Cucurbitacées, Avertissement No 7, 8 juillet 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées

Premiers foyers de tache septorienne dans la citrouille. Le blanc fait son apparition dans la courge d’hiver. Quelques cas de coulure de fruits et de mauvaise pollinisation dans le concombre et la courgette. En Ontario, premier foyer de mildiou dans des champs de concombre. Foyers de tétranyques à deux points à surveiller.

 
 
ÉTAT DES CULTURES

La période du 30 juin au 7 juillet a, comme la précédente, été marquée par la chaleur et des précipitations variables, voire absentes, selon les secteurs. Malgré tout, les cultures, même celles non irriguées, se développement bien et on commence à voir des fleurs dans les concombres de champ, les courges d’hiver et les citrouilles. Des petits fruits sont visibles dans les melons et les cantaloups. Dans bien des champs, un sarclage manuel a dû être fait en plus des sarclages mécaniques.


Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.

 
 
MALADIES FOLIAIRES
 

Depuis une semaine, la tache angulaire a peu progressé dans l'ensemble. Elle est présente dans le concombre, la courgette, la citrouille, la courge d'hiver, le melon d'eau et le cantaloup, mais son développement est faible.

La tache septorienne a été dépistée cette semaine dans la citrouille en Chaudière-Appalaches et dans la région de Québec. Elle est causée par le champignon Septoria cucurbitacearum. Il peut infecter les feuilles des cantaloups, des citrouilles, des courges d’été et d’hiver (butternut et poivrée). Les symptômes de la tache septorienne sont semblables chez toutes les cucurbitacées. Les taches foliaires sont circulaires, de couleur brune à blanche, mesurant entre 1 et 6 mm de diamètre. À l’intérieur des vieilles taches, on peut voir des petits points noirs qui sont en fait des fructifications fongiques qu’on appelle pycnides. Les lésions peuvent être encerclées d’une fine bordure brune et, avec le temps, elles finissent par se fendre. Dans le cas des fruits, seules les citrouilles et les courges butternut et poivrée peuvent être attaquées. La tache septorienne ne cause pas la pourriture du fruit, mais peut le rendre invendable étant donné la présence des petites verrues blanches qui apparaissent à la surface de l’épiderme. Il est toutefois rare d’observer des symptômes sur fruit. Certaines variétés peuvent être plus sensibles que d’autres.

L’oxychlorure de cuivre (CUIVRE EN VAPORISATEUR) et l'octanoate de cuivre (CUEVA COMMERCIAL) peuvent être des choix de pulvérisations intéressants, car en plus de la tache septorienne, ils vont aussi avoir un effet sur la tache angulaire et la tache alternarienne. 

 
Image Agri-Réseau

Vue d'ensemble des lésions causées par Septoria cucurbitacearum

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
 

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Vue rapprochée de la tache septorienne

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)

 

PREMIERS SIGNALEMENTS  DU BLANC  DANS LA COURGETTE, LA COURGE D’HIVER ET LE CONCOMBRE
 

Les toutes premières taches de blanc (Podosphaera xanthii et Erysiphe cichoracearum) ont été dépistées en Montérégie dans des champs de courgette et de concombre depuis maintenant 2 semaines. Dans la courge d’hiver, c’est le 7 juillet que le premier foyer a été dépisté dans la courge d’hiver, toujours en Montérégie.


Stratégie de traitement contre le blanc

Pour les zucchinis, les courgettes et les concombres

Dès que la récolte est terminée, détruisez les vieux plants pour qu’ils ne deviennent pas une source de contamination pour les champs plus jeunes ou pour les autres cucurbitacées. Dans les autres semis, commencez les traitements dès l’apparition des premiers symptômes.


Pour les autres cucurbitacées

Nous suggérons de commencer les pulvérisations contre le blanc dès l’apparition des premiers symptômes. Commencez les traitements avec des fongicides à sites d’actions spécifiques comme le QUINTEC (quinoxyfène), le VIVANDO (métrafénone) ou l'APROVIA TOP (Benzovindiflupyr + difénoconazole), le NOVATM  (Myclobutanil). Ces produits sont généralement efficaces contre le blanc. Cependant, le pathogène peut rapidement développer des résistances si l’on ne fait pas de rotation parmi les différents groupes de résistance des fongicides.
 
En conformité avec plusieurs études ontariennes et américaines, le 
CABRIO (difénoconazole) a perdu de son efficacité contre le blanc. Par contre, il peut toutefois supprimer les autres maladies telles que la tache alternarienne, la pourriture noire et l’anthracnose. Plusieurs fongicides ont été homologués contre le blanc ces dernières années. Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 1er mai 2020 pour voir tous les fongicides homologués contre le blanc en production biologique et conventionnelle.

 

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Premiers symptômes de blanc dans la courgette, à la face inférieure de la feuille

Marianne Lefebvre, agronome


 

ON NE RAPPORTE PAS DE MILDIOU DU CONCOMBRE AU QUÉBEC
 
Un premier foyer de  mildiou du concombre (Pseudoperonospora cubensis) a été détecté en Ontario, le lundi 6 juillet, dans un champ de concombre de transformation.
 
Si vous avez des foyers de tache angulaire, et que vous êtes à plus de 14 jours de la récolte, une application de cuivre et de mancozèbe offrira une certaine protection contre le mildiou. Faites l’application avant une pluie annoncée. Une application de BRAVO (chlorothalonil) est également un bon protectant à appliquer avant une pluie.


QUELQUES CAS DE MAUVAISE POLLINISATION
 
On rapporte quelques cas de mauvaise pollinisation dans la courgette. Lors des premières récoltes, si des fruits sont difformes ou encore jaunissent ou pourrissent à leur extrémité, ça peut être causé par un manque de fleurs mâles au moment de la mise à fruit. Une fois la floraison bien installée, au bout de quelques jours, le ratio fleurs mâles et femelles s’équilibre et la fécondation, en présence de pollinisateurs, se fait normalement.
 
Si toutefois vous observez des fruits mal fécondés alors que les fleurs mâles sont abondantes, il peut s’agir de la conséquence d’un manque de pollinisateurs ou d’une mauvaise germination des grains de pollen, c'est d'ailleurs souvent le cas dans le concombre. En période de forte chaleur, les abeilles sortent moins et sont davantage occupées à ventiler la ruche. La pollinisation  s’en  trouve  ainsi  réduite.  De  plus,  un excès d'humidité rend  le  pollen  collant,  moins  viable, et il se déplace difficilement dans la fleur femelle, affectant ainsi la capacité germinative des grains de pollen.
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Mauvaise pollinisation dans la courgette

Catherine Thireau, agronome
 

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Coulure de fruits dans le concombre

Marianne Lefebvre, agronome



INSECTES
 
Le nombre de chrysomèles rayées du concombre semble se stabiliser dans les champs. On retrouve davantage de chrysomèles dans les fleurs de cucurbitacées, là où les plants sont plus développés. Le flétrissement bactérien est cependant en hausse cette semaine.
 

On observe des masses d’œufs, des nymphes et des adultes de la punaise de la courge dans les champs de courges et de citrouilles en Montérégie. Des traitements spécifiquement contre cet insecte sont rarement nécessaires, car le seuil d’intervention se situe à une masse d’œufs par plant.
 

Le temps chaud et sec des dernières semaines a été favorable au développement des acariens. Aussi, quelques collaborateurs nous rapportent des foyers de tétranyques à deux points dans les concombres et les cantaloups, en Montérégie, en Chaudière-Appalaches et dans la région de Québec. Dans les cucurbitacées, il n’y a pas de seuil d’intervention contre le tétranyque à deux points au Québec. Selon le Recueil des seuils d'intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères, un traitement peut être considéré si on observe plusieurs foyers, que des dommages sont visibles et que le temps sec et chaud persistant favorise leur développement.  


Pour connaître les produits de phytoprotection homologués contre les acariens, consultez le bulletin d’information N° 1 du 1er mai 2020.
 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.



Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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