Grandes cultures, Avertissement No 25, 19 septembre 2025

Ver-gris occidental du haricot : pensez à évaluer les dommages aux épis de maïs. Gestion automnale de la vergerette du Canada résistante au glyphosate.


VER-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT : PENSEZ À ÉVALUER LES DOMMAGES AUX ÉPIS DE MAÏS
J. Saguez1, V. Samson2 et C. Rieux2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)

Comme nous vous l’avons mentionné dans un précédent avertissement, c’est le moment de l’année idéal pour évaluer les dommages causés par le VGOH dans vos champs de maïs. C’est également souvent une période propice pour observer les larves.

L'évaluation des dommages avant les récoltes permet :
  1. D'évaluer combien d'épis ont été endommagés par l'insecte;
  2. De déterminer s'il y a de la fusariose ou d'autres maladies dans les épis à la suite des dommages causés par le VGOH;
  3. De déterminer si la stratégie de lutte utilisée en 2025 a été efficace;
  4. De planifier si une méthode de lutte doit être envisagée en 2026.
 
L’évaluation des dommages aux épis consiste à éplucher 100 épis répartis aléatoirement dans le champ (10 épis à 10 endroits distincts ou 5 épis à 20 endroits). Cela donnera une idée du taux d’infestation par cet insecte. Notez qu’il n’y a toutefois aucun seuil d’intervention basé sur un taux d’infestation.

Lors de l’épluchage des épis, il est possible de trouver des larves de VGOH encore en train de s’alimenter. Mais les épis peuvent également être attaqués par les larves d’autres insectes : ver de l’épi du maïs, légionnaire d’automne et pyrale du maïs.
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Larves de ver-gris occidental du haricot (VGOH) et d'autres ravageurs du maïs
Notez que la larve du VGOH porte deux larges bandes brun foncé derrière la tête

Source : B. Duval, agr. (MAPAQ)


Ne soyez pas surpris si vous voyez des dommages, mais pas de larves. En effet, dépendamment de la date de ponte du VGOH dans les champs affectés, les larves pourraient déjà avoir complété leur développement, puisque ça prend entre 28 et 70 jours selon les conditions environnementales pour traverser les différents stades larvaires. Comme les pontes ont eu lieu surtout vers la fin juillet et que l’été a été assez chaud, les larves ont pu se développer très rapidement. Les larves ont également pu être attaquées par des prédateurs (oiseaux) ou d’autres ennemis naturels (punaise prédatrice).

Lors de l’évaluation des dommages aux épis, vous observerez peut-être aussi la présence de champignons pathogènes comme le Fusarium. Il est important de voir si vos épis sont contaminés, puisque les champignons pathogènes peuvent produire des mycotoxines qui ont un impact sur la santé et le bien-être du bétail. Cette évaluation vous permettra donc d’anticiper s’il faut prévoir des mesures d’atténuation du développement du Fusarium et des mycotoxines dans votre grain et votre ensilage au moment de la récolte.
 
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Développement de champignon pathogène sur un épi ayant été infesté par le VGOH

Source : J. Saguez (CÉROM)


Pour en savoir plus :
  • Maïs exprimant des protéines insecticides disponibles au Canada et statut de la résistance;
  • Fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs (grain et ensilage);
  • Vidéo Le ver-gris occidental des haricots : biologie, dépistage et stratégies d’intervention.
 

GESTION AUTOMNALE DE LA VERGERETTE DU CANADA RÉSISTANTE AU GLYPHOSATE
Publication originale 2023 : S. Mathieu1, M. É. Cuerrier1, A. Picard1 et V. Samson1
Révision 2025 : S. Mathieu1, A. Picard1 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ)

Les cas de vergerette du Canada résistante au glyphosate sont en hausse, particulièrement dans le sud-ouest de la province. En 2025, 13 nouvelles populations résistantes ont été découvertes. Jusqu’à ce jour, 86 populations de vergerette résistantes à au moins un groupe d’herbicides ont été confirmées.

Tableau 1 : Nombre de populations de vergerette du Canada résistantes aux herbicides en date du 12 septembre 2025
Région administrative Résistance par groupe d'herbicides Nombre de populations de vergerette du Canada
Centre-du-Québec 2 1
Chaudière-Appalaches 2 1
2 et 9 1
Estrie 9 2
Lanaudière 2 2
2 et 9 1
Montérégie 2 35
9 10
2 et 9 33
Total 86
Les résultats sur la résistance aux herbicides sont issus de tests de détection moléculaire réalisés par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ

La vergerette du Canada est une plante annuelle hivernante. Les graines sont produites vers les mois d’août et de septembre et présentent peu de dormance. La majorité des graines situées dans le premier centimètre de sol vont germer dès l’automne et se développer jusqu’au stade rosette (photo B). Les plants passent l’hiver sous cette forme et reprennent leur croissance hâtivement au printemps suivant, causant ainsi de la compétition aux cultures annuelles.
 
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Différents stades de la vergerette du Canada : plantule au stade 6 feuilles (A), rosette (B) et plants matures (C)

Photos A et B : LEDP (MAPAQ); Photo C : S. Mathieu, agr. (MAPAQ)


Un dépistage est recommandé, entre autres dans les champs en semis direct, pour détecter la présence de la vergerette du Canada. Afin d’aider au contrôle de cette mauvaise herbe, des actions peuvent être mises en place dès cet automne :

En prérécolte
  • Un traitement herbicide peut être effectué avant la récolte, comme dans le soya, si la population de vergerette du Canada est importante et seulement si vous craignez qu’elle nuise à la récolte, puisque les plants de vergerette ayant produit des graines ont déjà complété leur cycle vital et mourront. Plus d’informations sur les traitements en prérécolte sont détaillées dans la fiche Gestion des mauvaises herbes en fin de saison dans le soya. Notez que le glyphosate ne sera pas efficace si la mauvaise herbe a été confirmée résistante au groupe 9. Par ailleurs, si vous suspectez de la résistance, il est important de faire une demande d’analyse auprès du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP). Pour plus d’information sur les méthodes d’échantillonnage et les procédures à suivre pour les tests de détection de la résistance, consultez Votre trousse « Résistance des mauvaises herbes » pour 2025.  
 
En postrécolte
  • Travailler le sol : la vergerette du Canada étant adaptée aux systèmes sans travail de sol, la population de vergerette nouvellement établie pourrait être réduite en travaillant le sol quelques semaines après la récolte de la culture principale. En cas de forte densité, il est toutefois possible que le contrôle ne soit pas optimal, puisque le système racinaire de la plante peut retenir du sol et lui permettre de survivre. L’incorporation des graines à plus de 6 cm de profondeur par un travail de sol les empêchera de germer, mais leur survie sera prolongée. Cependant, il faut rester vigilant si un second travail de sol en profondeur est effectué, puisque les graines seront remontées à la surface et pourront alors germer.
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Biomasse racinaire de vergerette du Canada, 5 mai 2025

Photo : S. Mathieu, agr. (MAPAQ)

 
  • Semer une culture de couverture ou une céréale d'automne : elle permet de compétitionner la mauvaise herbe. Un essai en Ontario a démontré qu’un travail du sol réalisé quelques semaines après la récolte suivi de l’implantation d’une culture de couverture de seigle d’automne a permis de diminuer la vigueur et la population de vergerette du Canada grâce au phénomène d’allélopathie, ce qui a facilité le contrôle de la mauvaise herbe l’année suivante. L’implantation d’une céréale d’automne, comme le blé, aidera également au contrôle puisque la plante ne tolère pas l’ombre.
  • Appliquer un traitement herbicide : il doit être appliqué seulement lorsque la plante est toujours en croissance active. Les matières actives comme le dicamba, le 2,4-D, le saflufenacil et le diflufenzopyr offrent un bon contrôle. On doit toutefois s’assurer de faire une rotation des groupes d’herbicides, en tenant compte des herbicides ayant été appliqués dans le passé, pendant la saison et ceux qui sont prévus à la saison prochaine, tout en tenant compte de la culture qui sera ensemencée ainsi que des résistances des autres mauvaises herbes présentes, s'il y a lieu.

D’autres méthodes de lutte peuvent être envisagées comme la fauche si la vergerette du Canada n’a pas encore produit de graines. L’arrachage manuel suivi d’une disposition adéquate des plants en dehors du champ est aussi une option pertinente lorsque la mauvaise herbe est présente en foyers localisés.
 
En prévision de la prochaine saison, si la culture prévue est du soya transgénique, les variétés de soya tolérant différents herbicides tels que le 2,4-D, le dicamba, le glufosinate, le glyphosate, connues sous différentes marques de commerce (p. ex. : LIBERTYLINK, ROUNDUP READY 2 XTEND, XTENDFLEX ET ENLIST E3), offrent des options de désherbage qui peuvent aider au contrôle de la vergerette du Canada. Toutefois, le choix de l'herbicide doit être fait en fonction du profil de résistance des mauvaises herbes présentes dans le champ, afin d'assurer une gestion durable et efficace.

Pour plus d’information, consultez la fiche sur la vergerette du Canada.
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.