ à l’autre. De plus, une attention particulière doit être portée aux travaux agricoles qui sont effectués par un entrepreneur (travail à forfait).

La germination des graines de l’amarante tuberculée est faible lors des premières années suivant leur production. Le taux d’émergence est maximal à la 4e année, et c’est à partir de ce moment qu’elle est le plus souvent découverte dans les champs. Ainsi, lors du dépistage, gardez l’œil ouvert sur deux plantes en particulier, soit l’amarante tuberculée (figure 1) et l’amarante de Palmer (figure 2). Cette dernière n’a pas été retrouvée au Québec jusqu'à maintenant, mais la vigilance est de mise, puisqu’elle est présente dans plusieurs États américains, notamment ceux longeant le sud de l’Ontario. D'autant plus que l'amarante de Palmer peut développer de la résistance aussi aisément que l’amarante tuberculée et qu'elle serait encore plus agressive et invasive que cette dernière.**
 
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Figure 2 : Amarante de Palmer
À gauche : un jeune plant d’amarante de Palmer. À droite : un plant d’amarante de Palmer dans un champ de soya; plant très agressif et inflorescences nombreuses.

Photo de gauche : Travis Legleiter (Purdue University). Photo de droite : Tom Sinnot, (Superior Ag Resources)


Il est difficile, lors du dépistage, de différencier les amarantes grandement problématiques de celles qui le sont moins. Mais l’absence de poils sur la tige renforce l’hypothèse d’être en présence de l’amarante tuberculée ou de l’amarante de Palmer. De plus, des feuilles de forme lancéolée (voir figure 1) sont plus spécifiques à l’amarante tuberculée. N’hésitez pas à envoyer un échantillon de la mauvaise herbe au LEDP pour une identification moléculaire gratuite. Le lien pour le formulaire de demande d’analyse est disponible ici.

Pour plus d’informations sur l’amarante tuberculée, vous pouvez consulter l'alerte publiée en 2017 concernant le premier cas répertorié au Québec, la fiche technique produite par le Réseau d’avertissements phytosanitaires et la description botanique sur IRIIS phytoprotection.



Cette alerte a été rédigée par David Miville, M.Sc., agronome - malherbologiste (LEDP, MAPAQ) et Amélie Picard, M.Sc., agronome - malherbologiste (LEDP, MAPAQ) en collaboration avec le groupe de travail du RAP Grandes cultures en malherbologie. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

Le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP) a pour mission d'informer les producteurs et autres intervenants du domaine agroalimentaire québécois au sujet de la présence et de l'évolution des ennemis des cultures dans leurs régions respectives, et au sujet des meilleures stratégies pour les gérer. Les communiqués du RAP Grandes cultures sont diffusés gratuitement par ces trois canaux : par courriel, via le site Web d’Agri-réseau et via Twitter.


* L’identification a été confirmée par le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ
** Legleiter, T. et Johnson, B. 2013. Palmer Amaranth Biology, Identification, and Management. Purdue University Extension. https://www.extension.purdue.edu/extmedia/ws/ws-51-w.pdf.

 
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