Grandes cultures, Avertissement No 14, 18 juillet 2025


Pourriture à sclérotes : risques d'apothécies variables. VGOH : préparez-vous à dépister les masses d’œufs. Puceron du soya : dépistage nécessaire malgré des populations généralement faibles. Maladies des céréales : vigilance dans les champs peu avancés! Cécidomyie du chou-fleur : mise à jour des captures. Méligèthe des crucifères : des populations sous les seuils d'intervention. Noir des céréales (fumagine) dans le blé d'automne. Ozone : un polluant atmosphérique qui peut nuire au soya. Souci phytosanitaire ou manque d'azote?

 
POURRITURE À SCLÉROTES DU SOYA : RISQUES D’APOTHÉCIES VARIABLES SELON LA RÉGION
T. Copley1, M. St-Laurent2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
 
Aucune nouvelle apothécie n’a été observée depuis celles du 8 juillet dernier (Mirabel). Les modèles prévisionnels indiquent des risques élevés d’apothécies dans les MRC suivantes : des Collines-de-l'Outaouais (Outaouais), Antoine-Labelle et de Matawinie (Laurentides), Lotbinière, les Appalaches et Montmagny (Chaudière-Appalaches), Portneuf, la Côte-de-Beaupré et la Jacques-Cartier (Capitale-Nationale), ainsi que d’Arthabaska et l’Érable (Centre-du-Québec). Les prévisions de risques sont en date du 18 juillet 2025 et comprennent les prévisions météorologiques jusqu’au 24 juillet 2025.

Les spores infectent la culture à travers les fleurs et c’est aux stades de floraison (R1 à R3) qu’une première intervention peut être envisagée. Comment déterminer si vos champs sont à risque et si une application de fongicide est réellement justifiée? Plusieurs facteurs favorisent l’apparition et le développement de la maladie, notamment :
 
  • Un historique de la maladie dans le champ;
  • Un sol humide dans les 5 premiers centimètres;
  • Le stade de développement du soya (les spores infectent le soya à travers des fleurs flétrissantes, soit les stades R1 à R3). Si les fleurs ne sont pas présentes, le champ n’est pas à risque;
  • Le niveau de résistance du cultivar;
  • Des rangs fermés à plus de 50 %, ce qui favorise un sol humide;
  • Des températures fraîches (< 22 °C);
  • La densité ou population des plantes au champ (une densité élevée favorise un sol humide).
 
Rappelons que les sclérotes nécessitent un minimum de dix jours de sol humide pour produire des apothécies, et ce dans les 5 premiers centimètres. Des températures élevées et des bons vents aident à sécher la surface du sol, surtout quand les rangs ne sont pas encore fermés. Il est donc important de suivre vos champs, en prenant soin de :
 
  • Noter le stade de développement du soya;
  • Vérifier si la canopée est fermée;
  • Évaluer l’humidité du sol.

Surveillez l’avertissement du 22 juillet prochain pour une mise à jour de la situation. Pour plus d’information, consulter la fiche technique La pourriture à sclérotes chez le soya. 

 

Image Agri-Réseau

Apothécies de la pourriture à sclérotes dans un entre-rang de soya

Photo : T. Copley (CÉROM)

   

VERS-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT (VGOH) : DÉBUT DES CAPTURES DE PAPILLONS, PRÉPAREZ-VOUS À DÉPISTER LES MASSES D'OEUFS!
J. Saguez1, H. Brassard2, V. Samsonet C. Rieux2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
 
Le RAP Grandes cultures suit les populations du VGOH depuis quelques semaines. Même si les captures demeurent très faibles, cela indique que l’espèce est présente dans les secteurs où ils ont été piégés. Pour visualiser les données du RAP, cliquer ici.

Pour dépister les masses d’œufs, il faut tenir compte du stade de développement du maïs. Les stades sont actuellement très variables d’un champ à l’autre dans l’ensemble de la province. Certains champs sont au stade végétatif, alors que dans d’autres champs, les panicules (croix) sont à la veille d’émerger.

Les femelles choisissent généralement des champs de maïs qui approchent ou ont atteint le stade de la sortie des panicules pour pondre leurs œufs, car les jeunes larves se nourrissent du pollen avant de se déplacer vers les épis. Les champs de maïs approchant la floraison sont donc plus à risque d’accueillir les papillons pour pondre. Il faut donc prioriser ces champs lorsque vient le temps de penser à planifier le dépistage des masses d’œufs. En revanche, si le maïs est encore à des stades de croissance inférieurs, il présentera un risque moindre. Même si des œufs étaient pondus sur les plants moins développés, les jeunes larves qui pourraient émerger n’auront aucune source de nourriture pour s’alimenter et leur chance de survie serait ainsi réduite.

Quand et comment dépister et reconnaître les masses d’œufs du VGOH
Le dépistage des masses d’œufs consiste à observer 100 plants de maïs répartis dans 10 stations à travers le champ, soit 10 plants par station. Il faut observer la totalité du plant, en portant une attention particulière à la face supérieure des feuilles situées dans le haut du plant. Les masses d’œufs sont plus faciles à observer les jours de beau temps en regardant les feuilles à contre-jour. Il est recommandé de réaliser ce dépistage à une fréquence de 5 à 7 jours.
 
Image Agri-Réseau

Même masse d'oeufs vue à contre-jour (à gauche) et à la lumière (à droite)

Photo : J. Saguez (CÉROM)
 
 

Les masses d’œufs sont souvent formées de plusieurs dizaines d’œufs semi-sphériques pondus en une seule couche. Fraîchement pondue, elles sont de couleur blanc/crème et elles deviennent de plus en plus foncées jusqu’à devenir violacées, quelques jours avant l’éclosion.
 
Image Agri-Réseau

Masse d'oeufs de VGOH

Photo : J. Saguez (CÉROM)
 
 

Attention de ne pas confondre les masses d'oeufs de VGOH avec celles des punaises. Ces dernières ont une forme de tonneau et contiennent moins d'oeufs.
 
Image Agri-Réseau

Oeufs de punaise brune

Photo : J. Saguez (CÉROM)

   
 
Image Agri-Réseau

Oeufs de punaise soldat

Photo : J. Saguez (CÉROM)

   
 
Enfin, les masses d’œufs de VGOH peuvent être parasitées. Dans ce cas, la couleur des œufs peut varier du gris au noir.
 
Image Agri-Réseau

 

Évolution d'une masse d'oeuf de VGOH parasitée

Photo : J. Saguez (CÉROM)

 
 
Pour en savoir plus sur le dépistage du VGOH
  • Fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs (grain et ensilage);
  • Vidéo Le Ver-gris occidental des haricots : biologie, dépistage et stratégies d’intervention.

 
DÉPISTAGE DU PUCERON DU SOYA : UNE NÉCESSITÉ MALGRÉ DES POPULATIONS GÉNÉRALEMENT FAIBLES
J. Saguez1, S. Boquelet V. Samson2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

En date du 17 juillet, des pucerons du soya ont été observés dans 54 des 61 champs suivis par le RAP Grandes cultures et répartis dans toutes les régions productrices de soya. Les populations de pucerons dans ces champs sont encore très faibles avec une moyenne provinciale de 9,3 pucerons/plant et un nombre moyen maximum observé de 91 pucerons/plant à Mirabel dans les Laurentides. Des coccinelles adultes et d’autres ennemis naturels ont également été observés dans 70 % des champs. Pour visualiser les données du RAP, cliquer ici.

Toutefois, lors d’observations effectuées par des dépisteurs dans des champs non suivis par le RAP, il nous a été rapporté que les populations peuvent être variables d’un champ à l’autre et même à l’intérieur de certains champs, selon certaines conditions. Un cas nous a été rapporté avec de fortes infestations (plus de 1000 pucerons/plant), causant du stress aux plants de soya. Les symptômes peuvent être un enroulement et un jaunissement des feuilles. Pour les sites comme celui-ci, un suivi rigoureux s’impose afin de bien suivre l’évolution des populations et des dommages.
 
Image Agri-Réseau

Champ de soya infesté par le puceron du soya

Photo : M. St-Onge, agr. (Agri Conseils Maska)

Image Agri-Réseau

Plant de soya infesté par le puceron du soya

Photo : M. St-Onge, agr. (Agri Conseils Maska)

 
 
Ces importantes variations de populations pourraient être dues au biotype de puceron ou à la variété de soya. Certaines variétés peuvent être plus tolérantes ou résistantes aux pucerons. Le soya est vulnérable aux attaques de pucerons jusqu’au stade R5-R6. Si les populations sont très élevées, il y a des risques de pertes de rendement. Il est donc important de bien dépister les champs pour connaître les populations de pucerons dans vos champs. Pour rappel, le seuil d’alerte est de 250 pucerons par plant, alors que le seuil d’intervention est de 650-700 pucerons par plant. Dès l’atteinte du seuil d’alerte, un suivi rigoureux (aux 3 jours) du champ est recommandé.

Référez-vous à la stratégie d'intervention pour appliquer rigoureusement les protocoles de dépistage et orienter vos décisions phytosanitaires. Si une intervention doit avoir lieu, consulter le site de SAgE pesticides afin d'identifier les produits homologués et appropriés à la situation.

 

MALADIES DES CÉRÉALES : VIGILANCE POUR LES CHAMPS PEU AVANCÉS!
T. Copley1 et H. Brassard2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

 
Des cas de rouille brune, de rouille jaune, de taches foliaires fongiques et d’oïdium continuent à être rapportés dans le blé et l’orge de printemps dans certaines régions. Même si la majorité des champs ont dépassé le stade de la floraison et ne nécessiteront pas d’intervention, la vigilance est nécessaire pour les champs peu avancés (préfloraison). Un dépistage fréquent (deux fois par semaine) est recommandé dans les champs atteints par une ou plusieurs maladies foliaires afin de suivre la progression. Pour rappel, les applications de fongicides visent à protéger la feuille étendard qui produit 50 % de l’énergie pour le remplissage et ce, avant la floraison. Après la floraison, il n’y a donc aucun avantage à intervenir. 

Les conditions météorologiques pourraient aussi favoriser l’infection de la fusariose de l’épi dans les champs en épiaison (orge) ou en floraison (toutes les céréales). La consultation des cartes prévisionnelles sur Agrométéo Québec permet de déterminer si les conditions météorologiques sont favorables à l’infection ou non.  

Les avertissements des dernières semaines peuvent être consultés pour plus d’information : 

  • Seuils d’intervention rouille jaune et oïdium
  • L’interprétation des cartes interactives de la fusariose de l’épi.
 
Image Agri-Réseau

Niveaux de risque pour la fusariose de l'épi du 18 au 20 juillet 2025

Source : Agrométéo Québec


 
CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR : MISE À JOUR DES CAPTURES
S. Boquel1, H. Brassard2, V. Samson2 et D. Froment2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
 
Le tableau des résultats des captures des adultes de cécidomyie du chou-fleur (CCF) selon les stades de croissance du canola sont disponibles en date du 17 juillet 2025. Cliquer ici pour consulter les données.

On constate que le canola se retrouve à des stades de maturité très variables d’un champ à l’autre. La variabilité de la croissance est d’ailleurs également visible au sein d’un même champ, ce qui s'explique en partie par les conditions météorologiques difficiles pour la culture du canola depuis le début de la saison. Cette inégalité dans la maturité retarde la sortie des stades sensibles à la CCF faisant en sorte que certains champs peuvent encore être à risque. Pour rappel, le canola est le plus à risque du stade rosette (BBCH 30) au stade où les boutons floraux des inflorescences secondaires sont individuellement visibles, mais encore fermés (BBCH 58).

De plus, il faut s’attendre à de la variabilité dans l’atteinte de la maturité à la récolte, particulièrement pour les champs qui auront été semés dans des conditions difficiles et/ou tardivement.

Pour en savoir davantage sur la méthode de dépistage, l’identification de l’insecte, les dommages qu’il occasionne et les stratégies à adopter pour lutter contre ce ravageur, consultez l’avertissement N° 9 du 20 juin 2025, la fiche technique La cécidomyie du chou-fleur ou encore le Guide des ravageurs et des ennemis naturels du canola au Québec.
  
 
MÉLIGÈTHE DES CRUCIFÈRES : DES POPULATIONS SOUS LES SEUILS D'INTERVENTION
Auteurs 2023 : S. Boquel1, H. Brassard2, V. Samson2 et A. Akpakouma2
Mise à jour 2025 : S. Boquel1, H. Brassard2, V. Samson2 et D. Froment2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

Le dépistage de ce ravageur se fait à l’aide d’un filet fauchoir, à cinq stations réparties aléatoirement dans un champ de canola, dès l’apparition des premiers boutons floraux (BBCH 50) et jusqu’à la fin de la floraison (BBCH 69). Jusqu’à maintenant, les captures de ce ravageur sont faibles dans les champs dépistés par le RAP Grandes cultures. Toutefois, des captures plus élevées ont été atteintes au Bas-Saint-Laurent (393 méligèthes par 10 coups de filet fauchoir), ce qui reste bien en dessous des seuils.
 
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Méligèthe des crucifères se nourissant de pollen libre

Photo : S. Boquel (CÉROM)

 
 
Le canola est plus sensible à cet insecte dès l’apparition des premiers boutons floraux (BBCH 50) et jusqu’à la mi-floraison (BBCH 65). Passé ce stade, les adultes délaissent les boutons pour les fleurs ouvertes afin de se nourrir de pollen libre. Toutefois, compte tenu des seuils d’intervention très élevés établis en Europe (6 000 à 9 000 méligèthes par 10 coups de filet fauchoir selon la densité des plants) et des données du RAP Grandes cultures de 2011 à 2024, les risques économiques pour la culture sont généralement faibles. Depuis 2011, la densité maximale recensée par le sous-réseau était d’environ 850 méligèthes par 10 coups de filet fauchoir. Avec une telle densité, les méligèthes sont très visibles dans le champ et les captures paraissent impressionnantes, mais ces dernières restent tout de même sept fois inférieures au seuil européen et ne nécessite aucune intervention.

Pour rappel, aucun traitement insecticide n’est actuellement homologué contre ce ravageur.

Pour en savoir plus sur la biologie, la méthode de dépistage et les seuils d’intervention, consultez la fiche technique Méligèthe des crucifères et le Guide des ravageurs et des ennemis naturels du canola au Québec.
 

NOIR DES CÉRÉALES (FUMAGINE) DANS LE BLÉ D'AUTOMNE
Auteurs 2023 : B. Duval1 et Y. Dion1
Mise à jour 2025 : B. Duval1 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ)

Le noir des céréales, aussi appelé fumagine, est caractérisé par une coloration noire des épis de blé, leur donnant une apparence sale. Il est causé par le développement de divers champignons saprophytes sur les tissus en sénescence. Leur développement est favorisé lorsque le champ est exposé longuement aux intempéries, notamment la pluie, ce qui retarde la récolte. Le noir des céréales n’est pas un symptôme de la fusariose de l’épi.

Les grains ne sont généralement pas affectés par le noir des céréales, car le développement de ces moisissures se fait à la surface de l’épi, sur les enveloppes du grain (glumes et glumelles). Ainsi, le rendement n’est pas compromis. Toutefois, dans certaines conditions, telle qu’une verse très forte empêchant l’aération des épis et une récolte très retardée, les champignons responsables du noir des céréales pourraient commencer à coloniser les grains, ce qui pourrait diminuer leur qualité.
 
Image Agri-Réseau

Vue rapprochée de noir des céréales sur blé d'automne

Photo : LEDP (MAPAQ)

 
 
Dès que les céréales atteignent leur maturité physiologique et un taux d’humidité optimal, et dès que les conditions de champ le permettent, récoltez les céréales afin de préserver la qualité des grains. Une récolte faite promptement permet de diminuer les risques de verse, les pertes de battage causées par l’égrenage et le développement de mycotoxines. Elle réduit également le risque de germination sur l'épi. Pour plus d’information, consultez l’avertissement N° 16 du 29 juillet 2022.
 
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Noir des céréales sur blé d'automne
19 juillet 2023

Photo : A. Grondin, agr. (Club Yamasol)

 

OZONE : UN POLLUANT ATMOSPHÉRIQUE QUI PEUT NUIRE AU SOYA
B. Duval1, A. Dionne2 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ); 2. Phytopathologiste (MAPAQ)

Des concentrations d'ozone élevées peuvent affecter la croissance des plantes et provoquer des symptômes foliaires. Le soya est une culture particulièrement sensible à ce gaz.

L’ozone est formé sous l’effet du rayonnement solaire à partir de polluants atmosphériques (oxydes d’azote, hydrocarbures) émis par les grands centres urbains, mais également la fumée d’incendies. Les épisodes d'ozone abondant surviennent typiquement lors de journées très ensoleillées, avec peu de vent et une masse d’air stable. Des pertes de rendements peuvent survenir même à des concentrations relativement faibles et des symptômes foliaires peuvent apparaître à de plus fortes concentrations.

L’ozone pénètre dans les feuilles par les stomates, surtout lorsque les conditions humides du sol favorisent leur ouverture. Il agit comme un oxydant et peut ralentir la croissance, accroître la sensibilité aux maladies et insectes et nuire au rendement. Les symptômes foliaires typiques sont :
 
  • De petites mouchetures (< 1 mm);
  • Des décolorations (beige, blanchâtre, jaunâtre, rougeâtre ou bronze au reflet métallique);
  • Des brûlures situées entre les nervures (qui restent vertes);
  • Des lésions visibles surtout sur la face supérieure des feuilles.
 
Aucun cultivar de soya n’est complètement résistant à l’ozone, mais certains sont plus tolérants, bien que cette information soit peu disponible. Pour limiter les effets de ce polluant, il est important de favoriser des plants vigoureux grâce à une fertilisation adéquate et un sol bien drainé, tout en évitant les stress additionnels comme les blessures ou l’excès d’eau.

Pour plus d’information, consultez la fiche IRIIS phytoprotection Soya – Polluant gazeux (Ozone).
 
Image Agri-Réseau

Dommages d'ozone sur feuilles de soya

Photos : B. Duval, agr. (MAPAQ)

 

SOUCI PHYTOSANITAIRE OU MANQUE D'AZOTE?
Auteurs 2022 : S. Brousseau-Trudel1, J. Breault1, V. Samson1 et Y. Dion1
Mise à jour 2025 : S. Brousseau-Trudel1, C. Rieux1 et H. Brassard1
1. Agronome (MAPAQ)

Les précipitations abondantes et l’accumulation d’eau au champ observées dans certaines régions peuvent ralentir la minéralisation de l’azote des engrais de synthèse, des engrais organiques et de la matière organique du sol. L’ensemble de la province a reçu plus de précipitations en 2025 que les moyennes historiques (voir figure ci-dessous). Le Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches et le Lac-Saint-Jean ont été particulièrement touchés par la surabondance de pluie.
 
Image Agri-Réseau

Écart d'accumulation de précipitations en 2025 versus la moyenne 1981-2010, en date du 18 juillet 2025

Source : Agrométéo Québec

 
 
Présentement, des signes d’accumulation prolongée en eau sont visibles dans certaines zones des champs. Les plants y sont jaunis, inégaux et/ou présentent des retards de croissance. Cela peut aller jusqu’à l’asphyxie des racines (en raison des conditions d’anoxie).

Évitez de confondre ce phénomène avec des problématiques phytosanitaires! Un indice d’accumulation d’eau prolongée est la présence de plants jaunis dans les baissières et de bandes de plants vert foncé au-dessus des drains. Le sol au-dessus des drains est généralement mieux aéré et la minéralisation de l’azote y est plus optimale.
 
Image Agri-Réseau

Champ de céréales présentant des symptômes de jaunissement (anoxie) lié à l'accumulation d'eau (démarcations vertes au-dessus des drains attibuables à une meilleure minéralisation de l'azote en sol aéré)

Photo : V. Samson, agr. (MAPAQ)

 
 
La saturation en eau du sol pourrait mener à des pertes d’azote par dénitrification. Cependant, il est plutôt rare qu'une carence induite en azote soit importante au point où l'on doive apporter des correctifs.

À titre d’exemple, les sols fournissent 50 % de l’azote au maïs au cours de leur saison de croissance. Ils contiennent donc présentement de l’azote en réserve qui attend d’être transformé. Pour mieux orienter vos décisions en lien avec votre fertilisation azotée en postlevée, consultez les conseillers agricoles ayant réalisé vos plans de fertilisation et les documents suivants : 
 
  • Doit-on ajouter un supplément d’azote dans le maïs à la suite d’un excès de pluie?
  • Comment corriger une carence d’azote dans le maïs?
  • Rescue Nitrogen for Corn in Iowa: Is It Too Late in 2025? (en anglais).
   
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc., Lise Bélanger et Sophie Belisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.