Pomme de terre, Avertissement No 10, 15 juillet 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions météo : températures à la hausse, précipitations variables. Développement de la culture : croissance encore active avec quelques irrégularités, début de récoltes. Insectes : doryphore encore actif par endroits, pression variable mais plutôt légère de la cicadelle de la pomme de terre. Maladies : aucun cas de mildiou, activité de la brûlure hâtive et de la jambe noire en hausse dans le sud de la province, autres maladies peu présentes pour le moment.
  
 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 8 au 14 juillet 2022, une hausse des températures a été observée un peu partout en province, avec un mercure qui s’est même approché du 30 °C dans certains secteurs du sud de la province. Des nuits ont été encore fraîches pour cette période de l'année, particulièrement du 8 au 10 juillet, avec un mercure descendant aussi bas que 4 à 6 °C dans des secteurs du centre de la province, et 2 à 3 °C plus au nord. Un bon écart entre les températures le jour et la nuit (plus de 20 °C) a aussi été noté à plusieurs reprises (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été généralement peu fréquentes en cours de période, survenant surtout les 11 et/ou 12 juillet, et encore une fois de manière hétérogène. Des orages parfois violents avec de la grêle ont été observés localement, mais sans impacts sur la culture, selon les informations obtenues (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Dans la prochaine semaine, soit du vendredi 15 au jeudi 21 juillet, Environnement Canada annonce des températures surtout au-dessus des moyennes de saison, pouvant atteindre ou dépasser le 30 °C par moments. Des précipitations sont attendues vers la fin de période.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

L’alternance de nuits souvent fraîches et de journées plus chaudes a favorisé la poursuite d’un bon développement des plants de pomme de terre. Cependant, par endroits, plus de précipitations aideraient à améliorer la pousse végétative pour mieux couvrir les entre-rangs. L’irrigation s’est intensifiée dans les régions plus au sud et devrait débuter sous peu dans des secteurs où cela n’avait pas été nécessaire depuis le début de la saison. Dans des champs où la levée a été plus difficile en début de saison (ex. : zones saturées en eau sur une longue période), on rapporte un développement plus difficile. Également, des collaborateurs observent un début de sénescence un peu plus rapidement que prévu dans des champs de primeurs (à la suite d’un possible lessivage de fertilisants?). Dans les parcelles pour une récolte d’entreposage, on rapporte une belle floraison accompagnée d’une bonne tubérisation, qui est au-dessus de la normale, et ce, dans plusieurs parcelles. Le remplissage des tubercules demeure graduel. Les récoltes pour la primeur s’intensifient légèrement dans les régions plus au sud et débutent dans celles plus au centre. Une belle qualité est rapportée et un calibre correct, sans plus. Les opérations de renchaussage se poursuivent dans les régions du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais le tout est en voie de se terminer sous peu.

 
Stade de développement moyen de la culture en province pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 13 juillet 2022)
 
Régions Stade de la culture (primeur) Stade de la culture (entreposage)
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest Tout début ou poursuite de récoltes Pleine floraison
Outaouais ND ND
Lanaudière et Laurentides Tout début ou poursuite de récoltes Pleine floraison
Centre-du-Québec et Mauricie Tout début de récoltes Floraison
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches Fin floraison, début récoltes sous peu (pour le détail) Début floraison à floraison
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue Floraison, tubercules 4 à 6 cm Bouton floral à tout début floraison
Note : Le tableau ci-dessus indique les stades les plus avancés (pour la primeur) selon l'information reçue des collaborateurs. Selon votre emplacement, les stades atteints peuvent différer et être plus ou moins avancés.
ND : Données non disponibles lors de la rédaction de l'avertissement



INSECTES


La pression du doryphore de la pomme de terre varie selon le secteur. Plus au sud, une accalmie est mentionnée en plusieurs endroits à la suite de la fin de la première génération de larves et de l’attente de l’arrivée des adultes estivaux, qui se fera sous peu. On rappelle que si un contrôle pour les nouveaux adultes s’avère nécessaire à la suite d’un dépistage, il est important d’utiliser un produit d’un groupe de résistance différent de ceux utilisés lors du semis et du contrôle foliaire fait plus tôt (le cas échéant). Dans les régions centrales, une première ou une deuxième intervention foliaire a été ou sera nécessaire pour contrôler la première génération larvaire, mais pas partout à la suite des résultats du dépistage. Plus au nord et à l’est, l’activité du doryphore est rapportée plutôt légère mais à la hausse, en plus d’être variable selon l’usage ou non d’un insecticide au semis.     

En général, l’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) n’a progressé que légèrement au cours de la dernière période, selon le piégeage réalisé par des collaborateurs. Cependant, la pression demeure plutôt élevée dans des secteurs de la Montérégie. Dans les autres régions plus au sud, on mentionne des captures qui dépassent le seuil d’intervention retenu, mais localement. Des dommages foliaires sont plus visibles et l'activité des nymphes est à la hausse dans des parcelles sans insecticide appliqué lors du semis, mais le tout est encore léger. Les captures sur les pièges demeurent moindres que celles des saisons 2020 et 2021. On rappelle qu’il faut compléter le piégeage des adultes avec des visites au champ pour y vérifier la présence possible de nymphes. Des plants en situation de stress peuvent exprimer plus de symptômes de l’activité des CPT. Si un traitement s’avère justifié, le choix d’un produit qui peut contrôler d’autres ravageurs présents pourrait être envisagé. 

Concernant les autres ravageurs d’intérêt, leur activité continue à être peu élevée selon les rapports des collaborateurs, et sous le seuil de nuisibilité retenu (exception faite pour les pucerons en zones semencières). Les adultes de la punaise terne sont un peu plus actifs localement, mais on ne rapporte pas de symptômes associés à leur présence. Des populations de pucerons (plus dans des champs sans insecticide utilisé lors du semis) sont signalées à la hausse, mais très localement. Des prédateurs sont aussi plus présents (voir photo). Des adultes de l’altise à tête rouge sont maintenant rapportés en bordures de champs avec un historique de dommages (régions plus au sud). Des adultes du méloé cendré sont présents en bordures de quelques parcelles, principalement dans la région de la Capitale-Nationale (voir photo). Cela ne menace pas la culture. Concernant la pyrale du maïs (région du Saguenay-Lac-Saint-Jean), une ponte est présentement en cours, ce qui demande un suivi pour déterminer la nécessité ou non d’une intervention. Aucun cas relié à la présence de tétranyques n’a encore été signalé depuis le début de la saison.

Le psylle de la pomme de terre (Bactericera cockerelli) attaque principalement les plants de pommes de terre et de tomates. L’insecte lui-même ne cause pas de dommages, mais il est le vecteur de la maladie de la chip zébrée (Zebra Chip), qui cause un noircissement par bandes à l’intérieur des tubercules, les rendant ainsi difficilement commercialisables. Le psylle de la pomme de terre a causé des pertes importantes en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. À la suite de la confirmation récente de la présence de cet insecte au Québec (première mention) dans des serres en production de tomates (février 2022), le MAPAQ a décidé de mettre sur pied un réseau de dépistage de cet insecte en 2022. Le réseau couvre 18 sites en culture de pomme de terre, répartis dans les régions du sud et du centre de la province. Le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection est responsable d’observer les pièges collants et d’identifier les psylles capturés. Depuis le début de la présente saison, aucun individu du psylle de la pomme de terre n’a été capturé. Pour plus d’informations : Jean-Philippe Légaré, M. Sc., biologiste-entomologiste (jean-philippe.legare@mapaq.gouv.gc.ca).

 
Image Agri-Réseau

Larve (bas) et pupe (haut) de coccinelle

Maxime Brière, 11 juillet 2022


 

Image Agri-Réseau

Méloés cendrés adultes et leurs dommages dans la pomme de terre

Maxime Brière, 7 juillet 2022
 

 
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la présente saison. Selon le site Web du USA Blight, aucun cas récent n’a été signalé en Amérique du Nord. Les quelques cas mentionnés en juin, en Colombie-Britannique, n’auraient pas évolué. Des collaborateurs du RAP ne mentionnent aucune capture de spores du champignon chez des producteurs utilisant cette technologie dans certaines régions en province. Au cours de la dernière semaine, des périodes à risques de sporulation ont été identifiées par le modèle prévisionnel MILÉOS dans certaines régions, en lien avec les récentes précipitations et/ou une hygrométrie (rosée) plus importante la nuit. Cependant, les risques ont grandement varié selon le secteur. Une protection régulière devrait donc se maintenir partout, particulièrement dans les parcelles plus végétatives, en plus de poursuivre la surveillance des champs pour y détecter toute trace possible de la maladie, en particulier sur les plus jeunes pousses.

Du côté de la brûlure hâtive, des symptômes associés à son activité sont mentionnés à la hausse pour des secteurs du sud de la province, principalement pour des cultivars de primeurs (ex. : 'Envol', 'Norland') et pour des plants plus en situation de stress ou de sénescence. Pour le moment, les infections seraient restreintes à l’étage inférieur des plants. Ailleurs en province, la maladie n’est pas active ou présente que très localement. Elle demeure à surveiller en contexte d’irrigation de la culture par temps plus sec.

Aucune activité de la dartrose ou du flétrissement verticillien n’a encore été signalée, mais la période dite plus à risques débute dans des secteurs du sud de la province, surtout avec les températures plus chaudes prévues et la sénescence de plants dans des parcelles.  

La présence de plants virosés est mentionnée par plusieurs collaborateurs en province, mais avec une incidence généralement peu importante présentement. Le virus PVY a été identifié par endroits (à la suite d'une analyse réalisée en laboratoire).

D’autres cas de jambe noire (pourriture bactérienne de tiges) ont été rapportés, et ce, dans plus de régions, à la suite des récentes averses orageuses et des températures à la hausse. Les cultivars 'Colomba' et 'Chieftain' s’avèrent particulièrement sensibles.

 

 

   

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 

 
 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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