Pomme de terre, Avertissement No 16, 28 août 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions climatiques : températures chaudes puis fraîches, précipitations à nouveau variables. Développement de la culture : sénescence naturelle ou dépérissement de la végétation. Insectes et acariens : quelques traitements localisés. Maladies : aucun cas de mildiou au Québec; dartrose, verticilliose, brûlure hâtive en augmentation graduelle.

 
CONDITIONS CLIMATIQUES

Pour la période du 21 au 27 août 2020, des températures plutôt chaudes et agréables ont dominé en début de période, avant une chute marquée du mercure à partir du 25 ou du 26 août, selon la région. Cela a conduit, entre autres, à des nuits particulièrement fraîches, se rapprochant même du point de congélation par endroits, comme 0,6 oC à Saint-Léonard-de-Portneuf et 1,9 oC à Lanoraie le 27 août (voir sommaire agrométéorologique). Encore une fois, des précipitations ont eu lieu partout en province (surtout le 24 et/ou le 25 août), mais de manière inégale. Les secteurs du sud de la province (Outaouais, Montérégie, Laurentides, Estrie) ont reçu les plus grandes quantités, avec 15 à 40 mm de pluie, selon la localité (voir carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 28 août au 3 septembre), Environnement Canada annoncent du beau temps pour aujourd’hui vendredi, suivi de précipitations pour samedi et/ou dimanche selon la région, ce qui pourrait laisser des quantités appréciables (15-25 mm) un peu partout. Les températures devraient se maintenir près des moyennes de saison en cours de période.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

Les températures moins chaudes et les précipitations plus significatives reçues par endroits ont permis d’améliorer le remplissage des tubercules dans les champs qui ont encore de la vigueur végétative. Mais en général, la sénescence naturelle a progressé dans plusieurs champs, surtout pour les cultivars de mi-saison, mais aussi pour certains cultivars de fin de saison. Cette sénescence semble avoir été devancée à la suite du temps chaud et sec connu particulièrement en juin et juillet. Cependant, on rapporte encore une végétation plutôt en santé et même luxuriante dans des parcelles de cultivars tardifs, comme Russet Burbank, dans quelques secteurs, dont la région de Québec. Des conseillers rapportent des performances fort différentes des cultivars pour cette année (voir photo 1). De nouveaux cas de seconde croissance de tubercules (ou regermination) sont mentionnés dans des secteurs du sud et du centre de la province (Montérégie, Lanaudière, Mauricie). La pratique de l’irrigation s’est poursuivie dans plusieurs régions pour suppléer aux précipitations reçues qui se sont avérées insuffisantes, et ce, afin de soutenir la phase de grossissement des tubercules. Les récoltes de primeurs se font sans problèmes particuliers, avec des rendements qui ont progressé par endroits. Le défanage de champs pour un entreposage à plus long terme a débuté tout récemment, dans des régions plus au sud, et il sera plus intensif la semaine prochaine. Un défanage est aussi en cours dans des zones de production de semences, car le calibre visé est atteint par endroits. Il est important de respecter le délai d'attente avant la récolte (DAAR) des produits utilisés; l’information est disponible sur l'étiquette. Le début de la tonte du feuillage est en cours en production biologique, en plusieurs endroits.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1. Exemple, pour une même date de plantation, de deux cultivars dont les comportements diffèrent l'un de l'autre,
à la suite des conditions climatiques difficiles de la saison 2020. À gauche : Goldrush. À droite : Caribou Russet.

Photo : Jean-François Chabot, agr. Ferme Patasol, 25 août 2020


 
INSECTES ET ACARIENS

Comme il a été mentionné dans le dernier avertissement, les besoins d'intervenir contre les insectes deviennent parfois inutiles ou moins nécessaires en raison, entre autres, de la baisse de leur activité et d'un défanage prochain (sauf pour des champs à maturité plus tardive). Des collaborateurs rapportent quelques interventions menées en cours de période, visant principalement le doryphore (avec tous les stades observables dans des champs), l’altise à tête rouge et/ou des pucerons. Des dommages causés par la pyrale du maïs sont rapportés principalement dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Des pourritures de tiges sont observées à la suite de l’activité des larves, mais cela ne cause pas de problèmes étant donné la biomasse foliaire importante dans les champs plus touchés.

De nouvelles parcelles infestées de tétranyques ont été signalées dans quelques régions. Ce sont encore une fois des zones de plants, en bordure de champs, qui sont attaquées. Dans la grande majorité des cas, aucune intervention n’a été recommandée étant donné la date tardive. Une fiche technique sera publiée en cours de saison hivernale par le réseau Pomme de terre, pour aider les producteurs à mieux connaître et gérer ce ravageur plus présent dans la culture de la pomme de terre, ces dernières années.

Selon les données du Réseau provincial de piégeage du MAPAQ et aussi de celles en provenance du piégeage complémentaire réalisé par certains collaborateurs, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) ont diminué ou sont demeurées stables en cours de période, sauf localement. Il s’agit du dernier rapport diffusé pour la présente saison. On signale également une moindre présence d’adultes et de nymphes dans des champs encore dépistés. Cependant, les symptômes foliaires reliés à l’activité des CPT demeurent bien visibles dans des parcelles, et ils se confondent maintenant avec des taches abiotiques diverses ou des maladies foliaires.
 
MALADIES

Aucun symptôme ou cas de mildiou de la pomme de terre n’a été recensé, au Québec, depuis le début de la saison, par les différents observateurs ou collaborateurs du RAP. Le retour à des températures plus tempérées (sous 23-24 oC) et à des conditions plus humides (dont une hygrométrie nocturne élevée) représente des conditions plus favorables à la sporulation du champignon. Le maintien de la protection fongicide est donc nécessaire jusqu'au défanage complet. Selon le site du USA Blight, deux nouveaux cas de mildiou ont été rapportés récemment, dont un plus près de notre province (sud-ouest de l’État de New York), ce qui porte le total à 6 pour la saison. Au Canada, un cas récent a été mentionné dans un champ de pommes de terre du sud de l’Ontario (26 août). On rappelle que les autres cas connus sont issus de la Colombie-Britannique, de l’État du Wisconsin (dont un plus récent) et aussi de celui de Washington. C’est le génotype US-23 qui est identifié jusqu’à présent (soit celui sensible aux fongicides de type méfénoxam).

Les symptômes reliés à l’activité de la brûlure hâtive augmentent dans des parcelles, à la suite du vieillissement des plants. Une intervention fongicide directe faite en cette période-ci, dans des champs plus tardifs relève du cas par cas. Il peut arriver que des symptômes ressemblent à ceux du mildiou, autant sur le feuillage que sur les tiges. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à contacter un spécialiste de votre région pour confirmer le diagnostic.

La dartrose et le flétrissement verticillien (parfois en combinaison) continuent à s’étendre dans des champs, contribuant ainsi au dépérissement de plants (notamment dans la région de la Capitale-Nationale). Le temps moins chaud (sous 24 oC) semble ralentir, par endroits, les symptômes liés à l’activité des champignons responsables de ces maladies. Il est important de bien identifier les champs porteurs de ces maladies dès cette année, afin de prendre les mesures qui s'imposent pour en diminuer les impacts pour les prochaines années (ex. : programme de rotation des cultures, choix du cultivar de pomme de terre, etc.).

L’activité de la jambe noire a repris récemment, dans quelques parcelles dont la maladie a été identifiée plus tôt en début de saison. Il semble que les dernières précipitations par temps plutôt chaud, combinées à un tassement des plants, ont favorisé la bactérie responsable. Certains cultivars sont plus touchés que d’autres.

La moisissure grise et la pourriture sclérotique progressent également dans des parcelles dont la biomasse foliaire est plus abondante, mais toujours sans impact négatif sur la culture.

Finalement, on ne rapporte pas de cas anormal de pourritures de tubercules (ex. : pourritures molles bactériennes, roses ou aqueuses).

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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