Pomme de terre, Avertissement No 12, 31 juillet 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions climatiques : températures plutôt chaudes et humides, avec plus de précipitations. Développement de la culture : rythme variable, en lien avec les précipitations reçues. Insectes et acariens : le doryphore, la cicadelle de la pomme de terre et les altises sont à surveiller, selon la région. Maladies : aucun cas de mildiou, premiers cas de dartrose, brûlure hâtive en évolution, étude sur la gale commune.

 
CONDITIONS CLIMATIQUES

Pour la période du 24 au 30 juillet 2020, le temps chaud a dominé un peu partout en province, mais avec une légère chute du mercure à partir du 28 juillet dans des régions plus au nord et à l’est surtout. Plusieurs nuits ont également été chaudes. Encore une fois, des températures de plus de 30 °C ont été enregistrées dans les secteurs plus au sud de la province, soit du 24 au 28 juillet (voir sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été plus fréquentes, mais hétérogènes et souvent sous la forme d’orages, avec passablement d’écarts selon les secteurs. Les quantités les plus importantes ont été reçues au centre de la province et dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Mentionnons, entre autres, une accumulation de 63 mm le 27 juillet à Nicolet (voir carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours, soit du 31 juillet au 6 août, Environnement Canada annonce des journées plutôt humides avec des risques de précipitations durant plusieurs jours, selon la région; plus notables les 2 et/ou 3 août. Les températures devraient se maintenir à des valeurs près de la moyenne saisonnière ou un peu au-dessus, dans les secteurs plus au sud.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

On rapporte de la variabilité dans le développement de la culture dans toute la province. Les endroits où plus de précipitations ont eu lieu au cours des dernières semaines présentent des plants plus végétatifs, avec une floraison qui s’étire (ex. : Capitale-Nationale et Saguenay-Lac-Saint-Jean). Pour les cultivars semis-tardifs à tardifs, la moyenne des champs est au stade fin floraison à début sénescence pour les régions au sud; floraison à tout début sénescence dans celles plus centrales, et début floraison à fin floraison dans celles plus à l’est et au nord. La pratique de l’irrigation s’est poursuivie localement, par endroits (ex. : Montérégie, Lanaudière), alors qu’elle est arrêtée depuis déjà environ 3 semaines dans d’autres secteurs (ex. : Capitale-Nationale). À la suite des conditions climatiques qui ont lieu depuis le début de la saison et du vieillissement de la culture, des collaborateurs rapportent plus de symptômes divers en lien avec la croissance des plants. La ou les causes exactes de ces anomalies restent souvent difficiles à déterminer. On peut mentionner de possibles carences minérales (en éléments mineurs, notamment), des taches abiotiques diverses (polluants atmosphériques, ozone, vent, excès de chaleur et d’humidité, etc.), des maladies (ex. : Verticillium, virus (photo 1), de la phytotoxicité par des pesticides (photos 2 et 3), du dépérissement prématuré, etc. Les récoltes dans les primeurs se poursuivent de la région de Québec vers l’ouest, avec des rendements plutôt dans la moyenne et une belle qualité. On mentionne, par endroits et pour certains cultivars, moins de tubercules par plant que la normale.
 
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Photo 1. Symptôme du virus Y, cultivar Goldrush, confirmé par le Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ

Crédit : Maxime Brière, Mauricie, 28 juillet 2020

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Photo 2. Symptômes foliaires de phytotoxicité reliés à l'utilisation d'un herbicide (PRISM)
Crédit : Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 24 juillet 2020

 
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Photo 3.  Symptômes foliaires de phytotoxicité reliés à l’utilisation d’un mélange de pesticides
Crédit : Antoine Bédard, agr. (La Patate Lac-Saint-Jean), 28 juillet 2020




INSECTES


Des larves de la première génération du doryphore continuent à coloniser des champs dans plusieurs régions de la province. L’émergence des adultes printaniers s’est donc réalisée sur une longue période cette année. Des interventions ciblées ont été nécessaires par endroits, à la suite du dépistage, afin de conserver le plus de biomasses foliaires dans des parcelles qui en sont moins bien pourvues. Les adultes de la deuxième génération (photo 4) continuent leur émergence dans les régions du sud et du centre, avec une ponte qui s’intensifie.

 
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Photo 4. Adulte du doryphore de la pomme de terre, 2e génération, nouvellement émergé du sol
(avec une coloration souvent un peu plus foncée et un corps plus mou).

Crédit : Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 28 juillet 2020


Selon les données du Réseau provincial de piégeage du MAPAQ, la pression de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) continue à être très variable entre les sites de piégeage. Elle demeure cependant élevée dans des régions comme la Montérégie (localement jusqu’à 468 adultes/piège/semaine) et certains secteurs de la Capitale-Nationale. Le dépistage (à l’aide de pièges collants pour les adultes et visuellement au champ pour les nymphes) doit se poursuivre, en particulier pour les cultivars à maturité plus tardive. Les symptômes foliaires associés à l’activité des CPT sont plus évidents en production biologique, alors que leur contrôle est historiquement plus problématique. Il est à noter que les captures sont en hausse pour la cicadelle de l’aster (CA), une espèce qui n'est pas reconnue pour causer des dommages aux cultures de la pomme de terre des producteurs commerciaux.

Les adultes de l’altise à tête rouge ont nécessité une intervention dans quelques parcelles de certaines régions (Mauricie, Capitale-Nationale, Montérégie) à la suite d’une hausse marquée des dommages, et afin de préserver le plus de feuillage sain dans des champs en situation de stress élevé (photo 5).

 
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Photo 5. Adultes de l'altise à tête rouge et dommages associés

Crédit : Maxime Brière, Mauricie, 28 juillet 2020


Les adultes (et les larves) de la punaise terne sont présents dans des champs de quelques régions, mais toujours sans impact négatif sur la culture.

L’activité des pucerons augmente très lentement un peu partout, principalement dans des parcelles qui n’ont pas reçu un traitement insecticide au semis. Cependant, des populations localement élevées sont signalées en Gaspésie.  

Des larves de la pyrale du maïs sont présentes dans des tiges de plants au Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec une faible incidence pour le moment.

Finalement, quelques nouveaux foyers de tétranyques ont été dépistés dans des secteurs de la Montérégie, ce qui a nécessité une intervention locale. Comme mentionné dans le dernier avertissement, un suivi des champs (en bordure) pour détecter ces acariens devrait se faire en complément des insectes nuisibles.

 
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la présente saison. En plusieurs endroits, la dernière semaine a été marquée par du temps très humide, avec une hygrométrie nocturne parfois élevée. Avec les prévisions météorologiques qui mentionnent la poursuite des averses un peu partout, une protection fongicide régulière demeure nécessaire. Selon le site du USA Blight, aucun nouveau cas n’a été rapporté en cours de période. Le génotype US-23 est celui qui a été identifié dans le cas le plus récent. Le fait qu’aucun cas n’ait encore été signalé au nord de la Caroline du Nord représente une bonne nouvelle pour notre province.

Les symptômes reliés à la brûlure hâtive sont en augmentation de manière plus ou moins importante, selon la région, et le plus souvent selon le cultivar et les conditions de stress survenus dans les parcelles. Les variétés de primeurs (ex. : Envol, Chaleur) en mode sénescence demeurent les plus affectées présentement. Le dépistage régulier des champs s'avère nécessaire afin de bien identifier si c’est la présence du champignon (Alternaria alternata et/ou Alternaria solani) qui cause les taches et non autre chose.

Les premiers cas de dartrose ont été rapportés en Montérégie, dans Lanaudière et en Mauricie. La maladie se développe principalement lors d'orages ou de fortes pluies par temps très chaud, à partir du stade floraison des plants de pommes de terre.

Plus de cas de flétrissement verticillien sont rapportés dans diverses régions, surtout dans des parcelles ayant un historique de dommages et pour des cultivars plus sensibles, dont Superior et Goldrush. Également, des collaborateurs signalent du dépérissement de plants en hausse (ex. : Montérégie, Mauricie, Capitale-Nationale, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Gaspésie) reliés à une activité de rhizoctone à la base des tiges. Il pourrait y avoir un lien avec la levée qui a été plus difficile dans certains champs, en début de saison. Les cas de jambe noire mentionnés depuis le début de la saison ont continué à progresser par endroits, à la suite du temps chaud et humide, et pour quelques nouveaux cultivars.

L’activité de la moisissure grise (photos 6a. et 6b.) et de la pourriture sclérotique est mentionnée par des collaborateurs de plusieurs régions. Les symptômes sont présentement observables dans le fond des allées principalement, dans des champs avec une plus forte biomasse foliaire, où il y a plus d’humidité qui persiste dans la canopée.
 
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Photo 6a. Symptôme de la moisissure grise à la suite de la décomposition
d'une fleur tombée sur une feuille.

Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 28 juillet 2020

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Photo 6b. Symptôme de la moisissure grise.
À ne pas confondre avec la brûlure hâtive

Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 28 juillet 2020


Des conditions chaudes et sèches lors de la tubérisation ont favorisé le développement de la gale commune dans des parcelles (photo 7). L’intensité des symptômes varie selon le champ, la région et le cultivar. Dans le cadre d'un projet financé par le Programme de recherche du Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec (CRPTQ) et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), M. Martin Filion, chercheur à Saint-Jean-sur-Richelieu, est à la recherche de participants pour collaborer à un projet touchant la gale commune afin d’obtenir des échantillons de diverses régions de la province. Plus d’information est disponible à ce sujet dans en cliquant sur le lien suivant : étude sur la gale commune.

 
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Photo 7. Symptômes d'activité de la gale commune sur un tubercule

Photo : Maxime Brière, Mauricie, 28 juillet 2020


 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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