Plusieurs dommages de tipule des prairies en Chaudière-Appalaches. Vers fil-de-fer : encore temps de dépister. Mouche des semis : vigilance et considérations en cas de resemis. Causes possibles et diagnostic de la phytotoxicité par les herbicides. Calandres : dommages foliaires dans le maïs. Dommages de ver-gris noir en Montérégie : dépistez les champs à risque. Suivi de l'effet des herbicides avec les pluies des dernières semaines. Cartes interactives pour la fusariose de l'épi : comment les interpréter? Le développement de l'oïdium ralenti par les températures chaudes. Virus de la jaunisse nanisante de l'orge : pourquoi autant de cas en 2025? Mouchetures physiologiques : ne pas confondre avec les maladies.
PLUSIEURS DOMMAGES DE TIPULE DES PRAIRIES RAPPORTÉS EN CHAUDIÈRE-APPALACHES
S. Boquel1, V. Samson2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
S. Boquel1, V. Samson2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Plusieurs cas de dommages causés par la tipule des prairies ont été rapportés dans les céréales de printemps (semis purs et grainés) et le maïs en Chaudière-Appalaches. De plus, parmi les 23 sites suivis dans le cadre du RAP Grandes cultures, 2 sites ont dépassé les seuils avec 102 larves à Thetford-Mines (Chaudière-Appalaches) et 166 larves à Hatley (Estrie). Selon les seuils d’intervention utilisés en Europe et transposables au Québec, des populations printanières de plus de 25 à 50 larves/m2 dans les céréales et de plus de 100 larves/m2 dans les fourrages sont susceptibles de causer des pertes de rendement.
Les champs infestés par la tipule des prairies présentent de larges zones jaunies ou dénudées. Des plants plus petits et grignotés peuvent également être observés. Afin de répertorier la présence de la tipule des prairies et des dommages aux grandes cultures dans toutes les régions du Québec, le RAP Grandes cultures invite toutes les entreprises agricoles et leur conseiller à signaler la présence de l’insecte ou de dommages à leur responsable régional du MAPAQ et à envoyer une fiche de signalement remplie à rapcerom@cerom.qc.ca.
Aucun insecticide n’est homologué contre la tipule des prairies. Les dommages pourraient se poursuivre jusqu’à ce que les larves atteignent entre 4 et 5 cm de longueur (soit entre la mi et la fin juin), taille à laquelle elles se préparent à se transformer en pupes. Si les dommages sont importants et qu’un resemis est envisagé, la taille des larves doit être évaluée, afin de semer lorsque leur activité est terminée.
Pour plus d’information :
- Fiche technique Tipule des prairies;
- Comment distinguer la larve de la tipule des prairies d'une larve de vers gris.
VERS FIL-DE-FER : IL EST ENCORE TEMPS DE LES DÉPISTER
J. Saguez1, B. Duval2, V. Samson2 et S. Boquel1
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
J. Saguez1, B. Duval2, V. Samson2 et S. Boquel1
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Le printemps froid et pluvieux des dernières semaines a retardé les semis, qui sont toujours en cours dans plusieurs régions. Les températures de sol demeurent actuellement optimales pour que les vers fil-de-fer soient encore présents en surface, où ils peuvent s’alimenter sur des grains en germination et des jeunes plantules.
Il est donc encore temps, dans les semaines à venir, de réaliser le dépistage des vers fil-de-fer par pièges-appâts, afin de documenter leur présence, leur abondance et les dommages qu’ils peuvent causer (comme le retard de croissance ou les pertes de population).
Consultez la trousse sur les vers fil-de-fer pour connaître, entre autres, les méthodes de dépistage recommandées.
N’oubliez pas que vous pouvez aussi compiler vos données de dépistage dans l’outil VFF QC. Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien.
Des formations terrain sont aussi proposées dans les prochaines semaines au Centre-du-Québec et en Chaudière-Appalaches.
Il est donc encore temps, dans les semaines à venir, de réaliser le dépistage des vers fil-de-fer par pièges-appâts, afin de documenter leur présence, leur abondance et les dommages qu’ils peuvent causer (comme le retard de croissance ou les pertes de population).
Consultez la trousse sur les vers fil-de-fer pour connaître, entre autres, les méthodes de dépistage recommandées.
N’oubliez pas que vous pouvez aussi compiler vos données de dépistage dans l’outil VFF QC. Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien.
Des formations terrain sont aussi proposées dans les prochaines semaines au Centre-du-Québec et en Chaudière-Appalaches.
MOUCHE DES SEMIS : VIGILANCE AVEC LE PRINTEMPS QUI S'ÉTIRE ET CONSIDÉRATIONS EN CAS DE RESEMIS
S. Boquel1, S. Mathieu2, B. Duval2 et J. Breault2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Cette semaine, des dommages de mouche des semis ont été signalés dans quelques champs de maïs. Les dommages peuvent être observés environ 2 semaines après les pics prévisionnels d’émergence des adultes, plus particulièrement dans les champs présentant des facteurs de risque et où la germination est en cours ou les cultures sont récemment levées. La mouche des semis a moins d’impact sur la culture une fois que la levée est complétée, notamment lorsque la plantule n’a plus besoin du grain pour se développer. Les dates du pic d’activité des adultes de la mouche des semis ont été mises à jour le 5 juin 2025 (voir tableau).
| Prévisions en date du 5 juin 2025 | ||
| Région | Date prévue du pic d'émergence des adultes de mouches des semis (50 %) | Mouches des semis adultes émergées (%) |
| Abitibi-Témiscamingue | 4 juin | 54,5 |
| Bas-Saint-Laurent | 7-8 juin | 43,5-46,6 |
| Capitale-Nationale | 1-4 juin | 55,9-69,0 |
| Centre-du-Québec | 19-25 mai | 85,3-90,1 |
| Chaudière-Appalaches | 1-6 juin | 48,4-67,6 |
| Estrie | 17-22 mai | 85,9-90,5 |
| Lanaudière | 18-22 mai | 88,3-92,0 |
| Laurentides | 21 mai | 88,7 |
| Mauricie | 31 mai | 69,1 |
| Montérégie-Est | 15 mai | 95,3 |
| Montérégie-Ouest | 16 mai | 94,2-94,6 |
| Outaouais | 26-28 mai | 76,4-83,1 |
| Saguenay–Lac-Saint-Jean | 5 juin | 53,5 |
Les dommages, causés par les larves, sont visibles sur les grains en germination, les cotylédons, les tiges de plantules en émergence et le système racinaire. Il est aussi fréquent que les larves pénètrent dans les graines en germination au moment de la levée, afin de se nourrir à l’intérieur de celles-ci. Elles peuvent aussi grignoter directement les cotylédons des plants. Des galeries sont parfois observables au niveau de la tige ou du collet des plantules.
Les semences en germination sont particulièrement à risque lors de périodes froides et humides comme celles des dernières semaines. Une attention particulière doit donc être portée lors de la levée des plantules dans les champs présentant des facteurs de risque.
Pour en savoir plus sur les facteurs de risque et sur les méthodes de prévention, consulter l’avertissement N° 3 du 9 mai 2025 et la fiche technique Mouche des semis.
Si des dommages en lien avec la mouche des semis sont observés et qu'un resemis est envisagé, il est important d’évaluer plusieurs facteurs pour déterminer si le resemis est nécessaire :
- La date du semis et le peuplement restant : estimer le peuplement de la culture en tenant compte de la date de semis et de la répartition des dommages permettra de définir le potentiel de rendement. Le document Faible densité de peuplement et levée inégale : les impacts sur le maïs et le soya contient l'information utile pour guider votre décision.
- Le stade de développement de l’insecte : il est essentiel d’effectuer un dépistage, afin de déterminer le moment optimal pour le resemis, lorsque possible. Si la majorité des insectes présents sont encore au stade larvaire, il est recommandé d’attendre qu'ils soient au stade nymphal (pupe) avant de resemer. Une fois que la majorité est rendue à ce stade, et que les pupes ne sont pas encore vides — ce qui indiquerait l’émergence de la deuxième génération — le resemis peut alors être effectué. Cette vérification permet de s’assurer que la nouvelle culture ne coïncide pas avec le pic d’activité de la seconde génération de la mouche des semis, réduisant ainsi les risques de dommages.
- La température et l’humidité : à mesure que celles-ci augmentent, les mouches deviennent moins actives et peuvent être infectées par des champignons entomopathogènes, réduisant les risques de dommages aux cultures.
S’il faut reprendre un semis, il est important de mettre tout en œuvre pour favoriser une levée rapide de la culture, afin d’éviter la prochaine génération de mouche des semis.
PHYTOTOXICITÉ PAR LES HERBICIDES : CAUSES POSSIBLES ET DIAGNOSTIC
S. Mathieu1, A. Marcoux1 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ)
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les symptômes de phytotoxicité observés sur les cultures après l'application d'herbicide. Parmi ceux-ci, on retrouve :
- L’entretien et le réglage du pulvérisateur : un pulvérisateur qui est mal réglé ou mal nettoyé est une cause fréquente de phytotoxicité sur la culture;
- Les fortes pluies qui peuvent entraîner la migration des herbicides vers la zone des racines;
- La dérive par le vent, qui peut exposer des zones de culture non ciblées aux produits;
- Le stress à la culture, notamment des conditions climatiques extrêmes (chaleur, sécheresse, gel, etc.) ou la présence de maladies ou d’insectes, qui peuvent affaiblir les plantes et accentuer les effets des herbicides;
- Les caractéristiques du sol : certains ingrédients actifs sont à éviter selon la texture de sol, les conditions de faible CEC et de faible taux de matière organique (ex: métribuzine en sol léger). Le respect des recommandations à l’étiquette des produits est primordial. Les conditions de pH du sol peuvent aussi affecter la réponse de la culture et provoquer l’apparition de phytotoxicité.
Pour en apprendre davantage et poser un bon diagnostic, consultez la fiche technique Phytotoxicités causées par les herbicides en grandes cultures : causes et diagnostic.
CALANDRES : DOMMAGES FOLIAIRES DANS LA CULTURE DU MAÏS
J. Breault1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
J. Breault1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
Des dommages de calandres ont été rapportés dans un champ de maïs grain dans Lanaudière et un champ de maïs sucré en Mauricie. Il s’agit d’un ravageur secondaire qui peut être plus présent en bordure des champs en monoculture de maïs, en travail réduit ou avec présence de mauvaises herbes (ex. : souchet comestible). La présence de dommages de calandres se limite généralement aux bordures des champs ou à quelques foyers. L’impact de cet insecte sur la culture est généralement limité.
Les calandres passent l’hiver sous forme adulte. Au printemps, ils s’alimentent d’abord à la base de la tige, généralement sous la surface, ce qui peut causer le rabougrissement et la mort des plants. Ils peuvent aussi s’alimenter sur les tiges et les feuilles, causant une ou des rangées de trous ovales bien alignés, au contour net et sans halo (voir photo). Les larves peuvent également causer des dommages aux tiges, jusqu’à provoquer un arrêt de la croissance du plant. La verse, du tallage excessif et même des signes de distorsion peuvent être des symptômes de la présence du ravageur.
Les facteurs favorisant l’établissement des calandres sont la présence de souchets, un drainage insuffisant et l’absence de travail du sol. Il n’existe aucun insecticide homologué pour intervenir contre cet insecte. La rotation de cultures et le contrôle du souchet en bordure de champ sont des pratiques pouvant aider à limiter les populations de calandres. Un semis effectué dans de bonnes conditions permet également une levée rapide et uniforme de la culture, offrant à l’insecte une période plus restreinte pour faire des dommages.
Les calandres passent l’hiver sous forme adulte. Au printemps, ils s’alimentent d’abord à la base de la tige, généralement sous la surface, ce qui peut causer le rabougrissement et la mort des plants. Ils peuvent aussi s’alimenter sur les tiges et les feuilles, causant une ou des rangées de trous ovales bien alignés, au contour net et sans halo (voir photo). Les larves peuvent également causer des dommages aux tiges, jusqu’à provoquer un arrêt de la croissance du plant. La verse, du tallage excessif et même des signes de distorsion peuvent être des symptômes de la présence du ravageur.
Les facteurs favorisant l’établissement des calandres sont la présence de souchets, un drainage insuffisant et l’absence de travail du sol. Il n’existe aucun insecticide homologué pour intervenir contre cet insecte. La rotation de cultures et le contrôle du souchet en bordure de champ sont des pratiques pouvant aider à limiter les populations de calandres. Un semis effectué dans de bonnes conditions permet également une levée rapide et uniforme de la culture, offrant à l’insecte une période plus restreinte pour faire des dommages.
Notez que d’autres ravageurs (ex.: ver-gris noir, punaise brune, limace) peuvent causer des dommages foliaires pouvant être confondus avec ceux des calandres.
S. Mathieu1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
Des dommages de ver gris-noir (VGN) ont été observés en Montérégie-Ouest dans le maïs. Le maïs est vulnérable aux dommages de VGN jusqu’au stade 6 feuilles, malgré que les plants aux stades 2 et 3 feuilles soient plus susceptibles. Puisque dans la majorité des régions, le maïs n’a pas encore atteint ce stade, le dépistage des champs à risque est recommandé.
Les champs rencontrant les critères suivants doivent faire l’objet d’une surveillance particulière :
- Semis tardifs, champs de maïs qui n’ont pas atteint le stade 6 feuilles;
- Forte pression de mauvaises herbes et qui viennent tout juste d’être désherbés;
- Les champs qui avaient une forte population de mauvaises herbes bisannuelles ou de cultures d’automne (ex : seigle d’automne), 2 à 3 semaines avant le semis;
- Les champs en semis direct, surtout sur un retour de prairie ou de soya;
- Les champs qui ont un historique d’infestation par le ver-gris noir.
Puisque le ver-gris noir cause généralement des dommages localisés dans un champ, il importe de dépister l’ensemble du champ, afin de déterminer si le seuil économique d’intervention (SEI) est atteint.
En Ontario, le SEI recommandé est de 10 % des plants avec des feuilles endommagées ou 3 % des plants coupés, lorsque le maïs est au stade 1 à 4 feuilles et que les larves mesurent moins de 25 mm (le traitement insecticide ne sera pas efficace sur des larves plus grosses). Généralement, les interventions à partir du stade 4 feuilles ont moins de chances d’être rentables.
Considérer que certains traitements de semences et certains hybrides de maïs Bt offrent une protection au cours des 3-4 premières semaines suivant la levée du maïs contre le ver-gris noir, mais ne permettent pas de contrôler les infestations sévères.
On recommande de dépister entre 100 et 250 plants par champ, selon le stade du maïs (ex. : 250 plants si du maïs à 1 feuille est coupé ou 100 plants si du maïs à 4 feuilles est coupé). Il est judicieux de dépister les champs dès qu’ils sont désherbés, puisque les larves risquent de migrer des mauvaises herbes vers la culture. Il peut être nécessaire de retourner dépister à plus d’une reprise, afin de déterminer si les dommages sont en augmentation.
Pour de plus amples informations sur la méthode de dépistage, les seuils et la stratégie d’intervention, veuillez consulter la fiche technique Ver-gris noir.
En cas de dommages importants, veuillez en informer votre conseiller régional du MAPAQ et le RAP Grandes cultures.
PLUIES DES DERNIÈRES SEMAINES : SUIVI DE L'EFFET DES HERBICIDES
S. Flores-Mejia1, B. Duval2, A. Picard2 et A. Marcoux2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
De façon générale, il faut environ 12,5 à 25 mm de pluie pour activer la plupart des herbicides appliqués en prélevée ou en pré-semis (PRÉ). Si la couche superficielle du sol est sèche, il se peut qu’une première pluie serve surtout à humidifier le sol et qu’une quantité supplémentaire soit nécessaire pour activer l’herbicide et le faire pénétrer dans le profil du sol pour atteindre les plantules de mauvaises herbes.
Cependant, la pluie abondante, comme observée récemment dans plusieurs régions, peut parfois réduire l’efficacité des herbicides ou causer des symptômes de phytotoxicité à la culture :
- Dilution : les fortes pluies peuvent diluer la concentration du (des) herbicide(s) présent(s) dans la solution de sol, réduisant ainsi leur efficacité sur les mauvaises herbes.
- Ruissellement (run-off) : de même, les herbicides peuvent être amenés hors de la zone ciblée par le ruissellement et/ou l'accumulation (i.e. flaques d’eau) dans certaines zones, comme à la base d’une pente, et ont le potentiel de causer de la phytotoxicité dans la culture autour de la zone affectée ou des cultures avoisinantes.
- Lessivage : la pluie (ou une irrigation excessive) peut emporter l’herbicide loin de la zone de germination des mauvaises herbes (couche supérieure du sol dans laquelle il exerce son effet) vers la zone où se trouvent les semences ou les racines de la culture, facilitant l’absorption de l’herbicide par la culture.
Le lessivage par une pluie excessive est favorisé dans les sols sablonneux. Ainsi, certains herbicides ont une plus grande facilité à se lessiver, selon ses propriétés de solubilité dans l’eau, l’adsorption sur les particules de sol et la dégradation microbienne. Plusieurs herbicides résiduels appliqués en PRÉ sur le maïs et le soya sont commercialisés sous forme de mélanges. L’avantage est que certaines matières actives du mélange sont plus solubles dans l’eau que d’autres, diminuant donc l’effet du lessivage en cas de pluies abondantes, comparativement à l’utilisation d’une seule matière active.
Il est important de respecter les indications de l’étiquette des herbicides permis par rapport aux doses, selon le type de sol et le taux de matière organique, car ces facteurs ont un impact sur l’adsorption des herbicides au sol et le potentiel de lessivage. Il est également important de respecter le délai entre l’application de l’herbicide et un événement de pluie. Un plus grand nombre de cycles d'humidité et de sécheresse du sol peuvent contribuer à lier l'herbicide au sol, réduisant ainsi son lessivage.
Voici quelques points à considérer pour maximiser l’efficacité des herbicides lorsque des événements de pluies importantes surviennent :
- Lors d’une saison pluvieuse, choisir des herbicides ayant une faible solubilité dans l'eau et une forte adsorption aux particules de sol, lorsque cette option est possible. Utiliser des mélanges d’herbicides possédant des caractéristiques de solubilité et d'adsorption différentes et/ou des prémélanges. Ceci offre en plus l’avantage d’utiliser plusieurs modes d'action différents pour lutter efficacement contre les mauvaises herbes résistantes aux herbicides.
- Réaliser un dépistage 7 à 10 jours après l’application des herbicides, afin d’en évaluer l’efficacité et déterminer si une autre intervention est nécessaire. Vérifiez les zones où l’eau s’accumule pour des signes de phytotoxicité par absorption par les racines. Si vous soupçonnez de la phytotoxicité, vous pouvez consulter le site d’IRIIS phytoprotection dans la section Recherche de symptômes et dommages sur les plantes. Au besoin, il est possible d’effectuer une demande de diagnostic de phytotoxicité sur une culture en croissance en envoyant un échantillon et en remplissant une demande. Le dosage chimique de pesticides en envoyant un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection est aussi l’un des services offerts. Pour plus d’information sur ce service et avant d’envoyer un échantillon pour dosage, vous devez contacter Annie Marcoux (annie.marcoux@mapaq.gouv.qc.ca).
- Adapter la stratégie de désherbage, considérant que la période pour lutter contre les mauvaises herbes sera réduite, notamment dans les sols sablonneux et ceux ayant un faible taux de matière organique. Considérez faire une intervention en post-levée (POST) avant que les mauvaises herbes n’atteignent 10 cm de hauteur.
Pour plus d'information :
- Amit Jhala. 2017. Effect of Excessive Rainfall on Efficacy of Residual Herbicides Applied in Corn and Soybean. Cropwatch. University of Nebraska-Lincoln (en anglais seulement).
CARTES INTERACTIVES POUR LA FUSARIOSE DE L'ÉPI : COMMENT LES INTERPRÉTER
T. Copley1 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Les producteurs de céréales sont appelés à surveiller les cartes interactives pour la fusariose de l’épi. Actuellement, dans le sud de la province, certains champs de céréales d’automne (seigle et blé) sont soit en épiaison ou en floraison, ce qui les rend à risque d’infection par la fusariose de l’épi.
La consultation des cartes interactives sur Agrométéo Québec permet d’évaluer le niveau de risque en fonction des conditions météorologiques en temps réel : actuellement, le niveau de risque varie d’une région à l’autre. Le risque d’infection augmente lors de conditions chaudes (>25 °C) et pluvieuses.
Les cartes présentent des niveaux de risque « BAS » (0 à 25), « MOYEN » (25 à 35) et « ÉLEVÉ » (35 à 50). En situation de risque bas, aucune intervention n’est nécessaire. En cas de risque élevé, un champ est considéré à risque peu importe la cote de résistance du cultivar. Mais comment interpréter un niveau de risque moyen?
- Les études démontrent que les conditions météorologiques expliquent 50 % de l’impact de la maladie au niveau du contenu de mycotoxines en fin de saison.
- Le choix du cultivar est responsable d'environ 25 % de l'impact de la maladie. Les cotes de résistance sont disponibles dans les guides RGCQ.
- Notez qu’un jour à risque moyen peut justifier une application de fongicide dans le cas d’un cultivar susceptible (cote de résistance RGCQ à la maladie de 4 à 9);
- Pour un cultivar moyennement résistant (cote de résistance RGCQ à la maladie de 1 à 3), c’est plutôt 2 jours à risque moyen qui mettent un champ réellement à risque, sauf si d'autres facteurs augmentent le risque, comme un historique de maladie.
- Le précédent cultural explique environ 20 % de l’impact de la maladie. Les précédents « maïs » ou « céréales » augmentent le risque, tandis que les dicotylédones (non-graminées, ex. soya) réduisent le risque.
- D'autres facteurs expliquent environ 5 % de l’impact de la maladie :
- La présence de culture intercalaire peut créer une barrière physique, réduisant la quantité de spores qui atteignent les étamines (fleurs);
- L’historique de la maladie au champ et dans les alentours. Les champs avec un fort historique de la maladie ont généralement un taux d’inoculum plus élevé au champ. La présence de champs de maïs à proximité augmente aussi le taux d’inoculum qui pourrait atteindre un champ.
Si une intervention est requise, elle doit être réalisée au bon stade, avant la mi-floraison dans le cas du blé. Plus précisément, la culture doit présenter plus de 70 % des épis entre les stades début floraison et mi-floraison. Une application de fongicide lors du stade de montaison (orge) ou d’épiaison (blé et autres céréales) peut aider à réduire l’incidence de la maladie et les taux de mycotoxines de 25 à 30 %. Par contre, les applications hâtives sont moins efficaces que celles faites aux bons stades (épiaison dans l’orge et la floraison pour le blé et les autres céréales), qui peuvent réduire l’impact de la maladie jusqu’à 50 %.
Pour une gestion efficace des risques, il est important d'adopter une approche intégrée qui combine l'observation des conditions météorologiques, la consultation d'outils d'aide à la décision, comme les cartes interactives, et la prise en compte de tous les facteurs agronomiques pertinents.
LE DÉVELOPPEMENT DE L'OÏDIUM EST RALENTI PAR LES TEMPÉRATURES CHAUDES
T. Copley1 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Des cas d’oïdium dans le blé sont toujours observés dans plusieurs régions agricoles. Cependant, les températures chaudes (>22 °C), ne sont pas favorables au développement de l’agent pathogène et réduiront sa propagation au champ. Au-delà de 25 ºC, la maladie est fortement ralentie et l’infection n’a généralement pas le temps de progresser suffisamment pour être une menace pour la culture.
C’est lorsque les feuilles du haut sont atteintes que la culture peut subir une perte de rendement. On veut donc éviter que l’oïdium se présente sur la feuille étendard (feuille du haut). Lorsque la 3e feuille du haut est atteinte, 2 dépistages par semaine et une bonne surveillance des conditions climatiques sont nécessaires pour évaluer si une application de fongicide foliaire est nécessaire. Des conditions fraîches (15 à 22 °C) et humides, soit une humidité supérieure à 85 %, sont nécessaires pour que la maladie se propage au champ. Un couvert très dense, refermé et qui maintient l’humidité peut favoriser le développement de la maladie, même en l’absence de précipitations.
Mise en garde
Après l’émergence de la feuille étendard, il est recommandé de ne pas appliquer de fongicides à base de strobilurine, car ils peuvent augmenter le niveau de mycotoxines chez les céréales. Afin de connaître les fongicides homologués contre l’oïdium et la fusariose, consultez l'avertissement N° 6 du 30 mai 2025.
VIRUS DE LA JAUNISSE NANISANTE DE L'ORGE : POURQUOI AUTANT DE CAS EN 2025?
T. Copley1 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Des cas de virus de la jaunisse nanisante de l’orge (VJNO) dans le blé d’automne ont été rapportés dans plusieurs régions agricoles cette saison. Autant que cette maladie n’est pas nouvelle, plusieurs personnes se demandent pourquoi on l’observe autant cette année.
Le VJNO se transmet par plusieurs espèces de pucerons, mais les symptômes prennent au moins 2 semaines pour apparaître après que la transmission ait lieu. Certaines pratiques agricoles, comme un semis hâtif dans le cas du blé d’automne, peuvent mettre à risque un champ en raison d’une période prolongée d’exposition aux pucerons. Les semis hâtifs de 2024, en combinaison d’un automne très doux, pourraient expliquer l’augmentation des observations du VJNO cette année. Dans certaines régions, comme la Montérégie-Est, le premier gel mortel pour les pucerons a seulement eu lieu le 24 novembre 2024. Pour les champs semés au début septembre, cela veut dire que les pucerons auraient eu plus de 2 mois pour transmettre le virus.
Noter qu’aucune intervention phytosanitaire n’existe pour le VJNO. Une surveillance des pucerons peut aider à évaluer le risque de transmission dans un champ, mais aucun seuil d’intervention de pucerons n’existe pour la gestion du VJNO.
Pour plus d’information, veuillez consulter l'avertissement N° 4 du 16 mai 2025.
MOUCHETURES PHYSIOLOGIQUES : NE PAS CONFONDRE AVEC LES MALADIES
T. Copley1 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Plusieurs cas de mouchetures physiologiques (aussi connues comme des taches physiologiques ou du « flecking ») ont été rapportés dans le blé d’automne. Les mouchetures physiologiques sont dues à des conditions génétiques et climatiques, et se présentent souvent lors des écarts brusques et importants de températures (Tmax-Tmin > 15 °C dans une journée) ou d’éclairage (conditions nuageuses à ensoleillées) ou un déficit en chlorure. Les conditions climatiques fluctuantes des dernières semaines expliquent la forte présence de mouchetures physiologiques observée.
Les taches blanchâtres à jaune-brunes se trouvent généralement entre les veines sur toutes les feuilles (bas et haut), et sur toutes les plantes, tandis que les taches foliaires dues aux maladies se trouvent généralement sur les feuilles du bas en premier, ne suivent pas les veines et se trouvent souvent en foyer.
Certaines variétés de blé sont plus susceptibles de présenter des mouchetures physiologiques que d’autres et la présence des taches variera selon les conditions climatiques. Les rendements sont très rarement affectés par les mouchetures physiologiques; seulement quelques cas extrêmes avec des plantes entièrement jaunes ou brunes peuvent conduire à des pertes de rendement.
Si un champ présente des symptômes de mouchetures physiologiques, un test de chlorure est recommandé, afin de s’assurer qu’il n’y a pas un déficit au champ. L’application de potasse en forme de KCl peut parfois corriger le problème, surtout en cas de pH neutre ou acidique. L’utilisation de fongicides n’aura aucun effet sur les mouchetures physiologiques et un diagnostic de maladie reviendra négatif.
| Si vous détectez des insectes ravageurs en dehors des sites de dépistage du RAP Grandes cultures, vous êtes invité à signaler ces observations. Pour ce faire, vous pouvez remplir la fiche disponible en balayant le code QR ci-contre. | ![]() |
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
