Solanacées, Avertissement No 11, 31 juillet 2025


Récoltes en cours dans toutes les cultures. Mauvaise qualité de l’air : quel effet sur les cultures? 1er cas de mildiou (Phytophthora infestans) confirmé au Québec. Ne pas confondre P. infestans avec d'autres maladies. Maladies bactériennes (tomate) et verticilliose (aubergine) en augmentation. 1er cas d’anthracnose dans le poivron. Chrysomèle trirayée et doryphore en diminution, pucerons en augmentation. Premières captures de pyrale du maïs dans le poivron.
 

 
MÉTÉO ET ÉTAT DES CULTURES 

Les récoltes se poursuivent dans la tomate sous abri et de primeurs, ainsi que dans les poivrons, le aubergines et les cerises de terre.  

Le temps chaud, sans être caniculaire, ainsi que la forte humidité, accompagné de longs épisodes de rosées, a favorisé l’augmentation des maladies. Les précipitations ont été relativement faibles dans la dernière semaine, mais des épisodes orageux ont quand même causé des accumulations d’eau dans certaines régions. Le total des précipitations depuis le début de la saison rappelle 2023, mais ce sont cette fois les régions de la Capitale-Nationale, du Centre-du-Québec et de Chaudière-Appalaches qui ont reçu le plus d'eau, alors que les autres régions demeurent plus sèches.   

Le sommaire agrométéorologique Solanacées vous informe des précipitations et du cumul des degrés-jours entre le 23 et le 29 juillet 2025, et depuis le 30 avril : 
 
  • Précipitations des sept derniers jours 
  • Sommaire des degrés-jours base 15 
 
 
PROBLÈMES ABIOTIQUES 

Comme la semaine dernière, la pourriture apicale et les coups de soleil affectent un faible pourcentage des fruits. La pourriture apicale est en légère augmentation en Montérégie mais très peu ailleurs.  

Plusieurs régions ont été affectées dans la dernière semaine par une mauvaise qualité de l’air, en raison des feux de forêt qui font rage dans les Prairies. Selon cet article de l’Université de Cornell, la fumée n’est pas dommageable pour les cultures maraîchères, bien qu’elle puisse limiter temporairement la photosynthèse. Une bonne irrigation aidera à maintenir les pores de la feuille propres et ouverts.  

 
MILDIOU (Phytophthora infestans)

Un 1er cas de mildiou (Phytophthora infestans) a été confirmé le 30 juillet par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) dans une serre de tomates du Centre-du-Québec. La souche US-23 a été identifiée dans l'échantillon. Les conditions chaudes et humides dans la serre ont été favorables au développement de la maladie, et l’infestation a été repérée dès les premiers symptômes. La vigilance est de mise et les traitements préventifs se poursuivent.  

Pour un rappel des symptômes et des stratégies de traitement, consulter la fiche technique Mildiou de la tomate en champ ainsi que cette présentation de Nadia Surdek, agronome (Groupe PleineTerre) ou la version PDF pour planifier la stratégie d’intervention contre le mildiou selon l'évolution des niveaux de risque en cours de saison.    

En Ontario, il n’y a pas eu de nouveaux cas depuis le cas rapporté le 17 juillet dernier (confirmé comme étant la souche US-23). Des cas dans la pomme de terre et la tomate ont également été rapportés par l’Université Cornell dans l’ouest de l’État de New York.  

Ne pas confondre P. infestans avec d'autres maladies 
Attention de ne pas confondre les symptômes foliaires du mildiou (P. infestans) avec l'alternariose ou la moisissure grise, et les symptômes sur les fruits avec ceux causés par Phytophthora capsici. Les taches de l’alternariose sont en forme de cible avec un halo jaune. Celles de la moisissure grise présentent aussi un halo jaune, et le mycélium est plus allongé et gris, pouvant être visible des deux côtés de la feuille. Sur les fruits, le mildiou ne produit pas de mycélium blanc, cela est plutôt caractéristique d'une infection par Phytophthora capsici. En cas de doute, envoyez des échantillons au LEDP.
 
Image Agri-Réseau

Tache sur une feuille de tomate avec motif en cercles concentriques caractéristiques de l'alternariose

Photo : Prisme Consortium

Image Agri-Réseau

Sporulation de la moissisure grise sur une feuille de tomate

Photo : Marie-Ève Lavoie (Services-conseils Profiteausol)

 
Image Agri-Réseau

Mycélium blanc caractéristique de P. capsici sur une tomate

Photo : Christine Villeneuve (MAPAQ)


 
Pour plus d'images de maladies et de problèmes abiotiques pouvant être confondus avec le mildiou, vous pouvez consulter les sites Web suivants : 
 
  • http://blogs.cornell.edu/livegpath/gallery/tomato/late-blight-imitators/
  • https://onvegetables.com/2010/07/13/late-blight-look-alikes/ 
 
 
AUTRES MALADIES 

Maladies bactériennes
La moucheture bactérienne et le chancre bactérien sont en progression rapide dans la tomate, principalement en Montérégie, alors que les symptômes évoluent plus lentement dans d'autres régions. En Montérégie, des symptômes sur fruits sont observés. Les parcelles qui ont été affectées par la grêle semblent plus sensibles au développement des maladies bactériennes.

Dans le poivron et le piment, la tache bactérienne est en augmentation sur certaines variétés sensibles.

Autres maladies de la tomate
La moisissure grise, la tache septorienne et la moisissure olive (en tunnel) progressent lentement ou restent stables, et varient selon les parcelles et les régies. 
 
Phytophtora capsici dans le poivron et la tomate 
Dans le poivron, il y a très peu de cas observés malgré les pluies abondantes et les zones d’eau stagnante dans certaines régions. Un cas est rapporté dans la tomate en Montérégie sur des fruits touchant au sol.

Maladies dans l’aubergine
Dans l’aubergine, la verticilliose progresse en Chaudière-Appalaches, en Estrie et en Montérégie, et de nouveaux cas font leur apparition dans la Capitale-Nationale et dans Lanaudière.

Maladies dans la cerise de terre
Il y a très peu de maladies dans la cerise de terre pour l’instant : le charbon a peu ou pas progressé, la tache cercosporéenne et la tache alternarienne restent stables. 
 
 
INSECTES ET ACARIENS 

La punaise terne et la punaise pentatomide sont moins présentes dans la tomate cette semaine, à la suite des traitements de la semaine dernière. Des nymphes et des dommages de la punaise brune et de la punaise terne sont signalés dans la tomate en Montérégie, dans la Capitale-Nationale, en Chaudière-Appalaches et dans Lanaudière. Dans le poivron, les populations sont en progression et le seuil de traitement est atteint dans certains cas.

Les pucerons sont en augmentation marquée dans la Capitale-Nationale et dans Chaudière-Appalaches dans le poivron, ainsi qu'en Montérégie et en Estrie dans l’aubergine; quelques colonies sont observées.

Les populations de doryphores dans l’aubergine sont stables ou en diminution.

La chrysomèle trirayée dans la cerise de terre est en diminution sur la plupart des sites.

Les tétranyques font leur apparition sur de nouvelles parcelles en Montérégie (tomate) et dans la Capitale-Nationale (cerise de terre), et ils augmentent sur certains sites qui connaissent des conditions chaudes et sèches qui leur sont favorables.

Pyrale du maïs 
Les captures sont en légère augmentation cette semaine, tant dans le réseau maïs sucré que le réseau poivron : dans le réseau poivron, il y a eu dans la dernière semaine 2 captures en Estrie et une dans la région Montréal-Laval-Lanaudière. Dans le poivron, aucun dommage de pyrale n’est signalé.

Dans le réseau maïs sucré, les captures se concentrent dans les régions de la Capitale Nationale, du Bas-St-Laurent et du Centre-du-Québec, mais ne dépasse pas 3 captures par piège.

Le seuil d’intervention est atteint lorsque la somme des captures des 2 pièges en bordure d'un champ est de 7 papillons, peu importe leur race, au cours des 7 derniers jours. Pour plus d’information, veuillez consulter la fiche technique Pyrale du maïs dans le poivron : stratégies d'intervention pour les champs à risque.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été rédigé par Alex-Antoine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.