
Météo : températures très chaudes et humides, avec orages forts par endroits. Développement de la culture : bonne croissance en général malgré la chaleur et les précipitations variables. Insectes : doryphore toujours actif dans plusieurs régions; cicadelle de la pomme de terre à surveiller par endroits avec apparition de symptômes; pression faible ou en légère hausse des autres ravageurs. Maladies : aucun cas de mildiou au Québec, 1er cas en Ontario et poursuite de conditions favorables par endroits; progression de la brûlure hâtive dans le sud de la province en particulier; autres maladies en légère hausse.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 11 au 17 juillet 2025, du temps très chaud avec une humidité de l’air souvent élevée ont dominé à travers la province. Le mercure a dépassé le 30 °C plusieurs journées, particulièrement dans les régions plus au sud (5 jours sur 7 par endroits), mais moins dans les régions plus à l’est (ex. : Gaspésie) et au nord-ouest (ex. : Témiscamingue). Des minimums de nuits au-dessus de la moyenne ont également été enregistrés en plusieurs endroits (consultez le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, des averses et orages sont passés les 12-13 juillet puis les 16-17 juillet dans plusieurs secteurs, laissant des quantités variables, mais parfois importantes localement. On peut mentionner entre autres les 80 mm enregistrés sur des secteurs de l’Île-d’Orléans (Capitale-Nationale) et les 52 mm à Saint-Rémi (Montérégie) le 13 mai seulement. Des orages ont produit localement de la grêle et de bonnes rafales de vent. Certains secteurs (ex. : Gaspésie) ont été épargnés avec peu ou moins de précipitations enregistrées (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 18 au 24 juillet), Environnement Canada prévoit un retour à des températures plus près des normales, et même plus fraiches par moments plus au nord et à l’est, avec peu de précipitations (prévues principalement pour dimanche et jeudi).
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La croissance végétative des plants demeure bonne en province. Cependant, certains écarts sont rapportés selon les régions. Pour des secteurs qui ont reçu des précipitations importantes ces deux dernières semaines (ex : grande région de Québec), des collaborateurs commencent à y observer des défauts de croissance (ex. : décoloration du feuillage et dépérissement de plants dans les zones avec des accumulations en eau). Des cas de fissures de croissance sont rapportés par endroits, de même que du boulage (voir photos). Dans d’autres régions, des plants ont souffert sous la chaleur intense et le manque de précipitations (ex. : Lanaudière, Bas-Saint-Laurent), dont pour des cultivars de primeurs (ex. : 'Envol'). L’irrigation a été pratiquée dans quelques régions (ex. : Lanaudière, Montérégie, Saguenay–Lac-Saint-Jean). Ailleurs, les sols humides ont permis aux plants de mieux résister à la forte chaleur. Des taches abiotiques (ex. : nécroses de chaleur ou insolation) sont parfois remarquées, de même que de possibles carences minérales sur du feuillage. Quelques dommages (couchage de plants par le vent, bris plutôt légers aux plants par de la grêle) ont été rapportés en Montérégie à la suite de passages d’orages plus costauds. Le remplissage des tubercules se fait bien, mais graduellement pour des cultivars de primeurs, avec encore du chemin à faire pour la récolte d’entreposage. Le sarclage et/ou le buttage se poursuivent encore dans plusieurs régions, avec du retard parfois lié à des sols trop humides. Le tableau 1 présente le développement de la culture de primeur dans différentes régions de la province.
Consulter la carte des précipitations depuis le 1er mai 2025 en province pour voir les écarts entre les régions.
Tableau 1 : État d'avancement de la culture de primeur pour des producteurs types, rapporté par les collaborateurs du RAP (en date du 17 juillet 2025)
| Régions |
Stade de la culture (primeur)1
|
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| 2025 | 2024 | |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Postfloraison à maturation Récolte à début récolte sous peu |
Maturation ou sénescence Début récolte |
| Outaouais | Fin floraison Tubercules : 5-8 cm |
Début sénescence Tubercules : 7-9 cm |
| Lanaudière | Postfloraison à sénescence Tubercules : 6-10 cm Récolte à début récolte sous peu |
Postfloraison à sénescence Tubercules : 7-11 cm Début récolte |
| Centre-du-Québec et Mauricie | Fin floraison à postfloraison Tubercules : 5-7 cm |
Postfloraison à sénescence Tubercules : 6-10 cm Début récolte |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Pleine floraison à fin floraison Tubercules : 4-7 cm |
Postfloraison à début sénescence Tubercules : 6-10 cm Début récolte par endroits |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Pleine floraison2 Tubercules : 2-4 cm |
Floraison à fin floraison Tubercules : 4-6 cm |
GESTION DES RAVAGEURS
Le temps chaud et humide en cours de période a grandement favorisé le doryphore de la pomme de terre, et ce, dans toutes les régions. On observe plusieurs stades larvaires à la fois, avec une pression variable alors qu’un deuxième contrôle foliaire est nécessaire par endroits (plus au sud). La nécessité d’une intervention doit être déterminée selon le dépistage et l'abondance de la biomasse foliaire. Les traitements effectués au semis (planton/sillon) ont perdu en plusieurs endroits de leur efficacité, et ce, dans plusieurs parcelles. La vigilance est donc de mise. L’efficacité des dernières interventions phytosanitaires est rapportée comme très bonne, malgré le temps chaud et localement pluvieux, si le bon produit a été utilisé au bon moment et de la bonne manière. Aucune activité d’adultes estivaux n’a encore été mentionnée dans des parcelles du sud de la province.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a généralement moins évolué que celle du doryphore, selon les collaborateurs. Elle demeure encore faible à légère, mais modérée localement (ex. : Montérégie). Pour la période qui se termine, des captures sur piège jaune englué indiquaient surtout des décomptes sous les 10 adultes/piège/semaine et même beaucoup moins pour des secteurs plus à l’est et au nord. Cependant, des valeurs localement plus élevées (ex. : Capitale-Nationale, Montérégie) ont été comptabilisées (un peu plus de 25 adultes/piège/semaine), avec la présence de nymphes sous du feuillage et un début de symptômes foliaires (voir photo), et ce pour des parcelles sous régie biologique ou sans insecticide utilisé au semis. En théorie, si l’efficacité d’un traitement appliqué au semis a perdu de l’efficacité contre le doryphore, il en a aussi perdu une bonne partie pour les insectes dits secondaires (ex. : CPT, pucerons). Cette situation demande donc un suivi plus serré des parcelles. Il est bon de rappeler que les pièges doivent être changés au besoin si trop d’insectes ou de débris/saletés y sont collés et de les ajuster à la hauteur de la canopée pour être visible à une certaine distance.
Parmi les autres ravageurs suivis par le RAP Pomme de terre, voici quelques observations rapportées en cours de période par des collaborateurs :
- Punaise terne : moins d’activité que la semaine précédente (adultes, dommages), sauf localement (ex. : Gaspésie).
- Altise à tête rouge : pas ou peu de hausse d’activité et de dommages mais à suivre dans les parcelles historiquement plus à risque, avec des infestations débutant principalement en bordures de parcelles.
- Pucerons : interventions préventives en zones semencières se poursuivent ou débutent selon le cas, avec des populations variables (une moyenne rapportée de 25 individus/piège bol/semaine par endroits). Il y a encore une faible présence en parcelles commerciales, sans colonies notables, pour des champs sans insecticide au semis.
- Pyrale du maïs : pression plus élevée (Saguenay–Lac-Saint-Jean), avec un début d’introduction des larves dans des tiges. Un contrôle est envisagé en visant aussi celui du doryphore.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture n’a eu lieu dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
- Autres bioagresseurs : quelques foyers de méloés cendrés sont rapportés par endroits (ex. : Saguenay–Lac-Saint-Jean), sans contrôle direct nécessaire.
GESTION DES MALADIES
Mildiou
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé ou rapporté au Québec depuis le début de la saison, tomate incluse. Les conditions météo plutôt variables au cours de la période font que les risques de développement de la maladie ont varié selon la région. On rappelle que même si les précipitations ont été ou seront moins importantes par endroits, des conditions d’hygrométrie élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, humidité de l’air supérieure à 89 % la nuit sur une certaine période) favorisent le développement du champignon. Le choix du produit de contrôle doit se faire minutieusement pour assurer une protection complète du feuillage de la culture (dont les jeunes pousses en croissance) en lien avec la météo, entre autres. Le dépistage au champ doit se poursuivre partout par des visites régulières pour y détecter toutes traces de la maladie. Également, la gestion des volontaires, qui sont plus présents et maintenant plus développés par endroits (si pas défoliés par les doryphores), doit se poursuivre (voir photo).
L'Ontario rapporte un premier cas de mildiou dans la pomme de terre, dans le comté de Dufferin (près de Toronto), en date du 17 juillet. Le génotype présent est en cours d'identification. Concernant le suivi par capteurs de spores mentionné dans les derniers avertissements (pour des secteurs hors Québec), de nouvelles captures de spores ont eu lieu par endroits, sans autre cas que celui en Ontario. Pour le Québec, le site Airspore peut être consulté au besoin. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord en cours de période.
Une liste des produits homologués pour le contrôle du mildiou est disponible sur le site Web de SAgE pesticides et/ou celui du Profil ontarien pour la protection des cultures.
Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller ou le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, au besoin, afin de bien identifier la présence du mildiou, car d’autres symptômes peuvent y ressembler.
Brûlure hâtive
Des collaborateurs rapportent une progression ou un début de symptômes de la tache alternarienne (brûlure hâtive) dans des secteurs du sud et du centre, mais aussi plus à l’est de la province. Localement, elle atteint parfois l’étage médian de plants. Il est à noter aussi que la maladie est absente dans plusieurs parcelles. Ce sont des cultivars reconnus comme plus sensibles qui sont affectés (ex. : 'Envol'), et généralement à un stade plus avancé de leur développement ou en situation de stress. Une intervention avec un produit considéré comme plus spécifique contre cette maladie (et souvent qui n'a pas d'efficacité contre le mildiou) est le plus souvent justifiée si de tous premiers signes de la maladie sont remarqués dans l’étage médian des plants ou juste avant la fermeture des entre-rangs, selon la sensibilité du cultivar et la pression de la maladie sur la ferme.Voici quelques observations d'intérêt rapportées dans la dernière semaine par les collaborateurs :
- Jambe noire : présence de nouveaux cas, avec intensité variable et parfois élevée, à la suite de conditions environnementales très favorables (ex. : Capitale-Nationale). Plusieurs cultivars sont affectés, mais à différents niveaux, surtout 'Colomba'.
- Dartrose : début de symptômes rapportés en Montérégie et dans le centre de la province, avec des conditions favorables au champignon par endroits.
- Plants virosés : peu de nouveaux cas rapportés, avec le PVY et/ou le PVX identifiés, mais avec une incidence parfois élevée dans des parcelles de certains cultivars (comme 'Caribou', 'Goldrush' et 'Reveille').
- Gale commune : peu de cas rapportés pour le moment.
- Flétrissure verticillienne : également peu de cas rapportés ou identifiés.
- Moisissure blanche : début d’activité localement dans Lanaudière.
- Moisissure grise : peu de hausse d’activité ou de nouveaux cas rapportés sauf dans des secteurs du centre de la province. Pour les deux types de moisissure (blanche et grise), une forte biomasse foliaire contribue à leur développement en créant un microclimat très humide. Des symptômes peuvent donc être observés sur des feuilles en contact avec le sol ou sur du feuillage lors d’une chute de fleurs causant une pourriture en se décomposant. Un contrôle peut être nécessaire dans des situations particulières.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.