Météo : températures estivales, mais variables, nouvelles précipitations abondantes par endroits. Développement de la culture : bonnes conditions de croissance, mais variables par endroits, dommages localisés de grêle. Insectes : doryphore actif à peu près partout, pression faible, légère ou localisée d’autres ravageurs, dont la cicadelle de la pomme de terre. Maladies : aucun cas de mildiou, mais risques présents dans plusieurs secteurs, légère progression de la brûlure hâtive, début ou faible activité d’autres pathogènes. Gestion des mauvaises herbes : poursuite localement de contrôle en postlevée, tests de résistance.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 4 au 10 juillet 2025, du temps généralement chaud et humide a eu lieu avec des alternances de journées plus fraîches par endroits. Par exemple, une température très chaude a été enregistrée le 6 juillet dans le sud de la province (30-34 °C), puis plus fraîche le lendemain 7 juillet, avec un maximum sous 20 °C ailleurs en province. Des nuits ont été plutôt dans la fraîcheur plus au nord (consultez le sommaire agrométéorologique). Un nouvel épisode de précipitations significatives a eu lieu dans des secteurs du centre et du sud de la province, avec des cumuls dépassant par endroits 75-80 mm. Le tout est survenu principalement les 6 et 7 juillet, mais aussi tout dernièrement le 10 juillet par endroits. Les secteurs nord et est ont été moins affectés par ces averses souvent orageuses et parfois erratiques (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 10 au 17 juillet), Environnement Canada mentionne des températures chaudes et humides à peu près partout, avec des valeurs parfois à plus de 30 °C dans des secteurs du sud et du centre de la province. Des précipitations sous la forme d’averses ou d'orages sont aussi prévues, de manière variable selon la région.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La croissance des plants demeure active avec une bonne pousse végétative dans l’ensemble de la province. Cependant, dans les zones de champ où l'eau s'accumule de manière récurrente à la suite d’orages (ex. : Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches), le développement est plus difficile ou des plants dépérissent, à cause de l’asphyxie racinaire. En terrains plus légers, les précipitations ont permis de mettre en pause la pratique de l’irrigation (ex. : Lanaudière). Dans d’autres secteurs qui ont reçu moins de précipitations (ex. : est de la province), des producteurs surveillent de plus près l’humidité des sols. Les entre-rangs se ferment de plus en plus, mais cela tarde pour certains cultivars et selon la région. Le décompte de tubercules par plant demeure bien variable selon le cultivar et la région. Des décolorations du feuillage sont mentionnées par endroits, pour certains cultivars. Des orages localisés ont causé de la grêle, comme dans le centre de la province (voir photo). Des conditions très humides dans des parcelles plus végétatives ont favorisé l’activité de limaces, avec des dommages présentement mineurs (voir photo). Les chantiers de sarclage et de renchaussage sont encore en cours en plusieurs endroits (surtout dans les régions du centre et de l'est) à la suite d’une météo peu collaboratrice, retardant l'entrée au champ. Il y a toujours un retard sur la saison 2024 pour le grossissement des tubercules, mais cela s’en rapproche de plus en plus, selon la région et le cultivar. Le tableau 1 présente le développement de la culture de primeur dans différentes régions de la province.
Tableau 1 : État d'avancement de la culture de primeur pour des producteurs types, rapporté par les collaborateurs du RAP (en date du 10 juillet 2025)
| Régions | Stade de la culture (primeur)1 |
|
| 2025 | 2024 | |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Postfloraison Poursuite des récoltes |
Postfloraison à maturation Tubercules : ND |
| Outaouais | Fin floraison Tubercules : 3-6 cm |
Fin floraison Tubercules : 4-6 cm |
| Lanaudière | Postfloraison Tubercules : 5-9 cm Récoltes localement |
Postfloraison à maturation Tubercules : 6-10 cm |
| Centre-du-Québec et Mauricie | Pleine floraison à fin floraison Tubercules : 4-6 cm |
Fin floraison à postfloraison Tubercules : 4-9 cm |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Pleine floraison Tubercules : 3-6 cm |
Fin floraison à postfloraison Tubercules : 4-8 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Début floraison2 Tubercules : 1-3 cm |
Floraison Tubercules : 3-5 cm |
GESTION DES RAVAGEURS
- Punaise terne : activité des adultes plutôt stable et même à la baisse par endroits, causant des dommages visibles à des tiges du haut des plants dans plusieurs régions, pouvant demander un suivi plus serré localement.
- Altise à tête rouge : début d’activité en bordure de quelques champs dans des secteurs du centre de la province. Ces grosses altises sont à surveiller, car elles sont plus agressives que les autres.
- Pucerons : décomptes demeurant plutôt bas et même en diminution par rapport à la semaine dernière, pour une moyenne rapportée de 8 individus/piège bol/semaine en zones semencières. En parcelles commerciales, les populations demeurent faibles, sans colonies encore identifiées, dans des champs sans insecticide utilisé au semis.
- Pyrale du maïs : ponte en cours (Saguenay–Lac-Saint-Jean), mais à un niveau présentement bas. Ce ravageur est plus problématique dans les provinces maritimes et aussi au Manitoba, mais seulement localement au Québec.
GESTION DES MALADIES
Mildiou
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé ou rapporté au Québec depuis le début de la saison. Les conditions de la dernière période ont été favorables au champignon, mais pas dans toutes les régions, celles au centre et certains secteurs plus au sud étant davantage à risque. On rappelle que le passage d’orages, en provenance d’une potentielle zone à risque, peut favoriser la dispersion de spores de la maladie. Une protection complète du feuillage, dont la plus jeune pousse en croissance constante, est nécessaire. L’usage de produits dits plus pénétrants peut être justifié par endroits. Des produits comme les acides phosphoreux aident à contrôler le mildiou et cela aiderait aussi à activer le mécanisme de défense de la plante. On rappelle que des cas de mildiou en parcelles ont déjà été observés tôt en saison au Québec, comme en 2009 (le 24 juin en Montérégie et le 8 juillet dans la région de Québec).
Concernant le suivi par capteurs de spores mentionné dans le dernier avertissement (pour des secteurs hors Québec), de nouvelles captures de spores ont eu lieu par endroits, mais toujours sans présence de la maladie rapportée en champs. Pour le Québec, le site suivant peut être consulté : Airspore. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord en cours de période.
Avec la saison qui avance, les risques de mildiou augmentent aussi. Il faut donc continuer, ou débuter selon le cas, le suivi des parcelles pour y détecter toute trace possible de la maladie. Des visites régulières dans les champs demeurent le moyen le plus efficace pour détecter la présence de symptômes. La découverte hâtive d’un possible inoculum primaire de la maladie est importante pour optimiser son contrôle et empêcher sa dissémination à plus grande échelle. Également, la gestion des volontaires, qui sont plus présents et maintenant plus développés par endroits (si pas défoliés par les doryphores), doit se poursuivre.
Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller ou le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, au besoin, afin de bien identifier la présence du mildiou, car d’autres symptômes peuvent y ressembler.
Brûlure hâtive
Des symptômes de la tache alternarienne (brûlure hâtive) sont rapportés dans un peu plus de parcelles du sud et du centre de la province. Les symptômes associés à la maladie se résument présentement à l’étage du bas de plants, près du sol. Il est important de bien identifier la maladie, car d’autres taches peuvent y ressembler (voir photo). Une analyse en laboratoire est souvent nécessaire. Une intervention avec un produit plus spécifique serait le plus souvent nécessaire dès l’observation d’un premier symptôme dans l’étage médian des plants ou juste avant la fermeture des entre-rangs selon la sensibilité du cultivar et la pression connue sur la ferme.
Voici quelques observations rapportées en cours de période par des collaborateurs et qui sont d’intérêt :
- Jambe noire : peu de nouveaux cas rapportés et pas de présence généralisée en province, avec une activité plus importante en Montérégie et dans le Centre-du-Québec, avec le cultivar 'Colomba' plus touché.
- Dartrose : aucun symptôme n'est encore signalé. Les interventions préventives sont en général terminées.
- Plants virosés : peu de nouveaux cas rapportés, avec le PVY et/ou le PVX identifiés.
- Gale commune : peu de cas rapportés encore. Un sol humide lors de la tubérisation diminue les risques d’infection et de développement de la maladie sur les petits tubercules. Il se peut que des symptômes de la gale soient parfois confondus avec un désordre physiologique ou abiotique.
- Flétrissure verticillienne : tout début de symptômes associés au champignon dans une parcelle du cultivar 'Envol' implantée plus tôt en saison.
- Moisissure grise : début d’une faible activité dans le fond des allées de quelques champs plus végétatifs dans le sud de la province, avec de l’humidité récurrente, mais sans impact sur la culture.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Le contrôle des mauvaises herbes a représenté un défi plus grand cette année par endroits. Des producteurs espèrent une couverture rapide des entre-rangs et son maintien en cours de saison pour en limiter les repousses. Des interventions en postlevée se poursuivent par endroits. Des populations localement élevées de certaines espèces, dont le chénopode, commencent à être rapportées dans des parcelles en pomme de terre. Il est toujours possible de vérifier si un développement de résistance aux herbicides en serait la cause en soumettant des échantillons au LEDP. Plus d’informations suivront dans le prochain avertissement à ce sujet.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
