Cucurbitacées, Avertissement No 8, 16 juillet 2025

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Orages du 13 juillet : quantité d’eau très variable selon les secteurs. Phytophthora capsici en augmentation. Pas de mildiou au Québec ni en Ontario, mais présence accrue dans le nord des États-Unis. Taches foliaires stables ou en légère augmentation. Premières lésions de blanc. Cas de mauvaise pollinisation. Insectes actifs.

 
ÉTAT DES CULTURES
 
Du temps chaud, humide et parfois orageux s'est installé durant la période du 9 au 15 juillet. Semblable à la période précédente, ce sont surtout les précipitations, sous forme de pluies fréquentes ou d'orages forts qui ont marqué les sept derniers jours. Certains secteurs ont reçu beaucoup trop de pluie alors que d'autres en auraient pris davantage. 

La croissance des cucurbitacées est de bonne à variable selon les quantités d'eau reçues et le type de sol. Les récoltes de concombres, cornichons et courgettes se poursuivent. La qualité est généralement bonne.
 
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.
 
 
PREMIERS CAS DE PHYTOPHTHORA CAPSICI 
 
Le temps chaud et les précipitations parfois abondantes que nous subissons actuellement sont propices à l’apparition du Phytophthora capsici. Quelques foyers ont déjà été dépistés dans des champs de courges, citrouilles, courgettes et concombres de la Rive-Nord et de la Rive-Sud de Montréal. Bien que très difficile à contrôler, l’application de fongicides peut aider à freiner le développement de l'agent pathogène. Les fongicides suivants ont démontré une capacité à limiter le développement de la maladie, lorsqu'appliqués préventivement : ORONDIS ULTRA, ZAMPRO, PRESIDIO et REVUS.
 
Si Phytophthora capsici est présent dans vos champs
Lors de vos opérations au champ, dans la mesure du possible, visitez d'abord les champs sains pour terminer par les champs contaminés. Sinon, lavez bien vos tracteurs et vos récolteuses lorsque vous devez passer d’un champ contaminé à un champ sain, car Phytophthora capsici peut se transmettre d’un champ à l’autre par les particules de sol qui restent collées sur les roues du tracteur.
 
 
PRÉVENIR LES PERTES CAUSÉES PAR LE MILDIOU DANS LE CONCOMBRE ET LE MELON BRODÉ
 
Le mildiou (Pseudoperonospora cubensis) n'est pas encore signalé au Québec. Cependant, les pluies, la forte humidité relative et les rosées abondantes peuvent être propices au développement de la maladie présente au Michigan, en Pennsylvanie et en forte augmentation dans l’État de New York.

Pour visualiser les premiers symptômes de la maladie et connaître la stratégie de traitement pour les concombres frais, de transformation et pour le melon brodé, consultez le bulletin d'information N° 3 du 2 juillet 2025.
 
 
MALADIES FOLIAIRES
 
La tache angulaire causée par la bactérie Pseudomonas syringae est présente dans plusieurs régions dans le concombre, le melon brodé et les courges d'hiver mais son développement est stable ou faible depuis une semaine.  
 
La tache septorienne dépistée dans la citrouille et dans la courge d'hiver est stable. En Montérégie, on rapporte quelques foyers d’anthracnose (Colletotrichum orbiculare) sur le feuillage du concombre frais et du concombre de transformation.
 
Image Agri-Réseau

Anthracnose sur une feuille de concombre frais
7 juillet 2025

Photo : Nadia Surdek, agr. (PleineTerre)

 

PREMIER SIGNALEMENT DU BLANC

 
Les premières taches de blanc (Podosphaera xanthii) ont été dépistées en Montérégie dans la courgette, le concombre et la courge d’hiver. On rapporte également des traces dans les régions de Lanaudière et dans la Capitale-Nationale pour la courgette et la courge d’hiver, respectivement.

Stratégies de traitement contre le blanc
Pour les courgettes et les concombres
Dès que la récolte est terminée, détruisez les vieux plants pour qu’ils ne deviennent pas une source de contamination pour les champs plus jeunes ou pour les autres cucurbitacées. Dans les autres semis, commencez les traitements dès l’apparition des premiers symptômes.

Pour les autres cucurbitacées
Selon les résultats d’essais d’efficacité menés par l’Université Ohio en 2021, il est suggéré de commencer les pulvérisations contre le blanc dès l’apparition des premiers symptômes. Commencez les traitements avec des fongicides à sites d’actions spécifiques comme le VIVANDO (metrafénone), l’APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difénoconazole), et le LUNA SENSATION (fluopyram + trifloxystrobine) qui ont montré une bonne efficacité en 2021. Le pathogène peut cependant rapidement développer des résistances, si l’on ne fait pas de rotation parmi les différents groupes chimiques des fongicides.

En production biologique, les résultats obtenus par l'Université Ohio en 2021, parmi les quelques biofongicides testés, montrent que le MILSTOP (bicarbonate de potassium) ainsi que le REGALIA MAXX (extrait de la plante Reynoutria sachalinensis) peuvent réprimer le pathogène.

En conformité avec plusieurs études ontariennes et américaines, le CABRIO EG (pyraclostrobine) a perdu de son efficacité contre le blanc. Cependant, il peut toutefois supprimer les autres maladies telles que la tache alternarienne, la pourriture noire et l’anthracnose. Plusieurs fongicides ont été homologués contre le blanc ces dernières années.

Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 22 mai 2025 pour consulter les fongicides homologués contre cette maladie en production biologique et conventionnelle.


  
QUELQUES CAS DE MAUVAISE POLLINISATION DANS LA COURGETTE
 
On rapporte quelques cas de mauvaise pollinisation (coulure) dans la courgette. Il peut s’agir de la conséquence d’un manque de pollinisateurs ou d’une mauvaise germination des grains de pollen. En période de fortes chaleurs, les abeilles sortent moins et sont davantage occupées à ventiler la ruche : la pollinisation s’en trouve ainsi réduite.

De plus, un excès d'humidité rend le pollen collant et moins viable. Il se déplace difficilement dans la fleur femelle, ce qui affecte la capacité germinative des grains de pollen. Assurez-vous d’un nombre suffisant de pollinisateurs pour la surface de cucurbitacées cultivée. En matinée, entre 8 h et 9 h, dans un champ en floraison, vous devriez voir au moins une abeille toutes les minutes.
 

INSECTES RAVAGEURS
 
Dans certains secteurs, la chrysomèle rayée nécessite encore des traitements dans des champs au stade végétatif. 
Dans quelques régions, on observe maintenant les premiers plants atteints de flétrissement bactérien. Pour connaître les seuils d'intervention ou pour consulter des photos de symptômes de flétrissement, consultez la fiche technique Chrysomèle rayée du concombre.

On observe la punaise de la courge, des masses d'oeufs et des nymphes dans des champs de melons, de courges, de citrouilles et de courgettes dans plusieurs régions. Les punaises occasionnent des dégâts par leurs piqûres d’alimentation : avec son stylet, la punaise perce les tissus des plantes et interrompt le transport des nutriments via le phloème, ce qui provoque le flétrissement des feuilles, des tiges ou des vignes dans la portion au-dessus de la piqûre. Ces dommages ressemblent aux symptômes du flétrissement bactérien. De plus, la punaise de la courge peut être vectrice de la bactérie Serratia marcescens, responsable de la maladie bactérienne ''Cucurbit yellow vine disease (CYVD)''. Des références américaines suggèrent un seuil de traitement, avant la floraison, d'une punaise adulte à tous les deux plants dépistés (plus de 15 punaises adultes pour 30 plants dépistés). Après la floraison, le seuil d’intervention se situe à une (1) masse d’œufs par plant ET la présence de nymphes.

Les captures du perceur de la courge (Melittia cucurbitae) sont en hausse dans de nombreuses régions. Les champs de petite dimension sont plus à risque, car un plus grand nombre d’œufs sont pondus par plant et conséquemment, les nombreuses larves qui peuvent se trouver dans la tige tuent le plant. Les courgettes sont particulièrement vulnérables aux dommages du perceur de la courge. Toutefois, les courges Butternut, les concombres et les melons ne sont habituellement pas attaqués. Mis à part les filets d’exclusion, il n’y a pas d’autre moyen de lutte actuellement. Aucun insecticide n’est homologué contre le perceur de la courge au Canada.

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.