Cultures ornementales en serre, Avertissement No 4, 24 mars 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cultures ornementales en serre

État de la situation des cultures ornementales en serre : selon nos collaborateurs, les végétaux livrés la semaine dernière étaient en général exempts de ravageurs et de maladies. On note la présence modérée de tétranyques à deux points, de thrips, de tarsonèmes trapus, de pucerons, d’aleurodes et de cochenilles sur certaines variétés livrées récemment (arrivages).

***Avec les impacts du coronavirus lié à la COVID-19 à travers le monde, les dates de commandes d’auxiliaires en lutte biologique sont modifiées chez certains fournisseurs. Vérifier auprès de votre représentant.***

Les ennemis des cultures nommés ci-après ont été observés dans des arrivages de plantules ornementales. L’objectif de cet avertissement est d’attirer l’attention des producteurs lors du dépistage, dès la réception des plateaux.
 
Tétranyques et dommages sur Colocasia

Tétranyques à deux points et dommages sur Colocasia

Photo : IQDHO

Tétranyque à deux points : dépisté en faible quantité dans des arrivages de Cordyline, Solanum (étoile de Bethléem), Glechoma et Ipomoea, et en plus grande quantité dans Cyperus et Dracaena.

Dans le cas où les plants reçus comptent beaucoup de tétranyques à deux points, ou si une infestation se développe en cours de culture, appliquer des traitements avec des acaricides homologués permettant une réintroduction rapide de prédateurs. Par exemple, on peut introduire des auxiliaires le lendemain de l'application de produits à base d'huile minérale et de savon.

Introduire des acariens prédateurs tels que Neoseiulus fallacis, N. californicus, N. cucumeris ou Phytoseiulus persimilis dès la réception des végétaux ou dès que possible après un traitement local. Poursuivre le dépistage chaque semaine afin de s’assurer que le contrôle est bien effectué par les auxiliaires et intervenir au besoin.
 
Fiche technique Tétranyque à deux points
 
Larves de thrips sur verveine

Larves de thrips sur verveine

Photo : IQDHO

Thrips : faibles populations dans des arrivages de Bacopa, Duranta et Alocasia.

Introduire des auxiliaires comme Neoseiulus cucumeris et Amblyseius swirskii dès la mise en culture. L’arrivée du temps plus chaud et ensoleillé fournira des conditions favorables au développement du thrips. Traiter les foyers avec des insecticides compatibles, par exemple à base de champignons entomopathogènes comme Beauveria bassiana, qui ne nuit pas aux acariens prédateurs nommés ci-dessus.

Installer des pièges collants jaunes à la hauteur des plants en culture pour dépister les thrips et surveiller leur progression. Remplacer les pièges régulièrement afin de bien y repérer les insectes.
 
Fiche technique Thrips des petits fruits et thrips de l’oignon
 
Dommages de tarsonème trapu sur Begonia

Dommages de tarsonème trapu sur jeunes feuilles de Begonia

Photo : IQDHO

Tarsonème trapu : dépisté dans certains arrivages de Begonia boliviensis, bégonias tubéreux, Verbena et Thunbergia

Bien observer les plants dès la réception pour y repérer des dommages : déformation des très jeunes feuilles, épaississement des tissus et feuilles à la texture liégeuse. Utiliser une loupe 16X pour y repérer les minuscules acariens. Ils peuvent toutefois être présents sans qu’on puisse les apercevoir. Isoler les plants suspects et les traiter. Jeter les plants fortement atteints et traiter les plantes environnantes. Vérifier le délai d’introduction des prédateurs selon le produit utilisé.

Introduire massivement des acariens prédateurs comme Neoseiulus cucumeris, Neoseiulus californicus et Amblyseius swirskii dans les variétés qui semblent affectées et, préventivement, chez les espèces les plus sensibles.
 
Fiche technique Tarsonème trapu
 
Pucerons ailés et exuvies sur Calibrachoa

Pucerons ailés et exuvies sur Calibrachoa

Photo : IQDHO

Pucerons : dépistés dans des arrivages de Celosia, Calibrachoa, Ipomoea et de jasmin.

Dépister rigoureusement les arrivages pour y repérer des pucerons et les contrôler avant leur dispersion dans la serre. Les populations denses génèrent des individus ailés qui voyagent plus rapidement et plus loin.

Dès la réception, effectuer un trempage des boutures, par exemple dans une bouillie de savon insecticide homologué à cette fin. Poursuivre un dépistage régulier sur le feuillage et sur les pièges collants (pucerons ailés). Faire des traitements insecticides locaux au besoin avec des produits homologués compatibles aux auxiliaires.

 Fiche technique Pucerons
Trialeurodes sur Verveine

Aleurodes des serres (Trialeurodes vaporariorum) sur verveine

Photo : IQDHO

Aleurodes : présents dans des arrivages de Dipladenia.

Identifier l’aleurode (Bemisia tabaci ou Trialeurodes vaporariorum) afin d’introduire les auxiliaires les plus efficaces contre l’espèce présente.

Si l’arrivage est très récent, traiter localement les plateaux atteints à l’aide d’un insecticide permettant une introduction rapide d’agents de lutte biologique par la suite. Traiter sur une plus large superficie si les aleurodes ont eu le temps de se disperser en volant. Utiliser, par exemple, des insecticides homologués à base de savon, ou à base du champignon entomopathogène Beauveria bassiana. Introduire Encarsia formosa contre Trialeurodes, ou Eretmocerus mundus contre Bemisia. Amblyseius swirskii s’attaque aux larves et aux œufs d’aleurodes, en plus de lutter contre d’autres ravageurs rencontrés en serre.

Placer des pièges collants jaunes à différents endroits de la serre afin de dépister l’apparition de foyers d’aleurodes.

Fiche technique Aleurode des serres et aleurode du tabac
 
Cochenille farineuse

Cochenille farineuse sur Vinca maculata

Photo : IQDHO

Cochenilles farineuses : présentes dans des arrivages de romarin.

Pulvériser régulièrement des produits à base de savon insecticide homologués sur la culture et contre ce ravageur. Rincer le feuillage à l’eau 30 à 45 minutes après la pulvérisation pour éviter de la phytotoxicité par l’accumulation du savon.

Si la cochenille est dépistée dans des fines herbes, s’assurer de respecter l’usage permis sur l’étiquette de l’insecticide choisi, notamment quant au délai avant la récolte.

Fiche Cochenille des serres du Jardin botanique de Montréal

Pour plus d’information
  • Plusieurs agents de lutte biologique contrôlent les ravageurs décrits dans cet avertissement. Consulter votre conseiller pour établir votre stratégie et les taux d’introduction.
  • Les fiches techniques Le dépistage des insectes dans les cultures ornementales en serre et Le dépistage des maladies dans les cultures ornementales en serre présentent les techniques de dépistage. Chacune comporte une liste des plantes les plus attractives pour les principaux insectes ou les plus susceptibles aux principales maladies.
  • Bulletin d’information N° 2 du 13 mars 2020 : Les pesticides homologués dans les cultures ornementales de serre.
  • Le tableau Compatibilité des pesticides avec la lutte biologique en serre.
  • Le site Web IQDHO - Lutte bio (et application Android) est un outil pour la gestion de la lutte biologique et intégrée en productions ornementales. L’inscription est gratuite.
  • Le site Web de SAgE pesticides donne de l’information sur les pesticides homologués ainsi que sur leur gestion rationnelle et sécuritaire.
  • Le site Web IRIIS phytoprotection est une banque de photos et d’information sur les ennemis des cultures.
 

 
Cet avertissement a été rédigé par Marie-Édith Tousignant, agr., et Benoît Champagne, dta (IQDHO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Cultures ornementales en serre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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