Solanacées, Avertissement No 6, 2 juillet 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Solanacées

Début de foyers de maladies bactériennes dans le poivron et la tomate. Stratégie d’intervention contre la punaise terne. Le doryphore, les tétranyques, la punaise terne et les punaises pentatomidae sont plus actifs et leur développement sera accéléré. La cicadelle de la pomme de terre est très présente et bien qu’elle soit rarement un problème dans les légumes-fruits, demeurez vigilant.  


Depuis la dernière semaine, des orages et des averses sporadiques ont permis de suppléer aux systèmes d’irrigation. Dans plusieurs cas, les réserves en eau baissent de façon alarmante. À certains endroits, les vents violents du 25 juin ont causé des étranglements au collet. L’humidité ambiante plus élevée et la mouillure du feuillage ont favorisé le début de foyers de maladies bactériennes dans le poivron et la tomate.

 

MALADIES BACTÉRIENNES : TOMATES ET POIVRONS


Les maladies fongiques ne sont pas encore signalées dans la tomate et le poivron de champ. Par contre, il sera temps prochainement de débuter une régie de traitement qui protégera à la fois contre les maladies fongiques et bactériennes. Dans le prochain avertissement, il y aura de l’information sur l’efficacité des produits contre les maladies fongiques les plus communes.

Des foyers de chancre bactérien et de moucheture dans la tomate et de tache bactérienne dans le poivron sont apparus à la faveur des orages et des averses dispersés. Le climat plus humide favorise aussi leur développement. Consultez la stratégie de traitements contre les maladies bactériennes de la tomate pour la régie de traitement recommandée. Pour le poivron, les mêmes principes s’appliquent sauf que le choix des produits alternatifs au cuivre se limite aux fongicides SERENADE OPTI et MAX à base de Bacillus subtilis. Lorsque votre mise en marché le permet, choisissez des variétés de poivron qui possèdent des résistances à plusieurs races de la tache bactériennes. Les conditions climatiques et la pression relativement faible des maladies bactériennes permettent d’espacer les traitements bactéricides aux 10 jours.
 

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Début de tache bactérienne dans le poivron

Marianne Lefebvre, agr. 

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Début de tache bactérienne dans le poivron avec tache sur le bouton floral

Marie-Ève Lavoie (MAPAQ)


 

STRATÉGIE D’INTERVENTION CONTRE LA PUNAISE TERNE
 

On signale la présence d’adultes de la punaise terne ainsi que des punaises pentatomides, mais les seuils d’intervention ne sont pas atteints pour l’instant. Avec le vieillissement des fraisières, la fauche du foin ou des mauvaises herbes, l’insecte est à surveiller étroitement, car il pourra se déplacer de ces plantes devenues moins attirantes vers les champs de poivron, de tomate et d'aubergine.


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Adulte de punaise terne sur aubergine
Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ)

         


Dommages
La punaise terne est un insecte piqueur-suceur qui s’alimente sur les points de croissance des plantes, principalement sur les boutons floraux de poivron et d’aubergine qui vont jaunir, brunir et tomber. Les adultes, tout comme les larves, peuvent aussi s’attaquer aux fruits de tomate et de poivron. Sur les fruits, on observe des zones plus claires, décolorées et diffuses. Les punaises pentatomides font le même type de dommage.
 

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Dommages de nutrition de la punaise terne sur des fruits de poivron et de tomate

Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ)

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Dommage de punaise terne sur un bouton floral de poivron avorté

Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ)

 

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Larve de punaise pentatomidae et dommage de nutrition

PRISME



Dépistage
L’adulte de la punaise terne est difficile à observer, car il s’envole rapidement lorsqu’il est dérangé. En vous approchant des plants, évitez de faire de l’ombre afin de ne pas effrayer l’insecte. Les larves sont vert pomme avec des stries brunes en vieillissant. Pour les observer, bougez les plants à leur base et soyez à l’affût de petits insectes verts qui courent rapidement sur le paillis de plastique à la recherche d’un abri. Les larves de punaise terne peuvent être facilement confondues avec des pucerons verts, à l’exception qu’elles bougent rapidement. Vous pouvez également frapper doucement les fruits au-dessus d’un contenant de plastique blanc pour recueillir les larves.


Seuils d’intervention

  • Poivron, tomate, aubergine : 5 punaises adultes ou larves dépistées pour 25 plants.
  • Poivron et aubergine : jaunissement et chutes de boutons floraux et de jeunes fruits associés à la présence de l’insecte. Dans le poivron, attention à ne pas confondre avec une chute physiologique des fruits.
  • Tomate et poivron : premiers symptômes de nutrition sur les fruits.

 

TÉTRANYQUES : AUBERGINE


On signale la présence de foyers de tétranyques dans l’aubergine en plein champ. Surveiller les bordures de champ près des chemins de ferme, car le minuscule acarien se déplace par les mouvements d’air et les nuages de poussière soulevés par la circulation des véhicules. Les insectes se trouvent sous les feuilles, mais des picots blancs (signes de nutrition) peuvent être visibles sur le dessus du feuillage.
 

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Dommages de tétranyques visibles sur le dessus des feuilles d'aubergines en tunnel

Karine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ)
 


Dans les solanacées (légumes-fruits), il n’y a pas de seuil d’intervention contre le tétranyque à deux points au Québec. Selon le Recueil des seuils d'intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères, un traitement peut être considéré si on observe plusieurs foyers, que des dommages sont visibles et que le temps sec et chaud persistant favorise leur développement.  

Les tétranyques peuvent devenir un problème en tunnel si la régie climatique favorise un manque d’aération ou un excès de chaleur. En tunnel, l’introduction de prédateurs du tétranyque peut être indiquée. P. Persimilis est à utiliser lorsqu’il y a des foyers d’infestation, et il existe d’autres auxiliaires pouvant être introduits en prévention ou en début d’infestation. Pour plus d’information sur les auxiliaires appropriés en tunnel pour lutter contre les tétranyques, consulter le Guide de production : Poivron et tomate biologiques sous abri. Si vous utilisez des auxiliaires, consultez le document Compatibilité des pesticides avec la lutte biologique en serre ainsi que votre fournisseur d’auxiliaires avant de faire des traitements.

Plusieurs acaricides sont homologués contre le tétranyque. Si le doryphore est également un problème, le MINECTO PRO contrôlera ces deux ravageurs ainsi que les altises. Certains traitements à base de savons insecticides ou d’huile peuvent être utilisés en tunnel et en agriculture biologique. Ces produits agissent par contact et doivent donc couvrir complètement les ravageurs.

 

DORYPHORE : AUBERGINE ET TOMATE


L’apparition des doryphores se fait de manière étalée, on retrouve tous les stades en même temps dans les champs. Afin de limiter le développement de résistance et pour optimiser l’efficacité des traitements, alterner les groupes chimiques et viser les jeunes larves.

Rappel : stratégie de traitement foliaire contre le doryphore de la pomme de terre dans les aubergines. Les produits homologués contre le doryphore dans l’aubergine sont tous translaminaires, sauf les produits à base d’imidaclopride (ADMIRE 240 et ALIAS 240 SC) qui sont systémiques. Les produits translaminaires ont une rémanence allant de 5 à 15 jours, mais ne protègent pas les nouvelles pousses, tandis que les produits systémiques vont se déplacer dans la sève ascendante pour protéger le nouveau feuillage.

Il est exceptionnel que l’insecte soit un problème dans la tomate, mais des foyers de doryphores ont été dépistés dans certains champs de tomate tuteurée. Les larves ont été dépistées sur les mauvaises herbes présentes dans l’entre-rang, particulièrement la morelle poilue (une solanacée). Même si le doryphore préfère s’alimenter sur les pommes de terre et les aubergines, des populations importantes dans les entre-rangs de tomates sont préoccupantes. La situation doit être suivie attentivement, surtout après une fauche dans l’entre-rang. Un traitement localisé peut être fait sur l’entre-rang des plants affectés si l’équipement le permet.

Pour les produits homologués contre le doryphore dans les tomates, consulter le tableau des insecticides et fongicides homologués dans la tomate.

 

PYRALE : POIVRON


Aucune pyrale univoltine n’a été piégée sur le réseau jusqu’à maintenant. La 2e génération de la bivoltine, qui pourrait être problématique pour le poivron, n’est pas encore débutée. Pour le moment, aucun traitement ne semble justifié dans les sites de piégeage dans le poivron. Les populations de pyrale du maïs ont chuté drastiquement au cours des dernières années depuis l’augmentation des surfaces cultivées en maïs grain et fourrager qui intègrent le gène de résistance au Bt. Consulter la fiche technique La pyrale du maïs dans le poivron afin d’évaluer si une stratégie de traitement insecticide contre la pyrale du maïs s’applique sur votre ferme.

 

CICADELLE DE LA POMME DE TERRE


La cicadelle de la pomme de terre est rarement un problème dans les légumes-fruits, mais sa présence abondante dans les pommes de terre et dans les haricots frais incite à la prudence et au dépistage. L’insecte peut aussi causer des dommages aux plants d’aubergine et dans une moindre mesure, à la tomate et au poivron.

En s’alimentant, les adultes et les larves injectent une toxine qui perturbe le développement normal des plants entraînant ce type de symptômes : jaunissement puis brunissement en « V » de la bordure du feuillage, enroulement et déformation des feuilles, et retard de croissance.

Dépistage et seuil d’intervention
Les adultes et les nymphes se tiennent à la surface inférieure des feuilles. Les premières nymphes sont vert blanchâtre et prennent une teinte vert lime en grossissant. Lorsqu’elles sont dérangées, elles se déplacent rapidement de côté comme le font les crabes. Envisager un traitement insecticide lorsqu’on dénombre de 10 à 15 adultes ou nymphes pour 50 feuilles dépistées ou une moyenne de 0,2 à 0,3 insecte/feuille.

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Aperçu de la taille d’une très jeune larve (nymphe) de cicadelle de la pomme de terre

Nadia Surdek, agr. (Groupe PleineTerre)

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Larve de cicadelle plus développée de couleur vert lime

Nadia Surdek, agr. (Groupe PleineTerre)



Insecticides
Plusieurs insecticides sont homologués pour lutter contre la cicadelle de la pomme de terre dans l’aubergine et la tomate tels que : CLUTCH 50 WDG, CYGON 480 AG, MALATHION 500, SEVIN XLR et SIVANTO PRIME.

En production biologique, le PYGANIC CROP PROTECTION EC 1,4 II est homologué contre la cicadelle pour la tomate seulement.
 

 
En raison de la crise de la COVID-19, le Québec pourrait faire face à une perturbation de son approvisionnement d’équipements de protection individuelle (EPI) au cours de l’été 2020, laquelle perturbation pourrait mener à une pénurie. En toute circonstance, le respect des étiquettes des pesticides et le port d’EPI approprié sont obligatoires (article 36 du Code de gestion des pesticides). La meilleure protection contre l’exposition aux pesticides est de porter un équipement de protection individuelle. Si vous n’êtes pas en mesure de vous procurer un EPI :
  • Ne pas appliquer de pesticides sans les EPI appropriés. Assurez-vous de porter les protections prescrites sur l’étiquette.
  • Si possible, retardez les applications jusqu’à l’obtention des bons EPI.
  • Utilisez des produits à moindre risque pour la santé (consultez SAgE pesticides) pour connaître les IRS des produits) ou pensez aux solutions de rechange.
  • Utilisez, s’il y a lieu, des pesticides qui pourraient être appliqués avec des EPI actuellement disponibles ou réutilisables, comme des gants lavables et réutilisables.
Advenant un manque dans l’approvisionnement des EPI, veuillez contacter votre fédération régionale de l’UPA pour les informer de la situation. Des démarches sont en cours pour assurer la disponibilité des équipements.
 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ) et Karine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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