Cucurbitacées, Avertissement No 9, 22 juillet 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Le blanc est en progression dans plusieurs cultures, alors que les autres maladies foliaires sont plutôt stables cette semaine. Présence de pourritures de fruits causées par Phytophthora capsici dans le concombre, la courge et le melon. Pas encore de mildiou dans le concombre, au Québec, mais la vigilance s’impose.

 
ÉTAT DES CULTURES

Du temps très chaud et humide a encore prévalu pour la période du 15 au 21 juillet, sauf les deux derniers jours dont la météo était davantage dans les normales de saison. Du côté des précipitations, des orages et des averses sont tombés un peu partout vendredi et dimanche, les 17 et 19 juillet, avec des quantités d’eau très variables d’un secteur à l’autre.

Les cucurbitacées se développent généralement bien avec la chaleur et l’humidité des derniers jours. La récolte de melons brodés a débuté. 

Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.

 
MALADIES FOLIAIRES
 
Depuis une semaine, la tache angulaire a peu progressé dans l’ensemble. Elle est présente dans le concombre, la courgette, la citrouille, la courge d'hiver, le melon d'eau et le cantaloup, mais son développement est faible.

La tache septorienne a été dépistée, cette semaine, dans la courge d’hiver en Montérégie et est en augmentation dans la citrouille, dans la région de Québec. Elle est causée par le champignon Septoria cucurbitacearum. Ce dernier peut infecter les feuilles des cantaloups, des citrouilles, des courges d’été et d’hiver (butternut et poivrée). Les symptômes de la tache septorienne sont semblables chez toutes les cucurbitacées. Les taches foliaires sont circulaires, de couleur brune à blanche et mesurent entre 1 et 6 mm de diamètre. À l’intérieur des vieilles taches, on peut voir de petits points noirs qui sont en fait des fructifications fongiques qu’on appelle pycnides. Les lésions peuvent être encerclées d’une fine bordure brune et, avec le temps, elles finissent par se fendre. Dans le cas des fruits, seules les citrouilles et les courges butternut et poivrée peuvent être attaquées. La tache septorienne ne cause pas la pourriture du fruit, mais peut le rendre invendable étant donné la présence des petites verrues blanches qui apparaissent à la surface de l’épiderme. Il est toutefois rare d’observer des symptômes sur fruit. Certaines variétés peuvent être plus sensibles que d’autres.

L’oxychlorure de cuivre (CUIVRE EN VAPORISATEUR) et l'octanoate de cuivre (CUEVA COMMERCIAL) peuvent être des choix de pulvérisations intéressants, car en plus de la tache septorienne, ils auront aussi un effet sur la tache angulaire et la tache alternarienne.
 
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Vue d'ensemble des lésions causées par Septoria cucubitacearum

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)

 

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Vue rapporchée de la tache septorienne, 21 juillet 2020

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)



PROGRESSION DU BLANC DANS PLUSIEURS CULTURES
 
Le blanc (Podosphaera xanthii et Erysiphe cichoracearum) est maintenant signalé dans la courgette, le concombre, la courge et le melon, en Montérégie, en Estrie, dans Lanaudière et en Chaudière-Appalaches.

Stratégie de traitement contre le blanc

Pour les zucchinis, les courgettes et les concombres
Dès que la récolte est terminée, détruisez les vieux plants pour qu’ils ne deviennent pas une source de contamination pour les champs plus jeunes ou pour les autres cucurbitacées. Dans les autres semis, commencez les traitements dès l’apparition des premiers symptômes.

Pour les autres cucurbitacées
Nous suggérons de commencer les pulvérisations contre le blanc dès l’apparition des premiers symptômes. Commencez les traitements avec des fongicides à sites d’action spécifiques comme le QUINTEC (quinoxyfène), le VIVANDO (métrafénone) ou l'APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difénoconazole), le NOVA (myclobutanil). Ces produits sont généralement efficaces contre le blanc. Cependant, le pathogène peut rapidement développer des résistances si l’on ne fait pas de rotation parmi les différents groupes de résistance des fongicides.
 
Confirmant plusieurs études ontariennes et américaines, le CABRIO (difénoconazole) a perdu de son efficacité contre le blanc. Il peut toutefois supprimer les autres maladies telles que la tache alternarienne, la pourriture noire et l’anthracnose. Plusieurs fongicides ont été homologués contre le blanc, ces dernières années. Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 1er mai 2020 dans lequel sont listés tous les fongicides homologués contre le blanc en production biologique et conventionnelle.
 
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Présence de blanc dans la courge poivrée, à la face supérieure de la feuille, 21 juillet 2020

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)

 
 
PRÉVENIR LES PERTES CAUSÉES PAR PHYTOPHTHORA CAPSICI

Le temps chaud et les orages violents sont propices à l’apparition de foyers de Phytophthora capsici. Des plants et des fruits atteints de la maladie ont d’ailleurs été dépistés encore cette semaine dans du concombre, des courges et des melons en Montérégie.

Bien que la maladie soit très difficile à contrôler, l’application de fongicides, AVANT son apparition dans les champs à risque qui ont un historique de maladie, peut aider à freiner le développement de l'agent pathogène. Les fongicides suivants ont démontré une capacité à freiner le développement de la maladie lorsqu'ils sont appliqués préventivement : ORONDIS ULTRA, ZAMPRO, PRESIDIO et REVUS.
 
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Foyer de Phytophthora capsici dans la courge spaghetti; notez la pourriture sur le fruit en contact avec le sol

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)


 

RECOMMANDATION DE TRAITEMENT CONTRE LE MILDIOU DU CONCOMBRE
 
Pour l'instant, on ne signale pas de mildiou du concombre (Pseudoperonospora cubensis) au Québec, et il n'y a pas de nouveaux cas rapportés de l’Ontario depuis le premier foyer détecté il y a plus de 2 semaines.

Nous recommandons toutefois des pulvérisations préventives de fongicides dans les champs de concombre de transformation, de concombre frais du sud du Québec et dans les autres champs qui ont des antécédents de mildiou. Faites vos pulvérisations avant la pluie. À moins qu’il ne tombe plus de 25 mm d’eau dans le cas des fongicides à large spectre, les pulvérisations offriront une protection d’environ 7 jours.

Consulter l’avertissement No 8 du 15 juillet 2020 pour obtenir le tableau des fongicides anti-mildiou recommandés.


INSECTES

Dans certains champs, on retrouve un grand nombre de chrysomèles des racines du maïs dans les fleurs de cucurbitacées. Normalement, elles ne causent pas de dommage, car elles se nourrissent du pollen ou du nectar. Cependant, les champs dont les plants sont au tout début de leur fructification sont à surveiller étroitement, car ces insectes, s'ils sont très nombreux, pourraient aussi s'attaquer aux jeunes fruits en formation, dont l'épiderme est très tendre.
 
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Chrysomèles des racines du maïs de l'Ouest dans une fleur de courge

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)


Selon les rapports des collaborateurs, les foyers de tétranyques à deux points  se multiplient. Si plusieurs foyers sont présents à de multiples endroits dans le champ et que les récoltes sont encore loin, il peut-être pertinent de faire un traitement à ce stade-ci pour éviter que les acariens aillent sur les fruits et en diminuent leur qualité. Pour connaître les produits de phytoprotection homologués contre les acariens, consultez le bulletin d’information N° 1 du 1er mai 2020.

Quelques collaborateurs rapportent la présence de thrips sous le feuillage. Les thrips causent généralement peu de dégâts directs dans les cucurbitacées. Des taches argentées sur feuilles peuvent être observées. Les thrips sont vecteurs du virus de la maladie bronzée de la tomate (TSWV), qui ne touche pas les cucurbitacées, mais qui peut être transmis à d’autres cultures maraîchères telles que les solanacées, les haricots, les laitues.

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.



Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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