Cultures maraîchères et fruitières en serre, Avertissement No 3, 30 juin 2025

 

RECRUDESCENCE DE LA CLADOSPORIOSE DU CONCOMBRE SOUS SERRE

Les conditions climatiques observées en début de printemps, marquées par une humidité relative élevée, ont favorisé l’établissement de la cladosporiose, aussi appelée gale (Cladosporium cucumerinum) dans les cultures de concombre sous serre. Une recrudescence de la cladosporiose a été observée au cours des dernières années, dans les serres en régie biologique cultivées en plein sol. Des cultivars tels que Katrina, bien qu’ils portent le code de haute résistance au Cladosporium (HR-Ccu), commencent à présenter une certaine sensibilité à cette maladie.

Les premières lésions de la cladosporiose apparaissent sous forme de taches foliaires mesurant de 2 à 5 mm sur les feuilles les plus âgées, généralement à la base des plantes. Ces lésions de forme irrégulière aux contours arrondis sont d’abord de teinte gris pâle et translucide, puis prennent une teinte beige et sont d'apparence sèche à mesure que le tissu se nécrose. Les taches s’agrandissent et fusionnent parfois entre elles (photos 1 et 2).
 
Image Agri-Réseau

Photos 1 et 2 : Symptômes suspects observés aux stades initial et avancé de l’infection par Cladosporium cucumerinum
Source : C. Baez, agr. et N. Simard, agr.

 

Par ailleurs, nos observations indiquent une bonne résistance chez certains cultivars récemment introduits. Pour consulter la liste complète des cultivars recommandés, référez-vous à l’avertissement N° 3 du 4 juillet 2024.

Les photos 3 et 4 montrent le cultivar Khassib RZ F1(HR-Ccu), de type libanais, cultivé dans une serre ayant un historique de cladosporiose. Ces photos, prises au début et à la fin du mois de juin 2025, montrent l’absence de symptômes aux nouvelles races de Cladosporium cucumerinum, ce qui suggère une bonne tolérance du cultivar jusqu’à présent.
 
Image Agri-Réseau

Photos 3 et 4 : Cultivar Khassib RZ F1 de Rijk Zwaan portant le code de résistance HR-Ccu et commercialisé par Seminova
Source : Ferme Labelle & St-Amour (C. Baez, agr.)



Bien que les symptômes foliaires soient les plus fréquemment observés, cet organisme pathogène peut également infecter les fruits et les tiges. Les conditions optimales à l’apparition de la maladie incluent une humidité relative élevée, associée à la présence de condensation sur les surfaces foliaires, particulièrement lorsque les températures nocturnes à l’intérieur de la serre varient entre 17 et 20 °C.

La détection précoce des premiers symptômes constitue une étape clé dans l’élaboration d’une stratégie de gestion intégrée. La première mesure préventive consiste à réduire la durée de mouillure foliaire au moyen de pulses de déshumidification, en réalisant des séquences de chauffage combinées à la ventilation pendant 10 à 20 minutes, toutes les 4 heures, durant les nuits humides.

L’élimination des feuilles infectées permet de réduire la pression de la maladie et d’améliorer la circulation de l’air entre les plantes. De plus, le maintien d’un nombre optimal de feuilles par plante permet l’installation du ballon de chauffage à l’intérieur des rangs, ce qui favorise un meilleur séchage du feuillage.

L’irrigation constitue un autre aspect essentiel de la lutte préventive. Il convient d’éviter les excès d’arrosage et de terminer les apports en eau tôt afin de limiter l’humidité résiduelle dans le sol durant la nuit. Il est également important de réparer rapidement les tuyaux endommagés pour prévenir les fuites d’eau et d’installer un couvre-sol afin d’empêcher la remontée d’humidité dans la serre.

Enfin, d’autres mesures préventives de désinfection doivent être mises en place dans les serres ayant un historique de cette maladie, notamment l’élimination complète des résidus végétaux et des mauvaises herbes à la fin du cycle de culture. Pour plus de détails sur la désinfection, référez-vous à la fiche technique Le nettoyage et la désinfection des serres.

À ce jour, aucun fongicide n’est homologué contre Cladosporium cucumerinum. Toutefois, certains produits utilisés pour lutte contre d'autres champignons phytopathogènes, comme l'Oxidate 2.0 (peroxyde d’hydrogène et acide peracétique) homologué contre la moisissure olive dans la tomate, semblent avoir un effet répressif significatif sur la cladosporiose.

Il est parfois difficile d’identifier la cause de symptômes observés dans le concombre. Pour plus de photos et d’information à ce sujet, référez-vous à la fiche technique Concombre de serre : différencier les maladies des causes abiotiques.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Cet avertissement a été rédigé par Carlos Baez, M. Sc., agronome, en collaboration avec Isabelle Fréchette, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Cultures maraîchères et fruitières en serre ou le secrétariat du RAP. Édition : Laurianne Pichette, agronome-phytopathologiste et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.