Grandes cultures, Avertissement No 18, 13 août 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Grandes cultures Chrysomèle du haricot : surveillance des gousses et rappel sur les seuils économiques d’intervention. Ver-gris occidental des haricots : diminution des captures de papillons, la ponte peut se poursuivre. Puceron du soya : vigilance recommandée pour les champs n’ayant pas atteint le stade R5. Rappel : impact possible de certains insectes sur la pollinisation du maïs.

 
CHRYSOMÈLE DU HARICOT : SURVEILLANCE DES GOUSSES ET RAPPEL SUR LES SEUILS ÉCONOMIQUES D’INTERVENTION
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya

Actuellement, la majorité des champs de soya au Québec ont atteint le stade R5 ou R6, des stades sensibles aux dommages de la chrysomèle du haricot. Les adultes s’alimentent sur le feuillage des plants de soya et peuvent également s’attaquer aux gousses pendant leur remplissage. Les chrysomèles ne consomment pas directement les grains, puisqu’une fine pellicule les recouvre. Toutefois, cela pourrait indirectement affecter la qualité des grains lors de la récolte (ex. : apparition de tâches dues à la transmission d’un virus). Elles peuvent également couper les pédoncules des gousses, entraînant leur chute, ce qui pourrait réduire les rendements.
 
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Impact de la chrysomèle du haricot dans le soya : chrysomèle s'alimentant sur une gousse (à gauche); gousses endommagées par les chrysomèles (au centre); dommage observé sur un grain (à droite)

Photos : Julien Saguez (CÉROM)



Aux stades R5 et R6, les seuils économiques d’intervention sont fixés à 25 % de défoliation ou à 10 % des gousses endommagées (grignotées ou coupées). La méthode pour évaluer ces taux est expliquée dans l’avertissement Nº 16 du 31 juillet 2020. Un traitement insecticide pourrait être justifié si l’un ou l’autre de ces seuils est atteint. Enfin, il faut aussi tenir compte du nombre de chrysomèles et de leur activité (consommation ou non sur les gousses).

Le site Web de l'Université Purdue propose un tableau d’intervention en fonction des dommages aux gousses, du nombre de chrysomèles actives dans le champ et de la maturité des plants. Ceci peut servir de base au Québec, où aucun seuil n’est actuellement établi. L’évaluation du nombre de chrysomèles du haricot se fait à l’aide d’un filet fauchoir. Tout en marchant entre deux rangs, réaliser un total de 20 balayages de filet au travers d’un seul rang de soya semé aux 30 pouces en suivant un mouvement pendulaire sur le haut du couvert végétal.
 
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Il faut être particulièrement vigilant en Montérégie-Ouest, où des populations élevées de chrysomèle du haricot ont été observées dans certains champs (près de 8 chrysomèles par coup de filet fauchoir). Néanmoins, les pourcentages de défoliation et de dommages aux gousses (seuils économiques d’intervention) n’ont pas été atteints. Il est également important, lors du décompte des gousses endommagées, de distinguer les gousses coupées par la chrysomèle de celles ayant « avorté » (une des caractéristiques du soya). Ainsi, les gousses au sol ne présentant aucun dommage ne doivent pas être comptabilisées dans les gousses endommagées par la chrysomèle du haricot.

Pour connaître les insecticides homologués contre la chrysomèle du haricot, consulter cette liste sur le site Web de SAgE pesticides.

 
VER-GRIS OCCIDENTAL : DIMINUTION DES CAPTURES DE PAPILLONS, LA PONTE PEUT SE POURSUIVRE
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons

Au niveau provincial, les captures de papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont diminué cette semaine (voir la figure ci-dessous), dans 70 % des sites suivis. En revanche, les captures au Bas-Saint-Laurent ont augmenté. Les papillons ont pu migrer vers des régions où le maïs est encore attractif pour la ponte. Pour l’année 2020, le pic de captures aura eu lieu au début août. L’année 2020 est caractérisée par le pic d’abondance (nombre moyen de VGOH capturés par semaine) le plus élevé depuis que l’insecte est capturé par le RAP Grandes cultures.
 
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De par la quantité de papillons, on pourrait s’attendre à des pontes massives d’œufs de VGOH. Toutefois, le nombre de papillons ne reflète pas nécessairement le nombre de masses d’œufs observées dans les sites dépistés. De plus, de nombreux champs de maïs sont actuellement au stade de brunissement des soies, un stade apparemment moins attractif pour le VGOH. Les masses d’œufs sont habituellement pondues sur la face supérieure des 3 ou 4 feuilles du haut du plant, sur la feuille étendard ou sur des feuilles qui ont encore un port dressé. Toutefois, à un stade plus avancé du maïs, les œufs peuvent être pondus plus près des épis. Les champs dont la croissance des plants est inégale sont particulièrement à surveiller, surtout s’ils ont un historique d’infestations par le VGOH et s’ils sont situés dans des secteurs sableux.

Des masses d’œufs ont été observées cette semaine dans certains champs. Dans certains cas, de jeunes larves ont aussi été retrouvées. Ceci n’est pas surprenant, puisque des masses d’œufs ont été rapportées durant la semaine du 27 juillet et qu’en général, ils éclosent dans les 5 à 7 jours suivant la ponte. À cette époque de l’année, des larves plus grosses pourraient également être présentes dans les épis, notamment dans les champs où des masses d’œufs ont été observées plus tôt dans la saison.
 
Compilation des résultats du dépistage des masses d’œufs et des larves du VGOH dans des champs de maïs entre le 20 juillet et le 10 août 2020
Région Nombre de champs dépistés Nombre de champs où la présence de masses d’œufs ou de jeunes larves a été détectée Nombre de champs atteignant le seuil cumulatif de 5 % des plants porteurs de masses d’œufs ou de jeunes larves Seuil cumulatif maximum atteint
Abitibi-Témiscamingue 3 0 0 -
Bas-Saint-Laurent 3 0 0 -
Capitale-Nationale 1 0 0 -
Centre-du-Québec 3 2 0 2 %
Chaudière-Appalaches 6 1 0 1 %
Estrie 3 3 0 2 %
Lanaudière 3 0 0 -
Laurentides 3 1 0 1 %
Mauricie 3 0 0 -
Montérégie-Est 4 0 0 -
Montérégie-Ouest 10 10 7 17 %
Outaouais 6 4 3 30 %


Compte tenu de ces résultats, on constate que les foyers d’infestation semblent essentiellement présents en Montérégie-Ouest et en Outaouais.

Pour en savoir plus sur le dépistage et le seuil d’intervention, veuillez vous référer à l’avertissement Nº 14 du 17 juillet 2020.

Présence d’ennemis naturels
Attention, les œufs de VGOH peuvent être confondus avec des œufs de punaises pentatomides (insectes bénéfiques). Les œufs peuvent être parasités par de minuscules guêpes parasitoïdes. D'autres insectes bénéfiques peuvent également s'attaquer aux œufs de VGOH tels que les chrysopes, les punaises et les coccinelles. Voir l’avertissement Nº 17 du 7 août 2020 pour plus d’information. La présence de plusieurs de ces ennemis naturels a été signalée cette semaine dans des champs où des œufs de VGOH ont été pondus.

 
PUCERON DU SOYA : VIGILANCE RECOMMANDÉE POUR LES CHAMPS N’AYANT PAS ATTEINT LE STADE R5
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya

Les populations de puceron du soya sont en hausse depuis la semaine dernière. Dans les champs surveillés par le RAP, la moyenne provinciale est passée de 43 à 103 pucerons/plant. Plusieurs champs ont dépassé le seuil d’alerte (250 pucerons/plant), et le maximum atteint était de 746 pucerons/plant à Wotton (Estrie) lors d’un dépistage réalisé le 11 août. L’atteinte du seuil d’alerte de 250 pucerons par plant ne signifie pas qu’un insecticide doit être appliqué immédiatement, mais qu’il est nécessaire de dépister tous les 2 à 4 jours pour suivre l’évolution des populations de pucerons et des ennemis naturels, dans les champs n’ayant pas encore atteint le stade R5.

Il faut noter que 98 % des champs dépistés ont atteint le stade R5, et un traitement insecticide a peu de chance d’être rentable à ce stade. Cliquez ici pour accéder au tableau montrant le nombre de sites suivis par région, la densité de pucerons et le stade de croissance du soya dans les champs suivis par le RAP.

Compte tenu de l’augmentation des populations, une surveillance des champs n’ayant pas atteint le stade R5 est recommandée. Le stade R5 est décrit comme étant le moment où il y a présence de graines d’environ 3 mm dans une gousse à l’un des 4 nœuds supérieurs de la tige principale. Pour accéder à un guide visuel pour la détermination du stade du soya, cliquez ici. Le dépistage consiste à déterminer le nombre moyen de pucerons par plant et l’abondance des ennemis naturels.

Pour en savoir plus sur la stratégie d’intervention contre le puceron du soya et sur l’identification des ennemis naturels, veuillez consulter le bulletin d’information Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya. Vous pouvez aussi visionner la courte vidéo Le dépistage du puceron du soya en cinq points.

 
RAPPEL : IMPACT POSSIBLE DE CERTAINS INSECTES SUR LA POLLINISATION DU MAÏS
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs des semis

La pollinisation du maïs est généralement terminée au Québec, mais il est probable que certains champs de maïs aient encore des soies fraîches, attirant ainsi certains insectes (chrysomèle des racines du maïs, altise à tête rouge, scarabée japonais) pouvant causer des problèmes de pollinisation. La vigilance est donc de mise pour ces champs. L’avertissement Nº 15 du 24 juillet 2020 explique plus en détail les méthodes de dépistage et d’intervention. Si les insectes se nourrissent sur des soies sèches plutôt que sur des soies fraîches, les risques de pertes de rendement ou de qualité sont moins importants.

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.
 


Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseuse du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP) a pour mission d'informer les producteurs et autres intervenants du domaine agroalimentaire québécois au sujet de la présence et de l'évolution des ennemis des cultures dans leurs régions respectives, et des meilleures stratégies pour les gérer. Les communiqués du RAP Grandes cultures sont diffusés gratuitement par ces trois canaux : par courriel, via le site Web d’Agri-Réseau et via Twitter.
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