Vigne, Avertissement No 5, 28 mai 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Vigne
Croissance : le développement de la vigne progresse à la vitesse grand V.  Météo : chaleur accablante et humidité, attention à la phytotoxicité! Maladies présentes et à surveiller avant la pluie. Insectes présents et ceux à venir. Mauvaises herbes : excellentes conditions pour le désherbage mécanique.

 
DÉVELOPPEMENT PHÉNOLOGIQUE

Le développement foliaire a explosé avec des accumulations semblables à certaines semaines de l'été dernier. Sur les sites les plus chauds de la Montérégie, le stade EL09 (4 à 5 feuilles déployées) a été vu sur les cépages Frontenac rouge, Maréchal Foch et Marquette. Les belles conditions météo annoncées devraient encore permettre l'accélération du développement des vignes, mais aussi celle des mauvaises herbes et autres indésirables.

Pour un aperçu de l’évolution régionale des degrés-jours, vous pouvez consulter le document disponible sur la page Vigne et vin du site Web Agri-Réseau. De plus, nous vous invitons à consulter le site Web Agrométéo Québec pour un visuel provincial de l'état du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif, ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne.
 
 
MÉTÉO et PHYTOTOXICITÉ
 
Des conditions de chaleur et d'humidité accablantes sont au programme pour les prochains jours. Attention aux produits antiparasitaires que vous utilisez et aux moments auxquels vous faites vos applications! Des symptômes de phytotoxicité peuvent apparaître lors de périodes de chaleur et d'humidité élevées. Plusieurs produits, dont le soufre, ne sont pas recommandés au-delà de 25 à 27 °C ou en période d’humidité excessive qui ralentit le séchage des produits sur les plants de vigne.  


MALADIES

Avec les conditions estivales des derniers jours, les symptômes de maladies pourraient apparaître rapidement sur le feuillage si les conditions pour leur développement sont présentes. Voici les observations rapportées par les collaborateurs du réseau :
  • Anthracnose (bois) : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
  • Excoriose (bois) : Lanaudière, Mauricie, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
  • Blanc (bois) : Montérégie-Est
 
À surveiller

Mildiou 
Pour les cépages sensibles ou les parcelles avec un historique de mildiou, les traitements devraient être faits en prévention avant le développement de la maladie, ou lorsque des conditions favorables sont prévues :
  • Température entre 18 et 25 °C
  • Pluie
  • Du débourrement jusqu’à la nouaison (EL03 à EL27)

Les champignons qui causent le mildiou ont le potentiel de produire plusieurs cycles d’infection-sporulation. La stratégie de lutte optimale vise donc à bien maîtriser les infections primaires du printemps, à partir du débourrement des vignes, de façon à éviter leur propagation, et ensuite réduire les traitements après la nouaison.

Les premiers symptômes du mildiou sont souvent observés sur des pampres près du sol. On observe aussi des décolorations jaunâtres plus ou moins circulaires sur les feuilles, qu’on appelle « taches d’huile ». Si l’infection n’est pas contrôlée, un duvet blanc (fructification du champignon) se développe ensuite sur la face inférieure des feuilles.


Blanc
Les stades à risque vont de 4 à 5 feuilles déployées (EL12) jusqu’à la véraison (EL35). Les traitements contre le blanc peuvent être faits en prévention dès les premiers signes de la maladie, en pré et postfloraison. La maladie peut toucher toutes les parties des plants : feuilles, tiges, vrilles et fruits. Les premiers symptômes pourraient être visibles dès la floraison, principalement dans les secteurs ombragés du vignoble.

Si aucun traitement préventif n’a été fait, surveillez vos vignes pour détecter les premiers symptômes (décolorations jaunes sur les feuilles suivies de taches blanc grisâtre et poudreuses très fines) sur les cépages moyennement sensibles (Seyval, Vandal-Cliche et De Chaunac) et très sensibles (Chancelor, Chardonnay, Riesling et Geisenhein 318), et pour pouvoir intervenir au bon moment.


INSECTES

Les collaborateurs du réseau mentionnent la présence de quelques insectes et acariens :
  • Calepitrimerus vitis (acarien causant l'acariose de la vigne) : Montérégie-Est
  • Ériophyide de la vigne (acarien causant l'érinose) : Montérégie-Est
  • Altise de la vigne : Capitale-Nationale, Lanaudière, Montérégie-Est, Montérégie-Ouest
  • Phylloxéra : apparition des 1res  galles en Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
  • Ptérophore de la vigne : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
 
Image Agri-Réseau

Présence de taches claires en mosaïque, de couleur jaune, causées par les nombreuses piqûres d'acarien

Ephytia

Acariose de la vigne
Malformation des feuilles causée par un acarien (Calepitrimerus vitis), généralement présente lorsque le départ de la végétation est très lent au printemps. À ce moment, les attaques d'acariens, au niveau des bourgeons, provoquent l'arrêt de croissance de certains d'entre eux. Les pousses de printemps sont alors rabougries et les entre-nœuds peuvent demeurer courts.

Sur les feuilles, les piqûres d'acariens provoquent de nombreuses taches composées de nécroses brunes entourées de petites taches claires souvent allongées. Le développement des tissus est inhibé, provoquant de légères déformations de la feuille. Les feuilles apparaissent alors petites et frisées.

Les pertes de récolte peuvent être importantes les années où le départ de la vigne est difficile et où les populations d’acariens se développent rapidement.

Érinose de la vigne
Cette maladie, causée par un acarien (ériophyide de la vigne), se caractérise par des boursouflures et un feutrage blanc sur les feuilles. Les ériophyides se retrouvent dans le feutrage sur la face inférieure des feuilles. Sur les vignes établies, les dommages sont plutôt esthétiques. Toutefois, s’ils surviennent sur de jeunes vignes, ils peuvent réduire la croissance. Des traitements au soufre ou à l’huile de pulvérisation, réalisés avant la floraison, peuvent aider à contrôler ces acariens. Les traitements réalisés plus tard en saison risquent d’affecter aussi les acariens prédateurs. Ces produits sont également homologués pour lutter contre le blanc, à une dose plus élevée dans le cas du soufre. Cette dose semble très efficace sur les ériophyides. Consultez votre conseiller. Dans certains cas, des traitements localisés peuvent être faits. En Ontario, le seuil de 25 % de plants infestés est suggéré.

Image Agri-Réseau

Dommages d’ériophyides (face inférieure d’une feuille)
Evelyne Barriault (MAPAQ)

Ptérophore de la vigne (Pterophorus periscelidactylus)
Les adultes de cet insecte pondent leurs œufs tôt au printemps, avant la floraison des vignes. Lorsque les œufs éclosent, les jeunes larves se nourrissent des feuilles terminales, mais n’affectent pas les fruits. Les dommages sont généralement marginaux, concentrés dans les pourtours des vignobles près des boisés, et de faible importance économique. Il n’existe aucun seuil d’intervention contre cet insecte ni aucun insecticide homologué.

Image Agri-Réseau

Larve de la ptérophore de la vigne

MAAARO

 
 
On se prépare à leur arrivée
 

Scarabée japonais (Popillia japonica)
Les pièges Expando sont parfois employés pour capturer les scarabées japonais. Ces pièges sont utilisés avec un système d’attractif floral et une phéromone d’agrégation qui attirent les mâles et les femelles. Lorsque des scarabées sont capturés, il est important de vider les pièges au moins 2 fois par semaine. Les collaborateurs du réseau ont noté très peu d’efficacité de cette méthode de lutte. Toutefois, si vous songez à l’utiliser, l’installation des pièges doit se faire dès les premières semaines de juin en périphérie du vignoble (jusqu’à 24 pièges par hectare).

Image Agri-Réseau

Scarabée japonais

IRIIS phytoprotection

Tordeuse de la vigne (Paralobesia viteana)
Les fortes infestations en début de saison sont souvent localisées dans les parties basses des vignobles, là où la neige entraînée par le vent peut couvrir les feuilles au sol et protéger les nymphes durant l’hibernation. L’enlèvement d’hôtes intermédiaires près du vignoble (mauvaises herbes, vigne sauvage) peut réduire la migration des ravageurs vers l’intérieur des parcelles.

 
L’installation de pièges à phéromone à partir de la fin mai permet de surveiller la sortie des adultes et de bien cibler le pic des captures des différentes générations.

La confusion sexuelle pour lutter contre la tordeuse de la vigne est peu ou pas utilisée au Québec, mais présente en Ontario, avec la phéromone ISOMATE GBM. Cette méthode de lutte est une alternative aux applications d’insecticides. Toutefois, plusieurs conditions doivent être présentes pour une bonne efficacité de l'intervention. Par exemple, les diffuseurs doivent être installés avant l’émergence des papillons au printemps, soit vers le 1er juin sur les sites les plus chauds de la province.

Pour plus d’information, parlez-en à votre conseiller, car cette technique demande certaines conditions (pression du ravageur, superficie, etc.) pour assurer son succès.
 

 

MAUVAISES HERBES
 
Les conditions actuelles sont vraiment excellentes pour pratiquer le désherbage mécanique : revoyez à ce sujet l'avertissement de la semaine dernière.
 

MISES EN GARDE

Avant d'appliquer différents produits antiparasitaires, qu'ils soient biologiques ou conventionnels, relire les mises en garde de l'avertissement de la semaine dernière. 


OPÉRATIONS CULTURALES

Certaines opérations culturales, tels l'épamprage et l'ébourgeonnage, pratiquées au stade « 1 à 2 feuilles déployées » optimiseront l’aération des plants et diminueront ainsi l'incidence des maladies.
 

FERTILISATION AU SOL et FOLIAIRE

Avec le développement accéléré de la végétation, surveillez les symptômes associés à la carence en Mg qui se manifeste par un rougissement sur les cépages rouges et par un jaunissement entre les nervures des feuilles sur les cépages blancs. Les surfaces atteintes se nécrosent par la suite.

Les symptômes apparaissent d'abord sur les feuilles les plus âgées et s'étendent vers le sommet des rameaux. Le cépage Frontenac est particulièrement sensible à cette carence. Lorsque les symptômes apparaissent avant la floraison, on peut soupçonner une carence sévère qui pourrait engendrer des baisses de rendement.

Le bore favorise pour sa part la fécondation des fleurs et la nouaison. Une bonne alimentation en bore réduit les risques de coulure et de millerandage. Étant donné que le bore est peu mobile dans les plantes, on recommande généralement 2 à 3 applications foliaires avant la nouaison.

C’est le moment d'appliquer les engrais au sol ou en foliaire, selon les besoins de la vigne et l’analyse de sol. Il existe de nombreux fertilisants foliaires, dont plusieurs sont acceptés en agriculture biologique.
 
  
RÉFÉRENCES

Pour plus d'information, cliquer sur ces références.


Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.



Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron, agronome, et Evelyne Barriault, agronome  (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP.  La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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