
Départ des cultures en conditions fraîches et humides. Cartes interactives de la fusariose de l'épi : à consulter pendant l'épiaison et la floraison. Ver-gris noir : hausse des captures de papillons, la vigilance est recommandée dans les prochaines semaines. Rouilles des céréales : aucune observation jusqu'à présent. Autres cas confirmés du virus de la jaunisse nanisante de l'orge.
S. Mathieu1, Y. Faucher1, B. Duval1, V. Samson1, S. Boquel2 et J. Saguez2
1. Agronome (MAPAQ) 2. Chercheur (CÉROM)
Dans ce contexte, quel pourrait être l’impact de ces conditions météorologiques sur la levée des cultures récemment ensemencées?
Le maïs
Depuis le début de la période des semis, l’humidité du sol a été suffisante pour permettre l’imbibition des grains, soit l’absorption d’eau nécessaire au déclenchement de la germination. À ce stade, les grains gonflent, les tissus sont fragiles et peuvent être endommagés si la température de l’eau du sol est trop froide, particulièrement dans les 24 à 48 heures suivant le semis. Lors de cette période, la germination du maïs est affectée par des températures du sol inférieures à 10 °C et les dommages sont plus importants lorsque le sol se refroidit en deçà de 5 °C. Selon les données de température de sol relevées entre le 11 et le 21 mai 2025, les principales régions productrices de maïs n’ont pas connu ces conditions défavorables.
Ce sont surtout les quantités de pluie importantes tombées dans les derniers jours qui risquent de créer de l’asphyxie racinaire et d’affecter la levée dans les champs mal drainés ou compactés.
La formation d’une croûte de battance à la suite d’une forte pluie peut également empêcher la levée des plantules. De plus, une humidité prolongée peut favoriser, dans certains cas, des maladies fongiques (fonte des semis, Phytium, etc.).
Pour consulter les données de votre localité, cliquez ici et sélectionnez la station météorologique ainsi que la période de votre choix.
Le soya
Le soya est moins sensible que le maïs aux dommages causés par le froid lors de l’imbibition. On doit toutefois se méfier d’une pluie froide dans les 24 heures suivant le semis. Plus l’eau froide est absorbée rapidement, plus les dommages peuvent être importants. C’est surtout après l’émergence que le soya devient plus sensible au froid et aux gels printaniers.
Les céréales de printemps
Les céréales tolèrent bien les conditions froides entourant la période des semis. Les graines non germées résistent bien à des températures glaciales. Si la température chute fortement après le début de la germination, les tissus embryonnaires peuvent être endommagés. Si la température est bien en dessous du point de congélation, il est possible de subir une perte de population. Lorsque le sol n’est pas saturé d’eau pendant plusieurs jours, les semences en germination s’accommodent d'une température du sol aux environs de 4 °C.
La vigilance est de mise dans les prochaines semaines
Une évaluation des champs où vous suspectez des problèmes d’égouttement qui pourraient affecter la levée de vos cultures sera nécessaire dans la prochaine semaine, pour détecter les dommages précoces et adapter les interventions si nécessaire.
Pour plus d’information, consultez la fiche technique Temps froid et gel printanier : effets sur les cultures.
CARTES INTERACTIVES DE LA FUSARIOSE DE L'ÉPI : À CONSULTER PENDANT L'ÉPIAISON ET LA FLORAISON
T. Copley1, M. St-Laurent2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
La fusariose de l’épi du blé est la plus importante maladie du blé, non seulement en raison des pertes potentielles du rendement, mais aussi par sa capacité à produire des mycotoxines dans le grain. Les mycotoxines peuvent créer d’importantes maladies chez l’humain et l’animal.
Afin de bien connaître si les conditions météorologiques sont favorables à l’infection, des cartes interactives sont disponibles sur Agrométéo Québec. Ces cartes présentent les niveaux de risque d’infection (voir ci-dessous pour un exemple). Selon les conditions météorologiques, les niveaux peuvent varier de « Bas » (0 à 25) à « Moyen » (25 à 35) et finalement à « Élevé » (35 à 50), représentés respectivement par les codes de couleur vert, orange et rouge.
Les spores de la fusariose de l’épi infectent les épis à travers les étamines. C’est donc au moment de la floraison que la culture du blé est considérée à risque, tandis que l’orge est considérée à risque pendant l’épiaison et la floraison. Lorsque les cultures sont aux stades à risque d’infection, les cartes interactives indiqueront si les conditions météorologiques sont favorables à l’infection ou non. Il est primordial de consulter régulièrement les cartes indiquant le niveau de risque, soit au moins une fois par jour.
VERS-GRIS NOIR : HAUSSE DES CAPTURES DE PAPILLONS, LA VIGILANCE EST RECOMMANDÉE DANS LES PROCHAINES SEMAINES
J. Saguez1, V. Samson2, B. Duval2, D. Froment2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Les populations de ver-gris noir (VGN) sont en augmentation. Des papillons ont été capturés dans plusieurs régions, mais la pression demeure encore faible, pour le moment, dans les sites suivis dans le cadre du RAP Grandes cultures. Des captures importantes de papillons ont également été rapportées dans un piège non suivi par le RAP à Lorrainville (Témiscamingue), une région qui avait été fortement touchée par des vers gris l’an dernier.
| Région | Municipalité | Papillons VGN |
| Abitibi-Témiscamingue | Béarn | 40 |
| Abitibi-Témiscamingue | Saint-Bruno-de-Guigues | 0 |
| Bas-St-Laurent | La Pocatière | 47 |
| Capitale-Nationale | Saint-Laurent-de-l'Île-d"Orléans | 27 |
| Centre-du-Québec | Nicolet | 1 |
| Centre-du-Québec | Sainte-Clothilde-de-Horton | 0 |
| Chaudière-Appalaches | Saint-Édouard-de-Lotbinière | 30 |
| Chaudière-Appalaches | Saint-Charles-de-Bellechasse | 56 |
| Estrie | Sherbrooke | 5 |
| Montréal-Laval-Lanaudière | Saint-Esprit | ND |
| Montréal-Laval-Lanaudière | Sainte-Élisabeth | 3 |
| Laurentides | Mirabel | 4 |
| Laurentides | Mont-Laurier | 0 |
| Mauricie | Saint-Sévère | 3 |
| Montérégie-Est | Saint-Mathieu-de-Beloeil | ND |
| Montérégie-Est | Ange-Gardien | 4 |
| Montérégie-Ouest | Godmanchester | 0 |
| Montérégie-Ouest | Napierville | 28 |
| Outaouais | Clarendon | 15 |
| Saguenay-Lac-St-Jean | Hébertville | 40 |
Les femelles du VGN peuvent pondre actuellement dans certaines mauvaises herbes et couverts végétaux avant l’émergence des cultures. Les larves migreront ensuite vers les cultures en début de croissance, au moment où ces dernières sont particulièrement vulnérables. Le VGN est un défoliateur qui peut causer des dommages importants, surtout aux 3e et 4e stades larvaires. Les larves peuvent même sectionner les plants à la base.
En raison du retard des semis dans certaines régions, les cultures seront à des stades plus à risque aux attaques dans les prochaines semaines. Il est donc essentiel de rester attentif aux premiers signes de dommages. Suivez nos prochains avertissements pour rester informé de la situation.
Attention : plusieurs espèces de vers gris peuvent être actives au printemps dans les cultures, notamment le VGN, le ver-gris moissonneur, le ver-gris terne, le ver-gris à dos rouge et la noctuelle fiancée. Le dépistage est crucial pour éviter la confusion entre les espèces et intervenir de manière appropriée.
Pour en savoir plus, consultez la fiche technique Le ver-gris noir.
Si vous trouvez des larves de vers gris, communiquez avec votre responsable régional du MAPAQ, car les larves peuvent défolier un champ en quelques heures et une intervention peut être nécessaire rapidement.
Merci de considérer l’envoi de spécimens au CÉROM, dans le cadre d’une étude sur le parasitisme.
ROUILLES DES CÉRÉALES : AUCUNE OBSERVATION JUSQU'À PRÉSENT
T. Copley1, V. Samson2, B. Duval2
Plusieurs espèces de rouilles peuvent affecter les cultures de céréales, notamment la rouille brune, la rouille noire et la rouille jaune. Toutes les rouilles se manifestent par des pustules, soit des lésions contenant des spores, qui apparaissent sur les feuilles, les ligules ou les tiges. Les espèces de rouilles ne survivent généralement pas aux hivers québécois, car elles ne tolèrent pas des températures en deçà de 5 °C dans le cas de la rouille brune et de la rouille noire, et de -5 °C pour la rouille jaune. Les infections proviennent donc principalement de spores transportées par les vents depuis les États-Unis, et parfois depuis l’Ontario.
Aucun cas de rouille n’a été rapporté au RAP Grandes cultures en date du 22 mai 2025. Bien qu’aucun cas de rouille jaune ne se présente au nord des États-Unis, selon le USDA, la présence de la rouille jaune dans le sud de l’Ontario suggère toutefois que l’inoculum s’approche du Québec. Un dépistage hebdomadaire est donc recommandé pour permettre une détection hâtive de la maladie.
Les conditions favorables au développement des rouilles de céréales varient selon l’espèce, tout comme les seuils d’intervention. Il est donc essentiel de bien connaître les spécificités de chaque type de rouille pour intervenir efficacement.

