Laitue et chicorée, Avertissement No 12, 31 juillet 2025

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Laitue et chicoréeRecommandations pour la gestion des sols et des cultures par temps sec. Pression variable de pucerons. Altises à tête rouge et cicadelles présentes. Jaunisse de l'aster et mildiou en Montérégie. Pythium et moisissure grise stables, affaissement sclérotique en augmentation. Pourritures et désordres (chaleur) observés.


 
RÉSUMÉ CLIMATIQUE ET RISQUES ASSOCIÉS

 
Pour la période du 23 au 29 juillet, la majorité des régions ont connu des températures moyennes au-dessus des normales saisonnières. Les températures de jour ont été au-dessus des normales pour la période dans la majorité des régions visées par l’avertissement et plusieurs de ces régions ont connu des jours au-dessus du seuil des 30 °C. Seul le Saguenay–Lac-Saint-Jean a connu trois jours sous les normales. Les températures de nuit ont été plus modérées pour l’ensemble du Québec avec des températures près des normales. Les précipitations ont été rares de façon générale sauf sous les orages. Voir la carte des précipitations. Les orages du 24 et 25 juillet ont causé de l’érosion par endroits. Les systèmes d’irrigation sont déployés dans plusieurs régions ayant reçu peu d’eau et la situation risque de se maintenir au cours des prochains jours en raison du temps chaud et sec prévu. 


 
RECOMMANDATIONS POUR LA GESTION DES SOLS ET DES CULTURES PAR TEMPS SEC

 
Lorsque des conditions sèches et venteuses se présentent, davantage de précautions doivent être prises pour favoriser un bon établissement de la culture. Voici quelques recommandations visant à favoriser une meilleure levée des semis et une bonne reprise des transplants : 
 

  • Si le sol est très sec, irriguez le champ environ 2 jours avant la date de plantation de manière à bien rétablir sa réserve en eau. 
  • Ne préparez le terrain qu’à la dernière minute afin d’éviter qu’il s’assèche trop avant la plantation ou le semis. De cette manière, on prévient aussi les problèmes d’érosion éolienne. 
  • Assurez-vous de bien raffermir le sol avant de semer ou de planter. On doit réduire l’espace entre les particules de sol, de manière à ce que l’eau puisse remonter par capillarité. Autrement, la surface du sol s’assèche, et l’eau reste emprisonnée en profondeur. 
  • Évitez de travailler le sol trop en profondeur. Sur un sol en santé, bien drainé et non compacté, il est souvent inutile de travailler le sol trop profondément. Plus l’épaisseur de sol ameublie sera importante, plus l’eau du dessous atteindra difficilement la surface. Par contre, pour la carotte, on n’a pas le choix d’ameublir le sol en profondeur (un peu plus que la longueur prévue pour la variété) afin de d’assurer la production de racines bien droites. 
  • Endurcissez convenablement vos transplants. L’acclimatation à l’extérieur de la serre est particulièrement importante pour habituer les transplants aux mouvements d’air (vents). Une fois au champ, ces plants, qui ont appris à contrôler leur transpiration, seront en mesure de mieux conserver leur eau. 
  • Humectez convenablement les mottes avant la plantation. S’il n’y a pas d’irrigation, c’est la seule réserve d’eau dont bénéficieront les plants pour s’implanter au début. 
  • Lors de la plantation, ajoutez toujours un peu de sol sur le dessus de la motte, autour du collet du jeune plant. Cette opération a deux utilités : d’une part, elle évite que la motte ne s’assèche par le dessus en raison de l’évaporation et, d’autre part, la terre ajoutée offre un support supplémentaire à la jeune tige, ce qui lui permet de mieux résister aux grands vents (moins d’étranglement aux collets). 
  • Si les conditions favorisent une transpiration rapide (temps très chaud), irriguez le plus rapidement possible après la plantation. À court terme, cette irrigation a pour but d’augmenter l’humidité ambiante du champ, ce qui évite aux plants de faner. Elle permet aussi de raffermir le sol (meilleur mouvement de l’eau par capillarité) et, bien entendu, de rétablir la réserve en eau du sol. 
  • Lorsque les conditions sont vraiment mauvaises (temps très chaud et venteux), il est souvent préférable d’attendre au lendemain avant de planter. Le fort stress subi par les jeunes plants les retardera davantage que le retard de plantation. Dans ces conditions, l’irrigation est aussi un outil très imparfait, les vents empêchant d’obtenir une couverture d’eau uniforme.
  • Sur toutes les plantations récentes, vérifiez régulièrement le taux d’humidité au niveau des racines, et irriguez au besoin. Tant que les racines n’auront pas quitté la motte pour rejoindre la zone humide du dessous, les jeunes plants seront très sensibles au manque d’eau. 
  • Sur les champs semés, vérifiez le taux d’humidité à la profondeur du semis et, au besoin, irriguez ces champs. L’irrigation permettra d’obtenir une levée plus uniforme. Pour la carotte en terre minérale, il faut par contre faire attention à l’effet de battance. 
 

INSECTES

 
Pucerons

La pression du puceron de la laitue continue de diminuer en Montérégie-Ouest, mais des traitements sont encore nécessaires. Dans les autres régions, les pucerons sont peu présents, alors que les pucerons ailés sont en augmentation en Capitale-Nationale. Peu de traitements sont effectués. 

Veuillez consulter la fiche technique Pucerons pour plus d’information.

Punaises terne et brune

Le tableau suivant indique les seuils d’intervention recommandés pour les punaises.

Notez cependant qu’il peut être justifié d’intervenir plus rapidement si les punaises causent des nécroses et des déformations importantes sur les parties récoltables.

Tableau 1 : Seuils d'intervention (punaises terne et brune)
Laitue pommée Moins de 10 feuilles 7 individus pour 30 plants
Plus de 10 feuilles 5 individus pour 30 plants
Laitues romaine et en feuille Moins de 10 feuilles 5 individus pour 30 plants
Plus de 10 feuilles 3 individus pour 30 plants
Autres insectes
Des interventions ont été nécessaires en Montérégie-Ouest contre les altises à tête rouge afin de protéger de jeunes laitues romaines. En Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches, la pression augmente sans justifier d’intervention. 

Toujours en Montérégie-Ouest, la pression des cicadelles de l’aster est encore élevée dans quelques champs, et des interventions sont nécessaires afin de prévenir la jaunisse de l’aster, qui est en augmentation. Aucun cas de jaunisse n'est rapporté dans les autres régions, où la pression des cicadelles est faible. La stratégie d’intervention contre la cicadelle et la jaunisse de l’aster est présentée à la page 9 de l’avertissement N° 10 du 23 juillet 2004. 
 
Des interventions contre les vers gris ont aussi été nécessaires dans quelques champs en Montérégie-Ouest, dans de nouvelles plantations ainsi que dans des laitues pommées près de la récolte, où de petits vers gris ont été trouvés à l’intérieur de la pomme. 
 
Les autres chenilles, les thrips, les mouches des semis et les perce-oreilles causent peu ou pas de dégâts, sans intervention.

 

 
MALADIES FOLIAIRES

Le mildiou de la laitue (Bremia lactucae) n’est rapporté qu’en Montérégie-Ouest, où il augmente faiblement. Peu d’interventions ont été nécessaires. Voir la fiche technique Mildiou de la laitue pour plus d’information. 

La tache bactérienne (Xanthomonas campestris) reste stable ou augmente en Montérégie-Ouest, surtout dans les laitues feuilles. 

 
MALADIES DE SOL
 
L’incidence de l'affaissement pythien (Pythium sp.) et de la moisissure grise est stable tandis que l’affaissement sclérotique (Sclerotinia minor et S. sclerotiorum) augmente dans certains champs, sauf dans quelques sites en Montérégie où la pression est plus élevée. Outre les conditions climatiques, l’incidence de ces maladies est généralement plus élevée dans les champs ayant un historique de présence élevée de ces maladies et sans application préventive de fongicide.
 
On observe encore des cas de pourriture basale (Rhizoctonia solani), surtout près de la récolte, et des pertes sont rapportées en Montérégie-Ouest. La pourriture bactérienne demeure plus présente dans la laitue pommée près de la récolte. 

 
DÉSORDRES
 
Les cas de brûlure de la pointe (« tipburn ») et l’assèchement marginal sont encore observés en Montérégie-Ouest. L'avertissement N° 4 du 2 juin 2005 donne plus de détails sur les symptômes, les causes et la prévention de la brûlure de la pointe.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.
 
 
 
Cet avertissement a été rédigé par Carl Dion-Laplante, agronome (PRISME) et Eve Abel, agronome, avec la collaboration de Marie-Anne Lauzon-Miron, étudiante (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du sous-réseau Laitue et chicorée ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.