Vigne, Avertissement No 6, 26 juin 2019

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Vigne
Développement phénologique toujours en retard. Dépistage et prévention du blanc. Insectes : arrivée du scarabée du rosier dans plusieurs régions, pression généralement faible des autres espèces.
 

DÉVELOPPEMENT PHÉNOLOGIQUE

Malgré le réchauffement des derniers jours, le début de la saison 2019 demeure très en retard par rapport aux autres années en ce qui concerne l’accumulation de degrés-jours pour le développement de la vigne. Consultez ce tableau pour visualiser les différences entre les années qui, parfois, sont plus du double.

Sur les sites les plus chauds de la Montérégie, le stade « début floraison » (EL9) est atteint pour quelques cépages (Frontenac rouge et Marquette).

Pour un aperçu de l’évolution régionale des degrés-jours, vous pouvez consulter le document disponible sur le site Web Vigne et vin d’Agri-Réseau.

Consultez Agrométéo Québec pour un visuel provincial de l'état d'avancement du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne.

 
PRÉVENTION, PROTECTION DURANT LA FLORAISON, OUI MAIS…

La floraison (EL19 à EL21) est débutée dans les secteurs les plus chauds. Il s’agit d’un stade critique où les traitements fongicides de protection sont souvent nécessaires pour protéger la récolte contre la majorité des maladies (anthracnose, mildiou, blanc, pourriture noire et pourriture grise).

 
MALADIES

Blanc
Les sites les plus chauds en Montérégie ont franchi ou franchiront au cours des prochains jours le seuil du 400 DJ6. Le risque de développement de la maladie est encore considéré comme faible, mais ajustez la protection de vos vignes selon votre historique de maladie et la sensibilité des cépages présents dans votre vignoble. À ce niveau de risque, le dépistage est de mise et s’il y a apparition de taches blanches, les traitements fongicides doivent commencer. Le risque se rapproche pour la majorité des cépages.

Le cycle du blanc suit un modèle qui varie en fonction des degrés-jours en base 6 accumulés depuis le stade pointe verte (EL05). Ce modèle peut être utilisé afin de déterminer le meilleur moment pour commencer les traitements en fonction de la sensibilité des différents cépages à la maladie. Ce modèle donne un bon aperçu de ce qui s’en vient, mais comme les données météorologiques proviennent de stations situées plus ou moins en régions viticoles, le dépistage demeure votre meilleur outil pour cibler le meilleur moment d’intervention. 

Si aucun traitement préventif n’a été fait, surveillez vos vignes pour détecter les premiers symptômes de blanc (décolorations jaunes sur les feuilles suivies de taches blanc grisâtre poudreuses très fines) sur les cépages moyennement sensibles (Seyval, Vandal-Cliche et De Chaunac) et très sensibles (Chancelor, Chardonnay, Riesling et Geisenhein 318) afin de pouvoir intervenir au bon moment. Les stades à risque vont de 4 à 5 feuilles déployées (EL12) jusqu’à la véraison (EL35). Le dépistage et la prévention sont donc de mise.

Les traitements contre le blanc peuvent être faits en prévention dès les premiers signes de la maladie, en pré et postfloraison. Vous devriez dépister vos vignes au moins jusqu’au stade véraison (EL35) pour détecter si des symptômes de blanc sont présents. La maladie peut toucher toutes les parties des plants : feuilles, tiges, vrilles et fruits. Les premiers symptômes pourraient être visibles dès la floraison, principalement dans les secteurs ombragés du vignoble et sur les cépages très sensibles à la maladie.

Ce dépistage vous aidera à déterminer si vous devez intervenir et à quel moment. Le blanc se développe par temps chaud sans pluie, car la pluie inhibe la germination des spores. La température optimale de développement du blanc est de 25 °C.

Plusieurs références sont disponibles concernant la sensibilité des cépages aux diverses maladies, dont le blanc :
  • Annexe 1 du Guide d’identification des principales maladies de la vigne
  • Le Guide d’identification des cépages cultivés en climat froid
  • Le tableau 6.2 (page 29/36) du Guide de protection des cultures fruitières 2018-2019

La protection contre le blanc dans les vignobles devra être ajustée en fonction des précipitations et du développement des grappes. Pour la majorité des produits protectants, le lessivage survient après 20 à 25 mm de pluie, sauf dans le cas du cuivre et du soufre où il se produit généralement après environ 10 mm, ce qui peut arriver rapidement lors d’orages.

Il est à noter que plusieurs produits appliqués en protection et homologués contre d’autres maladies ont aussi des effets sur le blanc. Cet élément est à considérer dans le choix de produit. De plus, si des symptômes de la maladie sont visibles, il est préférable d’intervenir en protection plutôt qu’en éradication afin de diminuer les risques de développement de résistance du champignon.

Plusieurs maladies sont rapportées par les collaborateurs dans l’ensemble des régions : anthracnose, excoriose, pourriture noire et mildiou. Pour plus de détails sur ces maladies, revoyez l'avertissement N° 3 du 7 juin 2019 et l'avertissement N° 4 du 13 juin 2019.

Afin de déterminer s’il est nécessaire d’intervenir avec un fongicide, le dépistage est une étape importante de la gestion intégrée des ennemis des cultures.

Si vous avez un historique de dommages ou des cépages sensibles aux différentes maladies, la protection avant les périodes pluvieuses est importante dès le stade pousse verte (EL06). Consultez le document Gestion raisonnée des principales maladies de la vigne au Québec pour savoir quand intervenir et le Guide d’identification des principales maladies de la vigne pour savoir comment dépister les principales maladies dans la vigne.

De plus, lors d’une période de développement foliaire intense, les traitements sont à renouveler fréquemment afin de protéger les nouvelles feuilles et pousses. Afin de prévenir la résistance aux fongicides, assurez-vous de faire une rotation des matières actives (groupes chimiques) utilisées. Pour vous aider à choisir, consultez votre conseiller et SAgE pesticides.

 
INSECTES
 

Scarabée du rosier
Le scarabée du rosier est finalement arrivé dans plusieurs régions viticoles : Montérégie-Est, Montérégie-Ouest, Laurentides et Estrie. Une technique de dépistage est très bien décrite dans le bulletin d'information N° 6 du 30 mai 2013.

Image Agri-Réseau

Scarabée du rosier

LEDP (MAPAQ)


Plusieurs autres insectes ont été aperçus par les collaborateurs durant la dernière semaine. Cependant, tout comme pour la semaine précédente, leur pression est demeurée très faible.

Si vous devez intervenir avec un insecticide, faites-le de préférence avec des produits dont les IRE sont faibles et lors de périodes pendant lesquelles les pollinisateurs, dont les abeilles, sont peu actifs : en soirée, par temps nuageux, etc.

Pour l’instant, les traitements insecticides sont rarement nécessaires pour maîtriser les insectes dans les vignobles du Québec. Il est important de justifier chaque intervention afin de préserver l’équilibre entre les ravageurs et les insectes utiles. Des traitements de bordures ou localisés sont possibles dans certains cas. Discutez-en avec votre conseiller afin de déterminer quelle sera la meilleure stratégie à adopter.

Vous retrouverez des informations sur l’acariose, l’érinose, l’altise de la vigne, le phylloxéra, la tordeuse de la vigne, ainsi que le scarabée du rosier dans l'avertissement N° 3 du 7 juin 2019 et l'avertissement N° 4 du 13 juin 2019. Pour la cécidomyie, le complexe des cicadelles et la ptérophore de la vigne, revoyez l’avertissement N° 5 du 20 juin 2019.

 
FERTILISATION, CARENCES ET ANALYSE FOLIAIRE

Les observations de carences en magnésium se poursuivent principalement sur le cépage Frontenac rouge. Les symptômes apparaissent d'abord sur les feuilles les plus âgées et s'étendent vers le sommet des rameaux. Lorsque les symptômes apparaissent avant la floraison, on peut soupçonner une carence sévère qui pourrait engendrer des baisses de rendement.

Pour en lire davantage sur les carences et les analyses foliaires, consultez l'avertissement N° 5 du 20 juin 2019. 

 
OPÉRATIONS CULTURALES

Contrôle chimique des mauvaises herbes
Une attention particulière doit être apportée à la gestion des mauvaises herbes tout au long de la saison.

Si la pression des mauvaises herbes est élevée et que vous prévoyez utiliser des herbicides, plusieurs produits peuvent être appliqués dans un vignoble en production. Pour en savoir plus, consultez SAgE pesticides ou la fiche sur les Stratégies de lutte contre les mauvaises herbes dans la vigne.

Tout comme pour les autres types de pesticides, il est important d'alterner les matières actives pour diminuer les risques que les mauvaises herbes développent de la résistance.


Palissage des vignes
La chaleur et la pluie des derniers jours stimulent la croissance des vignes qui poussent à grande vitesse! Ne vous laissez pas dépasser par cette agile grimpante! Les opérations de relevage et de palissage effectuées par les vignerons sont importantes afin d’assurer une exposition maximale des vignes au soleil. L’exposition des futures grappes au soleil favorise la productivité et réduit les risques de coulure. De plus, lorsque ces opérations sont réalisées tôt, c’est-à-dire avant la floraison, l’absence de vrilles facilite le positionnement. Cette tâche peut donc se faire plus rapidement et réduire les coûts de main-d’œuvre. Utilisez des fils releveurs pour vous faciliter la tâche. En favorisant une meilleure exposition des vignes au soleil et une meilleure pénétration des traitements phytosanitaires, on réduit aussi les conditions favorables au développement des maladies. En effet, le blanc de la vigne se développe en conditions humides et ombragées. Les autres maladies telles que le mildiou, l’anthracnose, la pourriture noire et la pourriture grise se développent lorsque la vigne est mouillée pendant une période prolongée.

L’adoption de bonnes pratiques culturales dès les premières années suivant la plantation de la vigne rendra les travaux d’autant plus faciles lors des saisons subséquentes.

Pour en savoir plus, consultez le Guide des bonnes pratiques en viticulture.
 
 
Pour plus d'information
  • Affiche de production fruitière intégrée pour la vigne
  • Bien préparer votre pulvérisateur
  • Bulletin d'information Spécial phytoprotection bio 
  • Formulaire pour une demande d’analyse au laboratoire
  • Justification et prescription agronomiques
  • Programme Prime-Vert
  • SAgE pesticides
  • Webinaire Protégez vos cultures, protégez votre santé



Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron, agronome, et Evelyne Barriault, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP.  La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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