
Météo : températures généralement de saison avec peu de précipitations, sauf localement plus en fin de période. Développement de la culture : poursuite d’une bonne croissance en général, récoltes de primeurs qui débutent ou vont débuter sous peu selon le secteur et le marché. Insectes : doryphore moins actif mais à surveiller; pression généralement faible de la cicadelle de la pomme de terre, avec des exceptions; altises en hausse par endroits; autres ravageurs peu problématiques pour l’instant mais en suivi. Maladies : aucun cas de mildiou au Québec, conditions moins favorables au champignon; progression graduelle et prévisible de la brûlure hâtive, variable selon la parcelle et la santé des plants; évolution d’autres maladies dont la flétrissure verticillienne et la gale commune.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 18 au 24 juillet 2025, il y a eu un retour à des températures plus de saison partout en province et les nuits ont été plus fraîches que la moyenne par moments, en particulier du 21 au 23 juillet. Le fond de l’air a également été plus sec que la période précédente (consulter le sommaire agrométéorologique). Peu de précipitations ont été cumulées en cours de période, soit un autre contraste sur la semaine dernière. Quelques averses ont été observées localement les 20 ou 21 juillet, mais plus par endroits le 24 juillet à la suite du passage d’un front atmosphérique déversant des quantités de pluie parfois significatives par endroits (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 25 au 31 juillet), Environnement Canada prévoit une hausse des températures au début (avec du 30-32 °C sur quelques jours dans les secteurs sud et centre) avec une baisse à la toute fin. Des précipitations sont annoncées pour vendredi et lundi surtout, avec des quantités à priori légères.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La croissance végétative des plants continue à être généralement bonne avec une bonne progression en province. Malgré le manque de précipitations, la présence de plusieurs heures d’ensoleillement et des nuits plus fraiches ont été favorables. Des entre-rangs ferment de plus en plus dans plusieurs parcelles. Le remplissage des tubercules se fait graduellement. Cependant, diverses irrégularités sont rapportées dont un durcissement du sol dans des secteurs où de plus fortes précipitations ont eu lieu depuis le début de la saison (ex. : région de Québec), des cas de crevasses de croissance sur tubercules (voir photo 1) parfois notables (centre de la province), un palissement ou une décoloration du feuillage et des pourritures dans des baisseurs saturés en eau trop longtemps. L’irrigation a repris en cours de période dans des secteurs du sud de la province et a débuté ou s’est poursuivie dans certains secteurs du centre et de l’est, afin de soutenir le développement de la culture. Des plants de parcelles de primeurs ont poursuivi ou amorcé leur sénescence dans les secteurs du sud et du centre. Il y a aussi de plus en plus de tassement des plants. Des récoltes se poursuivent ou ont débuté avec des rendements rapportés dans la moyenne, avec une qualité à la satisfaction des producteurs. Les chantiers de buttage sont terminés en général, mais ont parfois été réalisés avec des plants très avancés.
GESTION DES RAVAGEURS
Le retour de températures plus de saison a ralenti l’activité du doryphore de la pomme de terre mais ne l’a pas arrêté. Dans les régions du sud et aussi du centre, les adultes de la 2e génération font graduellement leur apparition par endroits, principalement dans les parcelles dont le contrôle de la 1re génération a pu être incomplet, mais aussi à la suite d’une migration possible à partir de champs voisins en rotation (volontaires). Un début de défoliation en bordures de quelques champs est observé, ce qui nécessite un suivi. Également, des éclosions débutent dans certaines parcelles des secteurs sud de la province. Plus au nord et à l’est, des larves de la 1re génération sont encore actives. Étant donné les populations qui varient passablement d’un champ à l’autre, un dépistage permet de déterminer si un contrôle est nécessaire ou non, selon la date du défanage prévu et/ou la quantité de biomasse foliaire en présence. Si une intervention s’avère nécessaire pour le contrôle de la 2e génération, un produit d’un groupe chimique différent de celui utilisé pour la 1re génération doit être choisi.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a généralement peu progressé en cours de période. Elle varie de faible à modérée localement. Les captures sur pièges collants jaunes demeurent plutôt comparables à celles de la semaine dernière (soit sous 10 adultes/piège/semaine, sauf à près de 30 par endroit dans le sud et le centre de la province). Ce sont à nouveau des parcelles sans insecticide appliqué au semis ou sous régie biologique qui sont les plus à risque présentement, avec des interventions nécessaires (régie conventionnelle), mais dans peu de champs. Quelques symptômes foliaires associés à leur activité (adultes, nymphes) sont rapportés en bordures de parcelles, mais sans impact sur la culture. Avec le temps plus chaud et ensoleillé à venir, le dépistage doit se poursuivre, principalement en présence de parcelles « de foin » à proximité et en processus de coupe (migration possible vers la pomme de terre). La pression de la CPT est nettement moindre que la saison dernière alors que des captures sur piège dépassant 100 individus/piège/semaine par endroits étaient comptabilisées à cette période-ci.
Voici des observations concernant d’autres ravageurs suivis par le RAP Pomme de terre, en cours de période :
- Punaise terne : présence d’adultes dans des champs de plusieurs régions, mais à un niveau faible, sans dommages rapportés.
- Altise à tête rouge : hausse d’activité dans des parcelles des secteurs sud et centre de la province, avec présence de dommages foliaires à la hausse (voir photo 2). Aucun seuil d'intervention spécifique n'a été établi pour ce bioagresseur dans la pomme de terre. En leur présence, selon l’intensité des dommages, un contrôle peut être initié en visant d’autres ravageurs avec un produit pouvant les contrôler. L’aide d’un conseiller en pomme de terre peut être utile ici.
- Pucerons : poursuite des interventions préventives en zones semencières, avec des populations généralement basses pour la période (une moyenne rapportée sous 15 individus/piège bol/semaine par endroits). En parcelles commerciales, une légère hausse de leur activité a été observée par endroits (principalement pour des champs sans insecticide utilisé au semis), mais le tout demeure encore largement sous le seuil d’intervention retenu. Les pucerons peuvent causer des dommages en production commerciale en prélevant la sève des plants, mais ils sont surtout nuisibles pour la production de semences (transmission de virus).
- Pyrale du maïs : présence parfois notable de larves dans des parcelles (Saguenay–Lac-Saint-Jean). Une tolérance par la présence d’une bonne biomasse foliaire et/ou un contrôle commun avec le doryphore est privilégié par des producteurs.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture n’a eu lieu dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
GESTION DES MALADIES
Mildiou
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé ou rapporté au Québec depuis le début de la saison, tomate incluse. Les conditions plus sèches et ensoleillées de la période, avec parfois peu de rosées le matin, ont été moins favorables au développement du champignon, mais ne les a pas nécessairement annulés par endroits. On rappelle que même si les précipitations ont été ou seront moins importantes par endroits, des conditions d’hygrométrie élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, humidité de l’air supérieure à 87 % la nuit sur une certaine période) favorisent le développement du champignon. La pratique de l’irrigation peut conduire également à une hausse des risques. Idéalement, les apports en eau devraient se faire le matin et non en soirée, afin d’avoir un feuillage le plus sec possible avant la nuit. Des collaborateurs rapportent un bon suivi et une bonne gestion du mildiou de la part de producteurs et ce depuis le début de la saison. Cette approche devrait se continuer par la poursuite du dépistage au champ ainsi que la protection du feuillage avec le bon produit phytosanitaire en lien avec les risques présents sur l’entreprise.
Au Canada, seulement un cas a été observé, soit le 17 juillet, en Ontario. La souche US-23 a été identifiée. Pour un suivi par capteurs de spores au Québec, le site Airspore peut être consulté au besoin. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, quelques nouveaux cas ont été rapportés, dont deux dans l’ouest de l’État de New York.
Une liste des produits homologués pour le contrôle du mildiou est disponible sur le site Web de SAgE pesticides et/ou celui du Profil ontarien pour la protection des cultures.
Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller ou le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, au besoin, afin de bien identifier la présence du mildiou, car d’autres symptômes peuvent y ressembler.
Brûlure hâtive
La progression de la brûlure hâtive varie selon le secteur et la parcelle, mais elle a évolué à peu près partout selon les collaborateurs. Elle est plus présente dans des champs de primeurs ou en sénescence du sud de la province, avec des observations de taches dans l’étage médian de plants par endroits. Ailleurs en province, la maladie est rapportée présentement sous contrôle (étage du bas des plants), avec même une absence dans plusieurs champs. D’autres taches foliaires, parfois d’origine abiotique, sont observées par des collaborateurs. Seule une analyse faite en Laboratoire permet de poser un diagnostic fiable et de valider un diagnostic visuel réalisé au champ. Une intervention avec un produit considéré comme plus spécifique contre cette maladie est le plus souvent justifiée si de tous premiers signes de la maladie sont remarqués et bien identifiés dans l’étage médian des plants ou juste avant la fermeture des entre-rangs, selon la sensibilité du cultivar et la pression de la maladie sur la ferme.
Voici des observations concernant d’autres maladies suivies par le RAP Pomme de terre, en cours de période :
- Jambe noire : un début ou une poursuite des symptômes de cette maladie bactérienne, selon la parcelle. Une activité plus importante est rapportée dans des parcelles ayant été affectées par le passage d’orages dernièrement. Il est mentionné les cultivars 'Colomba' et ‘Chieftain’ comme plus touchés cette semaine.
- Dartrose : une faible activité est rapportée localement en Montérégie et dans le centre de la province, mais aucune ailleurs pour l’instant.
- Plants virosés : stabilité relative dans l’évolution des symptômes, des parcelles porteuses et aussi des cultivars touchés (avec le PVY et/ou le PVX identifiés).
- Gale commune : plus de symptômes associés à la maladie sont rapportés, dans des secteurs du sud et du centre de la province, avec un niveau d’intensité qui reste à préciser.
- Flétrissure verticillienne : début ou hausse des symptômes associés à la présence du champignon responsable, dans des secteurs du centre de la province, pour des parcelles ayant un historique de présence et pour des cultivars plus sensibles.
- Moisissure blanche (pourriture sclérotique) : peu d’observation, le plus souvent sous la forme de mycélium sur du feuillage touchant au sol, dans des champs plus végétatifs (dans le sud de la province).
- Moisissure grise : également pas ou peu de hausse d’activité, sauf localement dans des parcelles dans Lanaudière, avec des symptômes se développant sur les feuilles du bas.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.