Les nanoparticules d'argent dans les boues d’épuration seraient nocives pour les micro-organismes du sol

Les propriétés antibactériennes des nanoparticules d'argent (NPAg) sont de plus en plus utilisées dans une gamme de matériaux et de produits de consommation (ex. plastiques, textiles, revêtements de surface, cosmétiques). Comme leur utilisation est en augmentation,  elles  sont donc plus suscep­tibles d'être rejetées dans l'environnement. Si c’est le cas, elles pourraient avoir des effets néfastes sur les bactéries et autres organismes vivants des différents milieux.

Des chercheurs allemands ont étudié les préoccupations par rapport à la présence poten­tielle de NPAg dans les rejets ou les eaux usées, car les centres de traitement ne sont généralement pas conçus pour éliminer les NP. Les boues d'épu­ration pourraient donc contenir des NPAg et dans de nombreux pays, ces boues d'épuration sont séchées et épandues comme engrais sur les terres agricoles.

Les chercheurs ont étudié plus précisément les effets des NPAg intégrées dans les boues d'épuration sur les microorganismes du sol. Ils ont exploré d'abord les effets des NPAg quand elles sont appliquées sous forme pure (sans mélange avec des boues d'épuration). Ils ont déterminé que les bactéries essentielles au cycle naturel de l'azote ont été de plus en plus inhibées en 28 jours d'essais. La taille globale des populations micro­biennes, en termes de biomasse, a diminué au cours de cette période.

Ils ont ensuite évalué les effets à long terme des NPAg lorsqu'elles sont incorporées dans les boues d'épuration. Les échantillons de boue ont été traités en laboratoire selon les protocoles standards utilisés dans les centres de traitements. Les cher­cheurs ont comparé également les effets des NPAg avec ceux du nitrate d'argent sous sa forme standard étant donné que l'argent avait déjà été identifié comme étant toxique pour les micro-organismes.

Plus de 90 % des NPAg et la quasi-totalité des ions d'argent ont été absorbés par les boues de décantation. Ceci implique que le processus de traitement des eaux usées n'a pas éliminé la majorité des NP ou des ions. Quand la boue contaminée a été testée sur des échantillons de sol pour plus de 140 jours, les chercheurs ont constaté des effets similaires à ceux qui avaient eu lieu dans les premiers tests de 28 jours avec les NPAg pures. 

À des concentrations qui seraient pertinentes pour les applications réelles de boues d'épuration en agriculture en Allemagne, les chercheurs ont constaté que la concentration prévisible sans effet de NPAg dans le sol (la plus forte concentration en dessous de laquelle on s'attend à ce qu’aucun effet nocif ne se produise) était de 0,05 mg/kg de sol sec. Cela équivaut à une quantité maximale de 30 mg/kg de boue sèche à chaque application au champ.

Les NPAg n’étant pas très mobiles dans le sol, et avec des applications répétées de boues contenant des NPAg, elles sont susceptibles de s'accumuler dans le sol et de devenir une source d’argent biodisponible.

Les chercheurs concluent donc que l'absorption des NPAg dans les boues d’épuration et leur durée de vie dans le sol peuvent provoquer des effets toxiques sur les micro-organismes du sol de l'écosystème terrestre.

Références : 
European Commission. 2013.  « Science for Environmental Policy ». DG Environment News Alert Service, edited by SCU, The University of the West of England, Bristol; En ligne.  

Schlich, K. et al. (2013). « Hazard assessment of a silver nanoparticle in soil applied via sewage sludge ».  Environmental Sciences Europe. 25: 17. En ligne.