Pomme de terre, Avertissement No 4, 5 juin 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions climatiques : chute drastique des températures et précipitations variables. Développement de la culture : émergence progressive. Insectes : hausse d’activité du doryphore et des altises. Maladies : conditions météorologiques toujours peu favorables à leur développement. Mauvaises herbes : poursuite de traitements herbicides avec une efficacité variable.

 
CONDITIONS CLIMATIQUES

Pour la période du 29 mai au 4 juin 2020, les 30 ºC et plus qui ont persisté jusqu'au 29 mai ont fait place à des températures parfois largement sous les moyennes saisonnières. Le mercure est même demeuré quelques journées sous 15 ºC. Également, du gel au sol a été observé dans plusieurs régions le 1er ou le 2 juin, avec des valeurs aussi basses que -3 ºC à Saint-Amboise, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, et -1 ºC à Lanoraie dans Lanaudière (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été plus significatives que la semaine dernière, mais elles ont été variables selon la région, les plus basses quantités étant enregistrées le long de la vallée du fleuve Saint-Laurent (voir la carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 5 au 11 juin), Environnement Canada mentionne qu’une perturbation laissera des précipitations plus ou moins significatives (10 à 25 mm) à partir d’aujourd’hui jusqu’à dimanche, selon la région. Les températures chuteront à nouveau samedi pour remonter ensuite, allant même jusqu’à dépasser les moyennes de saison. 

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

Les semis se poursuivent encore dans quelques secteurs de la province (voir le tableau ci-dessous) et on rapporte un bon rythme de ce côté. L’émergence continue à être bonne quoique plutôt progressive à la suite du retour de températures plus fraîches. D’ailleurs, des champs ont été affectés par du gel dans plusieurs régions du sud de la province où une levée était observée. Les dommages semblent à priori limités, mais selon l’intensité du gel et le stade de la culture, cela pourrait ralentir le développement des plants. La pratique de l’irrigation a été réalisée par endroits (ex. : Lanaudière) afin de protéger de jeunes plantules du froid. Également, les effets de la forte chaleur et du soleil de la semaine dernière étaient plus visibles ces derniers jours alors que des nécroses de chaleur ont été rapportées sur du feuillage ou des tiges de pomme de terre. Des épisodes marqués de vent ont aussi été observés au cours de la période (voir la photo ci-dessous). La température du sol (tôt le matin) a subi une chute importante (similaire à celle de l’air) passant de 18-20 ºC en début de période à 10-14 ºC vers la fin, ce qui peut expliquer le développement moins rapide que voulu de la biomasse foliaire de la culture, surtout en condition de buttons secs.
 
Image Agri-Réseau

Transport par le vent de particules de sable dans un champ en pomme de terre

Philippe-Antoine Taillon, agr. (MAPAQ, Capitale-Nationale), 4 juin 2020

 

État d'avancement des semis et de développement de la culture pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 4 juin 2020)
Régions Superficies ensemencées Stade de la culture (primeur)
Montérégie-Ouest et Montérégie-Est 100 % 15-22 cm
Outaouais 70 à 100 % Levée
Lanaudière 100 % 15-22 cm
Centre-du-Québec, Mauricie, Capitale-Nationale
et Chaudière-Appalaches
95 à 100 % 10-20 cm
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue 60 à 100 % Germination avancée
 
INSECTES

La chute marquée des températures et le fait que la grande majorité des champs en pomme de terre dans la province ne sont pas ou débutent le stade de l’émergence expliquent que l’activité des insectes est rapportée comme plutôt faible. La présence d’adultes du doryphore est signalée de plus en plus en bordure de champs dans des secteurs plus au sud, mais le tout est encore limité (il faut mentionner que plusieurs champs ont reçu un traitement insecticide lors du semis). On rappelle que des conditions sèches du sol ne sont pas favorables à la sortie des adultes. Un début de ponte est observé en Montérégie. Des altises sont rapportées par endroits, en bordure de champs non traités avec un insecticide au semis, mais sans impact sur la culture. Concernant la cicadelle de la pomme de terre (CPT), aucune capture n’a été comptabilisée en province selon le réseau provincial de piégeage du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ). Cependant, de faibles captures sont rapportées localement en Montérégie sur un site hors réseau d’un collaborateur du Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP).  

 
MALADIES

Les collaborateurs en province ne rapportent pas de cas notables de pourritures de plantons et de rhizoctone brun sur des tiges ou des germes dans le sol, ce qui est conséquent aux conditions plutôt sèches du sol en plusieurs endroits. Cependant, certaines semences traitées auraient été semées sans avoir été asséchées avant la plantation. Dans les secteurs où du temps chaud et de plus fortes précipitations ont eu lieu, cette mauvaise pratique pourrait favoriser le développement de maladies dans les jours à venir. Du côté du mildiou de la pomme de terre, selon le siteWeb du USA Blight, aucun cas n’a été signalé depuis le début de la saison 2020. Au Québec, en général, l’hygrométrie plutôt basse en cours de période et le temps plus froid et venteux n’ont pas représenté des conditions favorables au développement du champignon. Il est bon de rappeler que la lutte préventive contre le mildiou débute dès maintenant par une bonne gestion des tas de déchets (rebuts) et des repousses de plants de pomme de terre.

 
MAUVAISES HERBES

Les traitements herbicides de prélevée de la culture sont terminés ou se poursuivent selon la région. Les précipitations reçues par endroits et celles à venir devraient aider à améliorer l’efficacité des produits appliqués. Cependant, dans des secteurs plus au sud comme dans Lanaudière, des traitements de rattrapage en postlevée de la culture pourraient être nécessaires selon l'espèce ou le stade des adventives présentes. Les options de produits de contrôle demeurent cependant limitées (voir la publication 75F ou sur le site Web SAgE pesticides pour plus d’informations). Il est à noter qu'un bon sarclage mécanique suivi d'un buttage bien fait sont aussi de bonnes méthodes de contrôle des mauvaises herbes. Une dérive de linuron ou de métribuzine vers un champ adjacent (ex. : légumes, petits fruits) peut causer de graves dommages économiques ainsi que potentiellement nuire à la vente des produits (présence de résidus possible à la récolte d’un produit non homologué). Donc, la vigilance s’impose et il faut vérifier ce qui pousse dans les champs voisins avant de traiter et prendre les précautions en ce sens (dont la direction et la vitesse des vents lors du traitement).

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.



Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
Image Agri-Réseau