Pomme de terre, Avertissement No 12, 29 juillet 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions météo : poursuite de températures chaudes avec des précipitations parfois orageuses et localisées. Développement de la culture : bonne croissance en général, nécroses foliaires, poursuite de l’irrigation, récoltes de primeurs avec une belle qualité. Insectes : poursuite de l’activité du doryphore, pression plutôt stable de la cicadelle de la pomme de terre, autres insectes peu problématiques mais en suivi. Maladies : aucun cas de mildiou pour le Québec mais un cas récent en Ontario, progression graduelle de la brûlure hâtive par endroits, autres maladies avec plutôt une faible évolution.
 
 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 22 au 28 juillet 2022, les températures ont été chaudes au début, avec quelque 30 ºC et plus atteints dans les secteurs au sud, avant de revenir à du temps un peu plus saisonnier par la suite. Quelques nuits ont été chaudes, mais la plupart du temps, elles ont été près des moyennes pour la date (voir le sommaire agrométéorologique). Pour une deuxième semaine de suite, les précipitations ont été bien variables sur le territoire, la majorité survenant le 24 et/ou 28 juillet. Des quantités plus importantes ont été enregistrées dans les secteurs de la Capitale-Nationale et du Bas-Saint-Laurent le 24 juillet (ex. : 44 mm pour des localités sur l’Île d’Orléans), et tout dernièrement le 28 juillet dans des secteurs plus au sud (ex. : 30 à 60 mm dans certaines localités de Lanaudière). Des orages parfois forts, accompagnés de grêle, ont à nouveau été observés par endroits, dont dans le Bas-Saint-Laurent (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Dans la prochaine semaine, soit du vendredi 29 juillet au jeudi 4 août, le site d’Environnement Canada indique la poursuite de températures généralement chaudes pour la plupart des régions, avec des précipitations à priori peu significatives, mais un peu plus fréquentes dans des régions au nord.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

La croissance des plants de pomme de terre demeure active à peu près partout, quoique plus régulière aux endroits qui ont reçu plus de précipitations. Des entre-rangs tardent encore à se fermer pour certaines plantations plus tardives, ce qui peut diminuer leur tolérance au temps chaud et sec. Les systèmes d’irrigation continuent à fonctionner régulièrement dans les régions du sud de la province (cela était avant les précipitations reçues le 28 juillet), alors que les apports en eau sont moins nécessaires ou fréquents ailleurs. Des taches foliaires sont apparues dans plus de parcelles du sud, mais aussi du centre de la province, bien que moindrement (voir photos). La ou les causes restent à identifier, mais cela pourrait être relié aux conditions météo parfois désordonnées des dernières semaines. Il n’y a pas seulement le cultivar 'Goldrush' qui est touché par cette anomalie, selon les rapports obtenus. Le remplissage des tubercules continue à être bon pour les récoltes d’entreposage, peut-être un peu moins rapide que la semaine dernière par endroits. Les récoltes de primeurs pour la table se sont intensifiées dans le sud de la province tandis que les chantiers ont débuté plutôt timidement dans quelques secteurs du centre. On rapporte de bons rendements et une belle qualité des tubercules, avec cependant quelques exceptions localement, comme des crevasses de croissance en lien avec un apport plus irrégulier en eau (voir photo). Les récoltes pour le marché de la croustille devraient débuter la semaine prochaine dans des régions du sud.
 
Image Agri-Réseau

Crevasses de croissance sur des tubercules, cultivar 'Norland'

Maxime Brière, 25 juillet 2022

 

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Taches sur le feuillage de pomme de terre (Lanaudière)

Patricia Masse, agr. (Les Fermes MVG inc.), 22 juillet 2022

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Taches sur le feuillage de pomme de terre (Capitale-Nationale)

Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 27 juillet 2022



INSECTES


Le suivi du doryphore de la pomme de terre demeure d’actualité en plusieurs endroits. Les adultes de la 2e génération sont de plus en plus actifs dans des régions du sud et du centre de la province, causant parfois un début de défoliation en bordures de certains champs. Également, de jeunes larves apparaissent dans des parcelles. Étant donné que les populations varient grandement d’un champ à l’autre à cette période-ci, un dépistage permet de déterminer si un contrôle est nécessaire, principalement dans les champs à maturité plus tardive ou dans le cas d’une biomasse foliaire plus limitée. Les collaborateurs continuent à rapporter une bonne efficacité des différents produits phytosanitaires appliqués de manière foliaire cette saison contre le doryphore, avec une rémanence variable selon la matière active utilisée.

L’activité des cicadelles de la pomme de terre (CPT) demeure plutôt stable ou en très légère hausse selon la parcelle et la région. Dans la plupart des endroits (sauf en Montérégie), très peu de seuils d’interventions ont été atteints en cours de période selon le piégeage réalisé par des collaborateurs. Cependant, on mentionne la présence d’un peu plus de nymphes dans des secteurs du centre et du sud de la province, principalement dans des parcelles sans régie d’insecticide au semis. Peu de symptômes foliaires reliés à leur activité sont rapportés. Des champs avec une biomasse foliaire plus importante peuvent davantage supporter la présence de nymphes de la CPT.


L’activité de certains autres ravageurs a légèrement progressé en cours de période. Les adultes de l’altise à tête rouge et leurs dommages associés demeurent encore limités à des bordures de certains champs, mais un suivi est en cours surtout dans ceux moins végétatifs des secteurs du centre et du sud de la province. Les populations de divers pucerons ont augmenté localement, il y a eu plus d’envolées observées ces derniers temps, principalement dans des parcelles sans régie d’insecticide au semis. Une identification des espèces présentes est toujours en cours dans des régions semencières. Des adultes de la punaise terne causent un peu de dommages sur de jeunes folioles dans quelques régions, mais le tout est encore bien loin d’un seuil de nuisibilité. Du côté de la pyrale du maïs (secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean), une ponte continue et un début d’activité larvaire sont mentionnés par endroits. La présence d’une bonne biomasse foliaire cette année permet de tolérer plus de dommages, et une intervention pratiquée contre le doryphore par endroits permet de contrôler indirectement la pyrale. Aucune activité ou dommages associés aux tétranyques ni aucune capture du psylle de la pomme de terre (piégeage sous la supervision du MAPAQ) ne sont à rapporter.
 

 

MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la présente saison. Selon le site Web du USA Blight, aucun cas récent n’a été signalé en Amérique du Nord, ce qui limite toujours leur nombre à deux seulement pour 2022. Cette faible activité pourrait être en lien avec le temps plutôt sec et chaud qui a eu lieu ces dernières semaines dans plusieurs États américains. Cependant, plus près de notre province, des symptômes du mildiou ont été récemment observés (le 22 juillet) sur des plants de tomates dans la région d’Ottawa, dans l’est de l’Ontario. Une parcelle voisine en pomme de terre aurait peut-être aussi été infestée, mais un défanage a eu lieu avant une possible confirmation de la présence de la maladie. Pour les parcelles en pomme de terre tout près de cette région (ex. : Outaouais), un suivi plus serré des champs devrait être mené pour détecter toute trace de la maladie sur le feuillage. Également, l’usage de produits dits plus pénétrants serait à favoriser. Concernant le suivi par capteurs de spores, des collaborateurs du RAP ne mentionnent aucune spore du mildiou chez les producteurs suivis. Finalement, le modèle prévisionnel MILÉOS a à nouveau identifié des risques de sporulation du champignon en cours de période, mais avec toujours une grande variabilité en province, en lien avec les précipitations et/ou de plus fortes hygrométries la nuit par endroits. Une protection régulière devrait donc se poursuivre partout en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles prévues.

La progression de la brûlure hâtive (ou tache alternarienne) a varié selon le secteur et la parcelle. Elle est plus présente dans des champs en sénescence ou en stress hydrique du sud de la province, avec des observations de taches dans l’étage médian de plants. Ailleurs en province, la maladie est rapportée généralement sous contrôle, étant même absente dans plusieurs champs. Souvent, d’autres symptômes en apparence similaire peuvent être visibles sur des plants (ex. : carences minérales, phytotoxicité, dommages par des polluants atmosphériques, œdème foliaire).   

Il n’y a pas de nouveaux cas de jambe noire rapportés pour cette semaine. Cependant, on observe un dépérissement de plants en hausse dans des parcelles déjà porteuses. On ne mentionne pas de tubercules touchés par ces bactéries pour le moment. Une identification en laboratoire est nécessaire pour confirmer l’organisme responsable, car d’autres pathogènes peuvent causer des symptômes parfois similaires.

Quelques nouveaux cas de dartrose (surtout en terres plus sablonneuses) et de flétrissement verticillien sont mentionnés par des collaborateurs, dans des secteurs plus au sud. Peu de cas de moisissure grise et de moisissure blanche sont observés, avec quelques infections sur du feuillage, dans les fonds d’allées de parcelles plus végétatives ou à la suite du tassement du feuillage. Des cas de plants virosés signalés dans quelques régions depuis le début de la saison ont évolué avec des symptômes plus visibles par endroits.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 

 
 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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